Violences à l’école : tout fout le camp !

Face à l’augmentation de la violence en milieu scolaire et aux récents évènements survenus dans divers établissements de Nouméa et de brousse, l’UT CFE-CGC organise mercredi prochain une mobilisation à Nouméa, Lifou et Koné. Il s’agira d’alerter les pouvoirs publics sur la souffrance des professionnels et le besoin urgent de se doter d’une nouvelle politique d’encadrement.

Une enseignante d’EPS de Poindimié frappée en plein cours, la chef d’établissement de Dumbéa-sur-Mer avec un nez fracturé, un enseignant de La Foa qui a reçu un caillou sur le visage, juste en dessous de l’œil, jeudi dernier, un surveillant de Kaméré frappé au sol par des élèves, un débrayage envisagé au lycée Escoffier… Les faits de violence se succèdent les uns après les autres dans les établissements scolaires calédoniens. Et ils sont en nette augmentation cette année, s’inquiète Fabienne Kadooka, secrétaire générale du SFA-CGC, responsable de l’enseignement secondaire public. « Un temps, la violence était cantonnée aux insultes puis, aux bagarres entre élèves. Aujourd’hui, il n’y a pas de limites, on attaque les surveillants, les professeurs, les proviseurs… C’est l’escalade, déplore-t-elle. « Nous sommes intervenus partout cette année, ajoute la représentante du premier syndicat de l’enseignement. Et c’est toujours les mêmes problèmes : outre ces attaques, les insultes sont quotidiennes et de plus en plus virulentes, l’absentéisme est incalculable, les professeurs sont à bout. »

« Pas de vagues »

Le problème de cette violence est rendu d’autant plus difficile que les professionnels ne se sentent pas soutenus. « On a l’impression qu’il faut taire ces évènements. C’est la politique du ‘’pas de vague’’ qui prime », confie Fabienne Kadooka.

Le constat, le voilà : dans le système actuel, on peut avoir son CAP en venant juste aux examens et aux stages, les insultes deviennent tolérées, les sanctions sont prises a minima pour ne pas laisser de traces, on fait de moins en moins de conseils de discipline et rien ne figure plus dans le dossier des élèves, les avertissements et blâmes n’apparaissent même plus sur les bulletins, simplement sur des « papiers à part ». Résultat, les actes sont vite oubliés, les problèmes déportés quand les enfants changent d’établissements, le suivi est « inexistant », les informations « ne remontent pas ».
Mais du coup les chiffres de cette violence, eux non plus, ne remontent pas !

Et pendant ce temps-là les enseignants et surveillants se retrouvent en face des élèves qui les ont agressés la veille, totalement démunis. « On trouve toujours des excuses à ces élèves, mais que fait-on pour les professionnels ? Un jour cela pourrait dégénérer… », lance Fabienne Kadooka, dont les dires sont corroborés par plusieurs enseignants qui bizarrement préfèrent garder l’anonymat. « Quand vous allez au travail dans ces conditions et que vous savez que vous n’aurez aucun soutien, ça devient grave. Les choses sont clairement étouffées. Mais derrière les chiffres, il y a la réalité. C’est l’école calédonienne d’aujourd’hui », glisse l’un d’entre eux.

Changement de cap

L’UT CFE-CGC appelle tous ses adhérents, et « tous ceux qui se sentent concernés », à se mobiliser mercredi 28 septembre. Les représentants ont demandé à être reçus par le président du gouvernement, Philippe Germain, Hélène Iékawé, en charge de l’enseignement, Yolande Verlaguet à la tête de la Direction de l’enseignement, et par le vice-recteur, Jean- Charles Ringard. « On attend des institutions, un changement de politique. Le projet éducatif est bien beau sur le papier mais c’est tout, conclut Fabienne Kadooka. Il y a un besoin de remettre un cadre aux élèves, de revenir aux principes de base. Il faut que l’on entende les professeurs et les surveillants et que l’on arrête surtout de minimiser ces violences. »

C.Maingourd 

Manifestation en avril 2015. À l’époque il s’agissait de dénoncer les violences entre les élèves. Désormais, ils s’en prennent aussi aux adultes…

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