Base chinoise au Vanuatu : Les deux pays démentent

Un article du Sydney Morning Herald, signé David Wroe (Fairfax Media) et publié lundi, a fait beaucoup de bruit dans les sphères politiques et pour cause : il rapporte en « exclusivité » que Pékin aurait eu des « discussions préliminaires » avec le Vanuatu au sujet de l’établissement d’une base militaire sur l’île nation.

Si aucune proposition formelle n’a été effectuée, selon les informations du journaliste, le plan de la Chine concernerait une base entière. Il s’agirait de commencer par un accord d’accès qui permettrait aux navires chinois d’accoster et de bénéficier de différents services (restockage, etc.). Puis l’arrangement pourrait ensuite monter en puissance, une méthode déjà utilisée dans l’océan Indien et à Djibouti en Afrique de l’Est où la Chine a installé sa première base militaire composée désormais d’un port, d’une base d’hélicoptères, de hangars et de bâtiments pour 10 000 soldats.

De quoi faire bondir l’Australie, la Nouvelle-Zélande (et la Nouvelle- Calédonie) qui se trouvent à côté et entretiennent d’importantes relations avec l’archipel. C’est également une question de leadership dans la zone et des ambitions chinoises dans le Pacifique Sud qui inquiéteraient jusqu’à Washington.

Reste que les représentants aux Affaires étrangères chinois et vanuatais ont démenti l’information. Le ministre, Ralph Regenvanu, a dit, pour sa part à ABC, que le Vanuatu n’était tout simplement pas intéressé par une militarisation. David Wroe, souligne que Tonga a également été mentionné dans les cercles gouvernementaux comme une possible base chinoise. Elle considérerait, dans d’autres régions des installations au Pakistan et au Sri Lanka.

Selon le Lowy Institute, la Chine a apporté une aide de 1,78 milliard de dollars notamment par des prêts aux nations du Pacifique, entre 2006 et 2016. Le Vanuatu a été particulièrement « arrosé ». Récemment encore, la Chine s’est engagée à reconstruire une résidence pour le Premier ministre, Charlot Salwai, d’autres bâtiments gouvernementaux, des écoles, un stade, etc.

Mais le plus « grand » projet chinois au Vanuatu, et la plus grande source d’inquiétude dans les hautes sphères, rappelle David Wroe, reste le nouveau warf d’Espirito Santo. Destiné à recevoir des navires de croisière, il a aussi la capacité à recevoir de navires de guerre. Il se situe près de l’aéroport international que la Chine aide à rénover.

Pour le journaliste, les pays comme le Vanuatu sont de plus en plus dépendants de la Chine et, de fait, « à leur botte ». Pour illustrer son propos, il évoque certains « signes » comme la fermeture de bureaux commerciaux taïwanais dans la région par les gouvernements locaux sous la pression chinoise, qui juge que Taïwan fait partie de la Chine.

Pour finir, plus globalement, les experts australiens interrogés estiment que l’avancée de la Chine dans la région est effectivement une question de pouvoir, mais également d’accès à la ressource halieutique pour nourrir ce pays le plus peuplé du monde.

C.M. ©archives (Xinhua/Xie Huanchi)