Vers la définition d’un plan requin

À la demande des associations de protection de l’environnement, un symposium a été organisé autour de la question des requins. Les acteurs ont pu se retrouver autour d’une table et échanger de manière constructive autour des différentes problématiques. Les ateliers ont produit des idées d’actions qu’il reste à mettre en œuvre.

Ils étaient soixante représentants d’associations, d’organisations, d’institutions et d’administrations à avoir répondu à l’appel des associations de protection de l’environnement qui réclamaient une grande réunion autour de la question des requins. L’abattage de vingt requins- bouledogues, en juin dernier, avait suscité de vives réactions, aussi positives que négatives et il semblait opportun aux défenseurs de l’environnement et de la biodiversité de réfléchir à la manière d’agir.

L’idée de ces deux jours de travail était de proposer des pistes pour définir un plan requin. Les réflexions ont porté autour de cinq axes, déclinés en 38 fiches actions. Comme l’a rappelé Sonia Backes, présidente de la province Sud, il reste encore un long travail à accomplir afin d’en faire un véritable plan opérationnel. Les cinq grands axes portent sur une meilleure connaissance des requins et leur comportement, la révision de la réglementation et des sanctions des mauvais comportements, le rétablissement de la qualité des eaux, l’accompagnement de la filière pêche ainsi que la communication.

Deux actions n’ont pas fait consensus : l’abattage des requins et la pose de filets. Ces deux questions polémiques se sont à nouveau invitées à la fin du débat et ont ravivé les oppositions. Sonia Lagarde, la maire de Nouméa, s’est notamment prononcée clairement en faveur de la pose d’un filet à la Baie-des-Citrons, afin de répondre à l’anxiété des Nouméens en leur offrant un espace de baignade sécurisé. Un argument qui n’a pas convaincu le représentant de Sea Sheperd. Il a notamment répondu que proposer un espace unique de baignade ne ferait que confirmer le caractère dangereux des autres sites, sans compter le coût important pour la collectivité de ce type d’équipement, le manque de recul sur son efficacité, le risque pour d’autres espèces et le fait que cette mesure n’agit pas directement sur les causes du problème.

Des points de divergence et de convergence

Au-delà de cette question et celle de l’abattage, plusieurs points de convergence ont pu être trouvé comme de créer une cellule de coordination. La nécessité d’engager des études scientifiques ou d’en relancer certaines, abandonnées faute de moyens, a également été soulignée. Il a aussi été question d’accompagner la filière pêche afin de trouver une solution à la situation préoccupante du quai des pêcheurs avec une prolifération des requins-bouledogues. De la même façon, la gestion des marinas et des mouillages et des eaux grises et noires (eaux des toilettes et de vaisselle) pourrait faire l’objet d’un encadrement.

De manière plus générale, les participants estiment indispensable d’élaborer un cadre directeur des usages de la mer, qui dépasse le risque requin. Un risque qui pourrait d’ailleurs faire l’objet d’une évaluation et d’une cartographie. Un point important qui va de pair avec la sensibilisation. Sur cette question, il est envisagé de renforcer les contrôles et les sanctions tout en effectuant un travail d’information auprès de la population, en particulier en milieu scolaire.

Plusieurs acteurs ont enfin alerté sur l’importance de ne pas cantonner le plan requin au Grand Nouméa, le reste de la Nouvelle- Calédonie étant également concerné. Bourail a notamment payé un lourd tribut, suite à l’attaque mortelle de 2016 qui avait eu pour conséquence une désaffection des plages. Une autre attaque mortelle plus récente a aussi endeuillé la population de Bélep.

M.D.