Willy Gatuhau : Les travaux seront engagés à Katiramona

Près de six mois après l’éboulement qui bloque la RT1 au niveau de Katiramona, une solution semble émerger. Willy Gatuhau, le maire de Païta, a annoncé hier soir aux habitants des quartiers Fougères, Pétroglyphes et Ramona que des travaux allaient être entrepris afin de dégager la route. Une annonce qui coïncide avec celle de l’annulation de la Fête du bœuf cette année, faute de crédits suffisants. 

DNC : Vous avez tenu une réunion d’information à l’école Paul-Duboisé à Katiramona hier soir afin de faire le point sur le dossier de l’éboulement qui s’est produit en février. Pourquoi ?

Willy Gatuhau : Déjà, je voulais remercier les habitants pour leur patience et il fallait que je donne des informations sur l’évolution de la situation. Une partie de la population, cela concerne plus de 200 familles, est privée de services communaux comme la collecte des déchets verts et des poubelles. Des enfants, qui mettaient avant cinq minutes pour aller à l’école, en mettent plus de 45 minutes depuis l’éboulement, car ils sont contraints de faire un détour. Cela fait cinq mois et c’est une situation qui ne peut plus durer.

Des travaux vont être entrepris ?

Cette réunion m’a permis d’annoncer le dénouement de cette histoire. Le gouvernement va lancer des appels d’offres et des consultations pour engager les travaux. Cela devrait se faire dans trois à quatre mois. Ensuite, il faut compter entre deux et trois mois de travaux. Le gouvernement a lancé une étude.

Comment expliquez-vous qu’il ait fallu si longtemps pour trouver une issue ?

Je dresse un seul constat. J’ai eu l’impression que les collectivités concernées, la RT1 est de compétence territoriale, étaient impénétrables. J’ai bien conscience du contexte politique qui a prévalu pendant qu’il y avait le 16e gouvernement, mais je n’ai jamais réussi à faire entendre les voix des familles.

Quelle était la difficulté ?

A l’époque, le gouvernement m’avait fait parvenir une note juridique indiquant qu’au vu de l’imminence du péril causé par l’éboulement, il s’agissait finalement d’une compétence du maire parce que cela représentait un danger pour la population. Je l’ai contestée. De plus, le gouvernement avait estimé les travaux à 954 millions de francs alors qu’il n’avait procédé à aucune étude géotechnique, ce qui permet pourtant de comprendre le problème et de déterminer ce qu’il convient de faire.

Pourquoi ne pas avoir vous-même lancé une étude ?

Parce que ce n’était pas de ma compétence. Je ne pouvais pas à la fois tenir ce discours et lancer une étude. Et puis, le gouvernement demandait à la commune de participer à hauteur de 200 millions de francs. Je ne pouvais pas y répondre favorablement et en même temps dire que je n’ai pas les moyens d’intervenir sur les routes communales.

Comment et pourquoi s’est résolu le dossier ?

L’État, d’abord, est intervenu pour débloquer la situation et a indiqué qu’il était prêt à participer. Sachant que j’ai été clair, la commune ne mettra pas un franc dans ce chantier. Et puis, il a fallu attendre un gouvernement indépendantiste, même si cela ne va jamais faire de moi un indépendantiste. Louis Mapou est le seul président que j’ai eu au téléphone. Il faut dire aussi que c’est élu du conseil municipal de Païta.

Vous avez décidé d’annuler la Fête du bœuf, événement phare de Païta qui aurait dû fêter ses 27 ans cette année. Pour quelles raisons ?

D’abord, je rappelle le contexte budgétaire très contraint de la Nouvelle-Calédonie auquel les communes n’échappent pas. Et puis, la ville a connu une période d’intempéries particulièrement difficile qui a débuté avec la dépression Lucas, causant un certain nombre de dégâts et accentuant des problèmes comme celui des routes. Il s’est dont posé la question des festivités de fin d’année et de la Fête du bœuf.

Le site a subi beaucoup de dégâts au niveau des installations, des canalisations et de l’assainissement. Sa réhabilitation a été estimée à un montant entre 35 et 40 millions de francs. Sachant que l’événement en lui-même revient environ à un investissement de 20 millions de francs. Une enveloppe de quasiment 60 millions de francs aurait été nécessaire pour l’organiser cette année. C’était trop. Sans compter la réparation de certains bâtiments publics. Tout cela m’a, malheureusement, amené à faire des choix. Et celui que j’ai fait est de prioriser les routes. Mais la Fête du bœuf 2022 sera encore plus belle.

Propos recueillis par A.C.P.

©ville de Païta