Vers un départ à la retraite à 62 ans ?

Régulièrement, l’intersyndicale des retraités alerte l’opinion publique sur les problématiques liées aux retraites et qui, de manière générale, intéressent relativement peu les actifs jusqu’à ce qu’arrive l’âge de la retraite.

La commission paritaire de la Cafat qui réunit organisations patronales et syndicales a confirmé, le 9 avril, l’accord passé en 2018 qui valide le report de l’âge légal du départ à la retraite. Une mesure qui ne suffira clairement pas à rétablir l’équilibre du régime.

A u total, la Nouvelle-Calédonie compte près de 33 000 retraités. Un chiffre qui risque de progresser fortement

dans les années à venir, compte tenu de la structure démographique calédonienne. Le vieillissement de la population, même si celle- ci demeure plutôt jeune pour le moment, va entraîner une aggravation du déficit du régime de retraite. Il s’élève à plus de deux milliards de francs par an et représente, en cumul sur les années 2018 et 2019, 4,8 milliards de francs. La Nouvelle-Calédonie va donc devoir adopter des réformes pour rétablir l’équilibre entre les ressources de la caisse et les pensions servies. Pour faire très simple, le territoire a instauré un système de retraite par répartition, c’est- à-dire que ce sont les actifs qui financent les pensions. Pour que cela soit possible, il faut suffisamment d’actifs pour un retraité. Il existe par ailleurs un système par capitalisation où chacun finance sa propre retraite via des placements financiers.

Dans le cadre de la retraite par répartition, il existe trois principaux leviers de réforme (en dehors de la suppression des avantages accordés à certaines professions et de la démographie) : les taux de cotisations salarié/ employeur, le montant des pensions et l’âge de départ à la retraite. Le dossier est sensible et la dernière réforme portée en 2019 par Édouard Philippe, l’ancien Premier ministre, a dû être retirée face au tollé général, en particulier du côté des syndicats. La Nouvelle-Calédonie est dans une situation un peu différente puisque l’âge du départ à la retraite est toujours de 60 ans, alors qu’il est de 62 ans en France.

Une durée de cotisations très nettement insuffisante

Lors de la commission paritaire de la Cafat, le 9 avril, les partenaires sociaux (Usoenc, UT CFE- CGC, Cogetra pour les syndicats de salariés et Medef-NC, CPME-NC et U2P-NC pour le patronat) ont donc confirmé leur volonté de reporter cet âge de départ à 62 ans, comme en France et donc d’allonger de deux ans la durée de cotisations. Il existe toutefois une petite nuance puisque l’espérance de vie est sensiblement différente (82,7 ans en France et 77,15 en Nouvelle-Calédonie). Le report sera toutefois progressif, à l’horizon 2026. Depuis quelques années le rendement du régime qui est relativement bon est par ailleurs très légèrement revu à la baisse. Concrètement, cela signifie que les retraités toucheront un peu moins pour un même montant de cotisations.

Cet accord ne fait toutefois pas l’objet d’un consensus. Plusieurs organisations syndicales comme l’USTKE et FO sont opposées au décalage de l’âge légal du départ à la retraite, lui préférant, par exemple, le déplafonnement des cotisations retraite ou la récupération des cotisations des retraites complémentaires versées à la caisse métropolitaine, Agirc- Arcco. Deux solutions qui redonneront de la

trésorerie au régime sans toutefois rétablir l’équilibre à long terme. Si les plus hauts salaires contribuent davantage, il faudra, une fois à la retraite, leur verser de plus grosses pensions. Les syndicats ont également évoqué la possibilité de recourir à l’impôt pour financer cette solidarité intergénérationnelle. Une idée qui pourrait rencontrer des obstacles du fait que les agents publics, par exemple, contribueraient aussi au financement des retraites du privé.

Dans le fond, cet accord permet de gagner un peu de temps, mais il ne faudra pas attendre longtemps pour entrer dans le dur. Avec ces réformes qui, il faut le rappeler, n’ont pas encore été adoptées par le Congrès, l’horizon de trésorerie du régime sera repoussé à 2031. D’ici à 2025-2026, des mesures plus radicales devront être adoptées, plus précisément concernant la durée de cotisations. Si les Calédoniens ont de si petites retraites, c’est que la moyenne de cotisations est actuellement de 19,5 ans pour une durée « normale » de 35 ans. Un décalage qui a de nombreuses explications, à commencer par la jeunesse du régime de retraite qui date des années 60 ou encore les parcours des Calédoniens qui, pour beaucoup, sont patentés une partie de leur vie et ne cotisent donc pas au régime. L’avenir du régime sera entre les mains des élus du Congrès qui devra adopter les réformes.