Visite présidentielle sur un petit nuage

Le président François Hollande qui avait fait la promesse de visiter l’ensemble des territoires d’Outre-Mer français avant la fin de son mandat, aura tenu parole. Il s’est notamment rendu à Wallis et à Futuna, le lundi 22 février, où il a annoncé toute une série de mesures. Il a poursuivi son périple en Polynésie française où il a fait d’autres annonces, notamment sur la question du nucléaire.

François Hollande aura été le premier président français à se rendre sur les îles de Wallis-et-Futuna depuis 37 ans et la visite de son prédécesseur Valéry Giscard d’Estaing. Le chef de l’État français a été reçu de manière relativement sobre afin d’éviter de se retrouver une nouvelle fois la cible des moqueries. Lors d’une visite au Kazakhstan, il avait été photographié en chapka et manteau de fourrure ce qui n’avait pas manqué d’amuser les réseaux sociaux. Pas d’orgie de colliers de fleurs ou de manous, François Hollande s’est contenté du strict minimum.

Mais le président n’était pas seulement là pour boire un shell de kava ou déguster le fameux cochon wallisien-et-futunien. Si le locataire de l’Élysée s’est rendu dans l’archipel, c’est bel et bien pour finir de soigner une partie de son électorat à la veille du lancement de la campagne présidentielle. Aux dernières élections, François Hollande avait réalisé un excellent score dans l’archipel avec près de 56 % des voix. Le président ne pouvait arriver les mains vides.

Remise à plat du système de santé

Les habitants de Wallis-et-Futuna n’ont pas été déçus puisque le chef de l’État a repris les grandes problématiques des îles pour y apporter des solutions. Sur l’électricité tout d’abord, une des plus chères au monde, le président a annoncé une baisse progressive qui débutera le 1er juillet 2016. Les tarifs seront divisés par cinq sur la première tranche de 50 kW, soit le prix de la Métropole. Une baisse qui sera reconduite chaque année jusqu’en 2020 où le prix de l’électricité devrait avoir atteint le niveau de la Métropole.

Autre annonce, un appel d’offres à l’international va être lancé pour opérer des vols sur l’aéroport d’Hihifo. Fidji serait particulièrement intéressé par cette destination qui se trouve à seulement une heure de Wallis. La ministre George-Pau Langevin avait déjà évoqué la possibilité d’ouvrir l’appel d’offfres aux compagnies aériennes océaniennes en 2015, mais celui-ci ne devait intervenir qu’en 2018. Le président avancera probablement cette date.

Mais c’est bien le secteur de la santé qui bénéficiera le plus cette visite présidentielle. Pour éviter de se retrouver une nouvelle fois endetté auprès de la Calédonie, le budget de l’Agence de santé sera augmenté pour passer à 3,6 milliards de francs. Les deux hôpitaux seront rénovés, un scanner installé et un centre de dialyse sera créé. Sans compter l’alignement des bas salaires de la fonction publique d’État sur ceux de la Métropole, l’ouverture d’une caserne à Futuna et le détachement d’un officier supérieur pour conseiller le préfet, et la possibilité de transmettre le pouvoir exécutif du préfet au président de l’Assemblée territoriale.

Tourner la page du nucléaire ?

Après Wallis puis Futuna, François Hollande a poursuivi sa tournée d’annonces à Papeete le jour même. Il s’est principalement exprimé sur les essais nucléaires et leurs conséquences sur l’environnement et, surtout, la population. Avec 181 essais nucléaires réalisés entre 1966 et 1996, la Polynésie française a été lourdement touchée sur tous les plans par le nucléaire. Si la loi Morin adoptée en 2010 a permis de faire bouger les choses, il reste toujours des centaines de dossier en souffrance de malades du cancer alors que seulement une vingtaine a pu être traitée. Le président a ainsi annoncé l’accompagnement par l’État du service oncologie du centre hospitalier de Tahiti. Dans la même logique, le président a annoncé que la « dette nucléaire », ou « milliard Chirac », qui était censée compenser la perte d’activité économique liée à la fin des essais, sera rétablie à hauteur de 90 millions de d’euros et sanctuarisée. L’atoll de Hao devrait également être dépollué et ceux de Fangataufa et Mururoa seront étroitement surveillés. Pour les responsables de l’association 193 qui défend les victimes des essais, il s’agit d’un pas important mais les déclarations du président restent trop vagues. Ils estiment qu’avant de « tourner la page », comme le souhaite François Hollande, il faudra que les dossiers soient traités et que le système des indemnisations soit clairement expliqué.

Par ailleurs, il n’y a pas eu le pardon attendu par une partie de la population, mais simplement une reconnaissance, par le chef de l’état, des effets des essais nucléaires sur l’environnement, la santé et le bouleversement de la société.

C. S. / AFP