Vaccination : la campagne prend un rythme soutenu

L’apparition des premiers cas de Covid-19 sur le territoire a radicalement accéléré la campagne de vaccination, désormais active dans les trois provinces et prochainement accessible aux personnels prioritaires dans le public et le privé. L’ouverture de plusieurs centres et la mise en œuvre de circuits différenciés doivent fluidifier les prises de rendez-vous.

La Nouvelle-Calédonie administre désormais plus de 1 000 doses par jour (1 612 mardi, un record), contre 300 environ avant l’annonce de la circulation du virus sur le territoire. Les Calédoniens, s’inquiétant de la situation sanitaire, sont plus enclins à se faire vacciner tandis que les autorités élargissent leurs dispositifs. Même si la situation semble relativement stable, le risque d’une large propagation du virus ne peut être écarté et l’objectif est de ne pas traîner : il s’agit de viser prochainement 2 000 doses par jour, soit 10 000 par semaine. L’État s’est engagé à livrer régulièrement la Nouvelle-Calédonie, selon son rythme de vaccination. Ce mois-ci, 6 000 doses supplémentaires sont ainsi attendues.

Répondre à la saturation

Dans ce contexte de crise, le premier problème – prévisible – auquel sont confrontés les autorités et les Calédoniens est le mécanisme de signalement. Les appels sur le numéro vert principal, le 05 00 33, ont explosé la semaine dernière saturant le dispositif. La cellule d’appel a donc été renforcée, elle est passée de six agents au départ à 10, puis 15 prochainement, selon la Direction des affaires sanitaires et sociales. Mais cela ne suffit toujours pas pour faire face aux quelque « 46 000 appels passés par jour ».

À l’inquiétude s’est ajouté aussi probablement un certain manque de clarté sur les publics prioritaires, qui évoluent sensiblement, notamment avec l’annonce de l’ouverture de nouveaux circuits dédiés aux professionnels. Des personnes à risque ou âgées ont toujours des difficultés pour se faire connaitre ou obtenir un rendez-vous. Mais l’habilitation de nouveaux centres, qui, pour certains, peuvent être directement contactés pour la prise de rendez-vous, devrait fluidifier ces prises de contact. (La liste des numéros figure sur le site du gouvernement). Un formulaire en ligne devrait par ailleurs être mis à disposition des Calédoniens la semaine prochaine.

Centres de proximité

De fait, de nombreuses avancées sont à saluer ces derniers jours en matière d’accès à la vaccination. Outre le Médipôle, le CHN de Koné (qui intervient aussi dans les hôpitaux de Koumac et Poindimié une fois par semaine), le centre Cafat au Receiving déjà opérationnels et la vaccination organisée dans les maisons de retraite, les centres médico-sociaux sont désormais habilités à participer à la campagne proposant ainsi une offre de proximité. En province Sud, la vaccination est effective à raison d’une ou de plusieurs journées par semaine à Païta, Bourail, Thio, La Foa, et ponctuellement au Mont-Dore (prochaine date à définir) et Boulouparis (23 mars). Elle sera prochainement initiée à la Cafat de Rivière-Salée, aux centres médico-sociaux de Yaté et de l’île des Pins.  En province Nord, une unité mobile organise des permanences dans les CMS. Aux Loyauté, la vaccination est possible dans les CMS de La Roche, Hulup et Wé.

La vaccination concerne désormais les personnes âgées de 65 ans et plus (le seuil est passé cette semaine de 75 à 65 ans) ; celles dont l’état de santé expose à une forme sévère de Covid-19 (diabète, cancer, hypertension, obésité, insuffisance rénale ou respiratoire, etc.) ; les soignants au sens large, les professionnels en première ligne (personnel des aéroports, ports, quarantaines, au contact des minéraliers ou encore les voyageurs pour motif impérieux), les personnes en longue maladie.

Circuits distincts pour les collectivités et entreprises

Autre grande nouveauté, l’accès à la vaccination pour une catégorie de personnel essentiel élargi. La Direction de l’action sanitaire et sociale de la province Sud (Dpass) a ainsi ouvert, vendredi, un lieu de vaccination au centre de santé de famille à Montravel, dédié au personnel prioritaire de l’éducation. D’un groupe de 300 personnes s’occupant actuellement des enfants de salariés prioritaires, l’objectif sera ensuite d’atteindre les 150 vaccinations par jour pour un vivier de 7 000 personnes. L’idée est de préparer la sortie de confinement et l’ouverture des écoles, des centres de vacances et de loisirs, sachant que lieux accueillant des enfants peuvent être des vecteurs de la maladie. Le centre peut aussi s’ouvrir à d’autres professions qui sont exposées.

La Direction de la Sécurité civile et de la gestion des crises située à Nouméa a, de son côté, ouvert ses portes mercredi aux agents essentiels du secteur public. Les collectivités seront contactées directement. Le Smit (médecine du travail) de Normandie doit ouvrir dans le courant de la semaine pour les salariés essentiels des entreprises qui seront, là encore, contactés directement. Il faudra, dans les deux cas, donner des listes de personnes jugées prioritaires et volontaires. Tout en sachant que la vaccination n’est pas obligatoire pour aller au travail. Ces circuits vont permettre de désengorger les centres de vaccination initiaux ainsi que le centre d’appel.

La vaccination des personnes en première ligne, des plus fragiles et des plus exposées concerne potentiellement 107 000 personnes. Restera ensuite un vivier qui n’est pas encore prioritaire constitué de 97 000 personnes.


Le vaccin Pfizer assuré pour la Nouvelle-Calédonie ?

Le président du gouvernement, Thierry Santa, l’a affirmé. La Nouvelle-Calédonie sera approvisionnée du vaccin Pfizer « jusqu’au bout » par la Métropole. La promesse aurait donc été formulée, alors que trois vaccins sont disponibles en France, Pfizer, Moderna et AstraZeneca, même si ce dernier vient d’être suspendu par précaution dans l’attente d’une étude européenne, suite à de graves problèmes sanguins chez des vaccinés (sans certitude cependant d’un lien de cause à effet).

Le fait de bénéficier du vaccin Pfizer est plutôt une bonne nouvelle, dans la mesure où les différentes études ont confirmé un taux d’efficacité à 95 % (à sept jours après administration de la seconde injection et pour au moins sept mois, le recul dont nous disposons actuellement), une diminution de formes graves dans les très rares cas de survenue de la maladie malgré la vaccination, ainsi qu’une bonne tolérance (voir à ce sujet le septième rapport de l’Agence nationale du médicament sur les effets indésirables réalisé depuis le début de la vaccination).

En Métropole, le vaccin Pfizer est, avec Moderna, administré de préférence dans les centres aux personnes atteintes de pathologies à haut risque, aux professionnels de santé de plus de 65 ans et aux personnes âgées de 75 ans et plus. Il est aussi intéressant de noter que les données sont unanimes sur l’efficacité du vaccin Pfizer sur le variant dit anglais, qui est confirmé sur les cas reliés à Wallis-et-Futuna.


17 380

Mercredi 13 411 personnes avaient reçu la première injection et 3 968 la deuxième. Mardi, 1612 personnes ont reçu une injection, un chiffre record. Au total 17 380 doses ont été administrées depuis le début de la campagne sur un stock de 22 000 doses environ.

C.M.

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