« L’État est là pour la Nouvelle-Calédonie » a indiqué le ministre Manuel Valls au monde économique qui n’a pas été surpris par la teneur des annonces.
- LES CONVICTIONS
Au Forum économique à Paris le samedi 8 février, et ces jours-ci à Boulouparis près de la plus grande centrale solaire avec stockage de Nouvelle-Calédonie ou encore à deux pas des enseignes incendiées de Kenu-In à Dumbéa, Manuel Valls l’a répété : « Il ne peut y avoir de relèvement économique sans accord politique, mais il ne peut y avoir d’accord politique durable sans relèvement de l’économie ».
Dans ce cadre, et les mots étaient attendus par les chefs d’entreprise, « l’État doit résolument poursuivre son soutien à la Nouvelle-Calédonie pour surmonter cette crise », a appuyé le ministre des Outre- mer devant le monde économique lundi soir au haut-commissariat. D’ailleurs, la Calédonie « a un potentiel incroyable, et elle a les moyens, avec l’État, de renouveler son modèle économique pour renouer avec une croissance durable ». - LES CONFIRMATIONS
Manuel Valls a certifié la prolongation du chômage partiel jusqu’au 30 juin. Ce délai doit permettre aux partenaires sociaux et au gouvernement de finaliser la réforme du régime de chômage de droit commun. Toutefois, la prise en charge du chômage partiel, soutenue par une enveloppe du prêt garanti par l’État de 120 milliards de francs, « connaîtra une nouvelle étape de dégressivité, pour la période du 31 mars au 30 juin, afin de réaliser une transition ordonnée avec le nouveau système ».
En outre, le ministre veut lancer immédiatement la reconstruction des bâtiments publics. Un budget de 24 milliards de francs y est attribué. L’État, comme annoncé, prendra en charge, après intervention des assurances, les travaux sur les structures scolaires à 100 % et sur les autres édifices publics à 80 % ‒ il avait été évoqué un temps 70 %. D’après le visiteur, 56 bâtiments sont listés, dont 16 écoles. - LE COMBAT
Les chefs d’entreprise, dont l’enseigne a été endommagée, brûlée ou détruite, s’en plaignent tous les jours. Seuls un peu plus de 25 % du montant global de l’indemnisation des assurances, après les 944 millions d’euros de dégâts, soit 113 milliards de francs, ont été à ce jour octroyés. Et les procédures sont très longues, ce qui placent les dirigeants de société dans des situations financières intenables.
Manuel Valls a entendu ces difficultés. « J’attends des assureurs qu’ils soient à la hauteur de leurs responsabilités », a lancé le ministre qui a annoncé la mise en place d’une médiation. Pour le locataire de la rue Oudinot, un travail a été lancé par le ministre des Finances avec les assureurs pour aboutir à l’instauration d’un mécanisme public de réassurance du risque émeutes, au niveau national, avec l’objectif d’y parvenir d’ici la loi de finances 2026. - LA SATISFACTION
Une enveloppe supplémentaire de 15 millions d’euros, soit 1,8 milliard de francs, sera mobilisée pour l’aide aux entreprises au cas par cas. De nombreux dossiers sont encore en attente. La commission doit se réunir « sans délai » pour les instruire, alors que le guichet fermera le 28 février.
Autre point attendu, la première tranche de 500 millions d’euros, liée au prêt de 1 milliard d’euros (120 milliards de francs) garanti par l’État, devrait être approuvée par le conseil d’administration de l’AFD le 20 mars, et un premier décaissement interviendra avant la fin du même mois. « Pour rembourser les avances et couvrir les besoins de trésorerie les plus urgents » a signalé Manuel Valls. La deuxième tranche du prêt, dans le courant de l’année, « devra être accompagnée de réformes », a insisté le ministre qui a énuméré « plusieurs priorités » : la réforme de la protection sociale, de la fiscalité, de l’économie et la baisse des dépenses publiques. - LE RESSENTI
Face au ministre des Outre-mer lundi soir, des représentants du monde économique auraient aimé davantage de mesures concrètes. Le membre du gouvernement central a abordé le dispositif de garantie Sogefom. Le consortium NC ÉCO appelle notamment à une évolution de ce fonds « afin de l’adapter en termes de durée, de plafond et de taux pour mieux répondre aux besoins des acteurs économiques ».
Christophe Coulson, de l’UT CFE-CGC, a écouté Manuel Valls et avertit : « Nos élus doivent se prendre en main pour faire les réformes nécessaires ». Tandis que Mélanie Atapo, de l’USTKE, milite pour « la construction d’un nouveau modèle de société plus juste et plus égalitaire ».
Yann Mainguet
LE NICKEL VERS UNE « FILIÈRE D’EXCELLENCE »
Le ministre Manuel Valls entend « élaborer ensemble un nouveau plan de transformation de la filière nickel », qui reposerait sur les trois mêmes principes que ceux de feu pacte nickel : dynamiser le secteur de la mine en permettant plus d’exportations, réaliser une transition énergétique puissante du territoire, et mieux connecter la filière nickel calédonienne aux besoins stratégiques des industries européennes.
Un préalable, « nous devons y voir clair sur les perspectives de reprise et d’activité des usines métallurgiques, a insisté Manuel Valls. Nous serons très attentifs aux offres qui seront formulées, et disponibles pour les accompagner. Je suis convaincu que nous pouvons rétablir le caractère de “filière d’excellence” du nickel calédonien, dans nos intérêts stratégiques partagés. »