Une tournée sous le signe de l’économie

Le président du Congrès, Roch Wamytan, rentre tout juste d’une tournée de trois semaines sur presque tous les continents. Il a abordé les questions politiques de décolonisation ou d’évolution institutionnelle, mais de nombreux entretiens ont porté sur la situation économique du territoire et les solutions qui pourraient être apportées à la morosité ambiante.

Le président du Congrès fraîchement élu revient d’une tournée de trois semaines au cours de laquelle il s’est rendu à Port-Vila, New York, Paris et Abidjan. À chaque étape, la question économique a fait partie des discussions avec ses homologues présidents de Parlement, y compris à New York devant le Comité des 24. Mais c’est à Paris que Roch Wamytan a pu aborder des pistes pour relancer l’économie calédonienne qui traverse une période d’atonie sans réelle perspective de reprise à court terme.

Un grand emprunt ?

Avec le Premier ministre, Édouard Philippe, ainsi que la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, le président de la première institution calédonienne a notamment évoqué la possibilité d’un prêt que pourrait accorder l’État à la Nouvelle-Calédonie. Une demande qui avait déjà été formulée par la présidente de la province Sud, Sonia Backes, lors de son récent passage à Paris. Il se pourrait donc que le prochain Comité des signataires, prévu entre le 15 et le 30 septembre, soit l’occasion d’annoncer ce prêt sur lequel travaille actuellement les services de l’État. Reste à savoir sous quelle forme quand on sait que le territoire est arrivé au bout de ses capacités d’emprunt.

Roch Wamytan a également abordé le dossier de la défiscalisation avec Annick Girardin. Le président du Congrès a dénoncé un système laissant trop de possibilités aux dérives sans que ces manques à gagner fiscaux profitent pleinement aux populations. Il s’est notamment appuyé sur le rapport de la Cour des comptes de 2012 qui soulignait une plus grande efficacité et un moindre coût des subventions directes. Pas sûr qu’Annick Girardin soit très réceptive, elle qui est à l’origine d’une des dernières lois de défiscalisation pour les outre-mer. Roch Wamytan a également demandé à ce que les avis du gouvernement calédonien sur les défiscalisations nationales ne soient plus seulement consultatifs, mais systématiques et pris en compte, notamment afin d’éviter des investissements contre-productifs ou à l’encontre des stratégies de développement territorial.

Le rendez-vous avec la ministre des Outre- mer a également permis d’échanger sur la mobilisation de l’épargne calédonienne pour financer des investissements structurants sur le territoire. Chaque année, ce sont des milliards de francs qui sont placés en France ou à l’étranger. Une étude pourrait être lancée pour examiner les moyens de capter cette épargne. Il y a quelques mois à peine, le conseil d’administration de l’OPT-NC avait refermé le dossier de création de Banque postale avec l’accord de tous les élus présents au conseil, y compris le représentant de l’Union calédonienne. Cette banque avait précisément vocation à collecter l’épargne des Calédoniens pour la restituer sous forme d’investissements.

Des pistes pour une taxe nickel

Toujours sur le plan économique, le président du Congrès a enfin évoqué l’idée d’une taxe minière avec la présidente du Parlement de la République démocratique du Congo, Jeanine Mabunda, à l’occasion de la 45esession des assemblées parlementaires de la francophonie. La RDC fait partie des premiers producteurs de cobalt et de cuivre et vient de revoir ses taxes et impôts dans son nouveau Code minier. Certaines taxes sur des minerais stratégiques comme le cobalt sont ainsi passées de 2 % à 10 %. Si les environnementalistes se félicitent de cette mesure qui vise à financer la diversification de l’économie, les grandes sociétés minières sont fortement opposées à ces changements adoptés en 2018, mais qui peine à être mis en œuvre.

M.D.