La Fête du bœuf en otage

En 23 ans, Harold Martin, le maire de Païta, n’a annulé qu’une seule édition de la Fête du bœuf : le champ de foire était totalement détrempé après des pluies diluviennes. Alors, le désormais plus membre du gouvernement en charge du budget, Thierry Cornaille, aura-t-il eu raison de l’édition 2016 de cette fête de la brousse aux portes de la ville. Une fête qui attire quelque 20 000 personnes en une journée, c’est vrai, dans le fief d’Harold Martin. À l’heure actuelle, oui, c’est plus que probable !

Chaque édition de la Fête du bœuf coûte au total quelque 20 MF pour 20 000 visiteurs. Pour boucler le budget, la Nouvelle-Calédonie verse d’ordinaire une subvention de 5,5 MF au Comité des fêtes de Païta, organisateur de la manifestation. Après passage de « Monsieur y’a pas » au gouvernement, celle-ci à été ramenée à 2 MF. Un rabotage qu’ont subi d’autres associations politiquement étiquetées dans l’opposition, alors que d’autres comme EPLP, neutre bien évidemment comme le rappelle toujours Martine Cornaille, ont bénéficié des largesses multipliées de « Monsieur y’a pas, sauf pour… ».

C’est pourquoi, lors de la dernière réunion du Comité des fêtes de Païta, le Premier adjoint, Willy Gatuhau, en charge du budget de la commune a prévenu : « La question de l’édition 2016 de la Fête du bœuf est posée ». Traduction : en l’état, il faut annuler l’édition 2016, les finances de la commune ne pouvant suppléer l’aide de la Calédonie. D’autant, que le financement public s’est tari pour à peu près tous les programmes de la ville d’Harold Martin : création d’un boulevard du Sud pour structurer le centre-ville ; aides à l’arène du Sud qui accueille les scolaires plus que les concerts… Aussi, et faisant référence aux quarantaines animalière et végétale installées depuis peu à Païta, Willy Gatuhau a-t-il conclu son intervention devant le Comité des fêtes par un : « C’est la commune entière qui est mise en quarantaine ! »

Sur le papier, des solutions existent bien sûr, comme celle de rendre l’accès à la Fête du bœuf payant. Mais ce serait un non-sens en regard de ce que le maire de Païta a fait de ce rendez-vous, annuel et gratuit, de la brousse aux portes de la ville. Sur le terrain, ce serait en outre ingérable car le champ de foire est ouvert : en filtrer l’entrée relève de l’impossible ou occasionnerait d’inacceptables bouchons à l’entrée.

Les argentiers de Calédonie ensemble réussiront-ils à effacer le succès de la Fête du bœuf dans la commune d’Harold Martin ? Certains doivent en rêver en cette veille d’année électorale et législative…

M.Sp-La Tribune