Violences : la famille est « loin d’être un cadre protecteur »

Parmi les 18-75 ans, 4 400 personnes subissent des violences physiques et/ou sexuelles dans le cercle familial au cours d’une année, estime l’Institut de la statistique et des études économiques (Isee), dans une enquête publiée le 14 mai. Seuls 25 % des victimes ont déposé plainte.

♦ Le cercle familial, lieu de 43 % des agressions

En moyenne, au cours d’une année, 14 500 personnes sont victimes de violences physiques ou sexuelles, déduit l’Isee d’une vaste enquête portant sur les chiffres de 2019 et 2020, soit 7,6 % des personnes âgées de 18 à 75 ans.

« Loin d’être un cadre protecteur, le milieu familial est un espace d’exposition aux violences », écrivent les auteurs : 4 400 personnes ont déclaré que leur agresseur faisait partie de leur cercle familial. La proximité de l’agresseur « favorise la répétition des actes » : 60 % des victimes déclarent des agressions répétées. Ce qui fait que 43 % de l’ensemble des violences physiques ou sexuelles se déroulent dans la sphère familiale. Et 28 % sont commises par le conjoint ou l’ex-conjoint.

♦ Les femmes surexposées

Dans la sphère privée, 3 300 femmes ont subi des violences physiques ou sexuelles. Pour 2 400 d’entre elles, ces faits sont commis par leur conjoint ou ex-conjoint. « L’auteur des violences intrafamiliales et conjugales est l’homme dans respectivement 87 % et 83 % des cas », relève l’Isee.Les jeunes font également partie des personnes les plus exposées : les 18-29 ans sont 3,3 % à avoir subi des violences dans le cercle familial.

♦ Des « différences notables » entre communautés

Les non-Kanak sont « davantage affectés » par les exhibitions sexuelles et les gestes déplacés que les Kanak. « À l’inverse, les agressions sexuelles ‒ comme les viols et les rapports sexuels forcés ‒ sont davantage déclarées par les membres de la communauté kanak », observe l’institut.

Quand les violences sont commises au sein de la famille par le conjoint ou l’ex- conjoint, les différences sont « notables » : les taux de victimation sont respectivement de 3,1 % et 2% pour les membres de la communauté kanak, contre 1,8 % et 1,1 % pour les non-Kanak.

♦ Peu de signalements

Un quart des victimes ont déposé plainte à la suite d’une ou plusieurs agressions subies dans les deux dernières années et 32 % se sont déplacées dans un commissariat ou à la gendarmerie pour signaler les faits. « Toutefois, la détresse des deux tiers des 4 400 victimes de violences physiques ou sexuelles intrafamiliales reste inconnue de la justice. »

 

 

♦ Les violences psychologiques, également nombreuses

En 2019 et 2020, 11 400 personnes par an en moyenne déclarent avoir été victimes de maltraitances psychologiques de la part de leur conjoint ou ex-conjoint (soit 8 % des personnes en couple ou ayant été en couple). Les comportements « dévalorisants, méprisants » sont de loin les actes les plus signalés, devant les menaces et les insultes répétitives.

 

Gilles Caprais (infographies Isee)