Tous les partenaires se sont assis autour de la même table mercredi pour débuter les négociations sur l’avenir institutionnel du territoire. La méthode Valls fonctionne pour le moment.
Debout sur les marches du Congrès, à la nuit tombée lundi, Manuel Valls a d’emblée insisté sur un mot, répété deux fois. Le ministre des Outre-mer s’est réjoui « que l’ensemble des formations politiques représentées au Congrès de la Nouvelle-Calédonie aient accepté de travailler ensemble ». Pour la première phase, celle du démarrage des discussions trilatérales sur l’avenir institutionnel du territoire, la méthode Valls a fonctionné.
Après 50 heures de rencontres bilatérales à Paris en début de mois, puis une séance plénière de méthode avec toutes les formations politiques lundi, une séquence de négociations s’est ouverte ce mercredi, et doit se poursuivre le lendemain, selon les informations récoltées à l’heure du bouclage de ce numéro de DNC. Un signe encourageant avait été perçu : le ministre avait décidé en ce milieu de semaine de repousser son départ de Nouvelle-Calédonie d’une journée, de vendredi à samedi soir. Preuve qu’il y a nécessité de rester sur le Caillou pour discuter. Illustration que les élus et la matière sont bien là.
Le moment est historique, puisque ces retrouvailles au complet entre partenaires, les non-indépendantistes, les indépendantistes et l’État, autour de la même table, ne s’étaient pas vues depuis 2019.
« JUSQUE-LÀ TOUT VA BIEN »
Manuel Valls indique s’inscrire dans les pas de Michel Rocard et Lionel Jospin, et sur le chemin tracé par les accords de Matignon-Oudinot et de Nouméa. Respect et dialogue. Indéniablement, le procédé paraît bien opposé à celui déployé par son prédécesseur Gérald Darmanin. « Personne n’a claqué la porte » et « jusque-là tout va bien » ont respectivement mentionné Nicolas Metzdorf et Sonia Backès, mercredi soir.
Il y avait pourtant des risques. Les Loyalistes se sont pris le bec d’entrée avec le visiteur samedi à Plum, après une mobilisation enflammée à son encontre deux jours plus tôt à l’Anse Vata. Le sujet : « les ambiguïtés » dénoncées dans le discours de Manuel Valls, « l’expression “peuple premier” »…
De son côté, le FLNKS dont le moteur est désormais l’Union calédonienne réclame lui une date pour l’accession de l’archipel à la pleine souveraineté. La coalition indépendantiste « a réaffirmé par courrier au ministre que des points restent à éclaircir notamment la situation des prisonniers politiques, la supervision de l’ONU et les discriminations récurrentes vis-à-vis de nos populations ».
Manuel Valls a détaillé les points de sa méthode. Trois thèmes seront explorés : le lien avec la France, chapitre intégrant les sujets de l’autodétermination, la décolonisation, la citoyenneté et le corps électoral ; ensuite la gouvernance, c’est-à-dire la question des compétences ou encore des provinces ; et enfin le nouveau contrat social avec un accent particulier sur la jeunesse. Le ministre a posé des principes, tels que la souveraineté avec la France mais aussi la Nouvelle-Calédonie unie et indivisible.
Le plus dur commence.
Yann Mainguet