Vanuatu : Le cyclone Harold s’invite en pleine crise du coronavirus

L’archipel du Vanuatu a été balayé par un cyclone de catégorie 5, lundi et mardi. De quoi ajouter de l’angoisse et de la confusion en ces temps de crise sanitaire.

Des vents avec des rafales à plus de 230 km/h, des images de bateaux de pêche échoués sur les plages et de la pluie, beaucoup de pluie. Cinq ans après le passage du cyclone Pam, qui avait fait onze victimes, c’est cette fois Harold qui s’est abattu sur le nord du Vanuatu avec une incroyable violence. À l’heure où nous imprimons ces pages, il est encore difficile de tirer un bilan de ce passage. Santo est coupée du reste du pays, tout comme de nombreuses autres îles septentrionales.

« Pour l’heure, nous n’avons reçu aucune information sur d’éventuels blessés, mais il y a énormément de dégâts », a déclaré à l’AFP Jacqueline de Gaillande, secrétaire générale de la Croix-Rouge dans l’archipel. Selon le Daily Post, les provinces de Torba (Torrès et Banks) et Sanma (Santo et Malo) ont connu, en plus du vent, de sérieuses inondations, qui ont forcé les autorités à procéder à des évacuations dans la zone. À Luganville, deuxième plus grande ville du pays, des bâtiments ont été endommagés, les communications et l’électricité coupées depuis lundi soir.

Plus au sud, et notamment à Port-Vila, en revanche, c’est le soulagement. « Le cyclone devait passer (mardi) matin, mais sa position est restée éloignée de la ville, explique Antoine Malsungai, un habitant de la capitale. Nous avons eu beaucoup de pluie et un vent soutenu, mais pas de rafales violentes comme dans le nord. »

La question humanitaire

Le passage d’Harold pose désormais la question de la gestion de la lutte contre la Covid-19, le Vanuatu étant, pour l’instant, l’un des seuls pays épargnés au monde. L’archipel a fermé ses frontières depuis plusieurs semaines, mais les mesures d’urgence prises, comme l’interdiction des rassemblements, ont dû être levées pour permettre aux habitants de se regrouper dans des centres d’évacuation.

« Le Vanuatu n’a aucun cas confirmé de Covid-19, mais une catastrophe naturelle de grande ampleur, à ce stade, pourrait constituer un défi logistique en termes d’aide médicale », a expliqué à l’AFP la directrice d’Oxfam dans l’archipel, Elizabeth Faerua. Dès lors dans ce contexte, difficile d’imaginer une solidarité aussi grande qu’en 2015, où la communauté internationale s’était largement mobilisée après le passage du cyclone Pam. Cependant, Wellington est déjà sur le pont. La Première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern, a annoncé que l’armée était prête à porter assistance au Vanuatu, et ce, malgré le confinement en Nouvelle-Zélande contre le coronavirus.

À Port-Vila, l’ambiance a radicalement changé depuis le début de la crise sanitaire. « Les gens font très attention, raconte Antoine Malsungai. On le voit le soir, les rues sont désertes. » Un couvre-feu a été instauré et les commerces ont aussi dû modifier leurs horaires d’ouverture. « Il est également conseillé aux habitants de prendre leur kava à emporter et de ne pas rester dans les nakamals. »

La menace est d’autant plus grande dans le pays que l’équipement médical serait vraiment insuffisant en cas d’épidémie. Selon The Guardian, l’hôpital de Port-Vila n’a que deux respirateurs. Mais la Chine vient porter assistance au pays, avec l’envoi de respirateurs et de tests.

Mobilisation en Nouvelle-Calédonie

Le maire du Mont-Dore, Eddie Lecourieux, a tenu à exprimer sa solidarité avec le Vanuatu et plus particulièrement avec Luganville, sa ville jumelle, après le passage du cyclone Harold dans le nord de l’archipel. « Dès que la situation le permettra et en fonction des besoins matériel et humain, la ville du Mont-Dore apportera une aide exceptionnelle à Luganville », a-t-il annoncé dans un communiqué. De leur côté, les forces armées de Nouvelle-Calédonie participent à une mission de reconnaissance sur place. Mission à la demande du Vanuatu et dans le cadre d’un accord de coopération entre la France, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.


Au moins 27 disparus aux Salomon

Le week-end a été dramatique aux îles Salomon où au moins 27 passagers d’un ferry sont passés par dessus bord et ont été emportés dans une mer démontée. Alors qu’Harold n’était pas encore annoncé en tant que cyclone tropical, le navire avait quitté la capitale, Honiara, en direction de l’île de Malaita, à 120 km. Il s’agissait d’un bateau affrété dans le cadre d’un programme d’évacuation, lié à la crise du coronavirus. Le pays n’a, pour le moment, recensé aucun cas positif, mais l’état d’urgence a d’ores et déjà été décrété. Et si confinement ou couvre-feu ne sont pas en vigueur, les vols internationaux ont été suspendus. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, pays voisin, un deuxième cas de Covid-19 a été déclaré, cette semaine, dans la province de Nouvelle- Bretagne (à l’est du pays). Le confinement y a été décrété immédiatement.


Fidji également touché

Après son passage sur le Vanuatu, le cyclone Harold a continué sa route vers Fidji. L’archipel a connu également de forts vents et des inondations, mais le phénomène est resté à distance, en mer. Encore plus que le Vanuatu, Fidji est préoccupé par la crise du Covid-19. Pour le moment, 15 cas sont déclarés, des personnes qui n’avaient pas respecté l’auto-confinement pour la plupart, selon le Fiji Times. Sur place, l’armée a été mobilisée pour maintenir le confinement et le couvre-feu.

A.B. avec l’AFP

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