Des pistes d’aides aux entreprises et aux salariés, une simplification de la procédure de remboursement auprès des assurances ou encore l’évaluation des besoins nécessaires en vue de la reconstruction sont en cours d’élaboration. Christopher Gygès, membre du gouvernement, l’assure : « tout le monde peut s’attendre à être indemnisé ».
Lundi 20 mai, Christopher Gygès annonçait le report de l’échéance pour la déclaration de l’impôt sur le revenu et sur les sociétés au 31 mai. « Les contraintes fiscales ne sont pas la priorité », déclarait-il. Mercredi 22, le membre du gouvernement en charge de l’économie numérique et de la mer a présenté la première mesure d’urgence prise en direction des entreprises sinistrées : « le gel de la fiscalité et des cotisations sociales pour les personnes qui ont subi un incendie sur leur outil de travail ». D’autres doivent être prises « le plus rapidement possible » pour ceux qui ont subi des pertes d’exploitation.
Le gouvernement travaille, au sein d’une cellule qui comprend l’État, les partenaires sociaux, les différentes collectivités, les assurances et les banques, à trouver les réponses « les plus adaptées à chaque secteur ». Si la priorité et le préalable à une reprise économique restent la « sécurisation des commerces, des entreprises et des quartiers », le gouvernement s’attache à préparer « les différentes mesures économiques et sociales d’accompagnement des sociétés lourdement touchées par cette crise », notamment pour payer les charges courantes. « Être aux côtés des chefs d’entreprise et des salariés » demeure la première des préoccupations.
ASSURANCE : VERS UNE DÉMARCHE SIMPLIFIÉE
Surtout, l’objectif est d’instaurer une procédure simplifiée en partenariat avec les assureurs en vue d’accélérer les remboursements. « L’idée est que le dispositif soit le même pour tous. » L’État étudie ce point avec les compagnies d’assurance pour établir une doctrine qui garantisse l’indemnisation, le but étant qu’elles interviennent même si des clauses sont excluantes dans le contrat. « On souhaite qu’il y ait une prise en charge même dans les cas où les assurances ne couvriraient pas certaines choses, et que ce soit le plus simple et le plus rapide possible. C’est en cours de discussion. » Christopher Gygès l’affirme : « tout le monde peut s’attendre à être indemnisé ».
Avec les banques, il s’agit de voir comment « répondre aux besoins des entreprises », par exemple concernant une éventuelle « suspension du paiement des traites d’emprunt pour se garder d’une rupture de trésorerie », mais aussi éviter que « le système bancaire calédonien soit au tapis afin de pouvoir avancer ».
Dans un second temps, vient le financement nécessaire à la reconstruction de l’économie. « Le chiffrage est en cours de réalisation », indique Christopher Gygès. Au-delà des dommages immédiats, autant pour le secteur privé que public, il faut prendre en compte les pertes de recettes fiscales, le coût du chômage, etc. Un dispositif de chômage partiel, « qui ne sera plus exceptionnel vu l’ampleur de la crise », est prévu. « Il est question de 4 à 5 000 emplois concernés, mais cela pourrait être plus. »
L’ÉTAT FINANCEUR
La Nouvelle-Calédonie attend désormais de l’État qu’il prenne en charge le soutien nécessaire à court terme, mais aussi celui de la reconstruction. « Quasiment tout sera financé par l’État, la Nouvelle-Calédonie n’en a pas les moyens, il nous reste un milliard dans les caisses. » La relance économique était à l’ordre du jour de la réunion avec Bruno Le Maire vendredi 17 mai. Une cellule d’urgence Nouvelle-Calédonie a été constituée à Bercy afin d’aider à recenser et évaluer les dégâts ainsi qu’à construire un plan de relance.
Tous ces points sont débattus, indique Christopher Gygès. « Une mission de Bercy pourrait venir pour ajuster les choses. On demande à la fois une aide aux dispositifs sociaux, notamment pour le chômage, une aide à la trésorerie des collectivités et une aide à la reconstruction. Nous espérons des réponses très rapidement. » La visite d’Emmanuel Macron pourrait en apporter.
UNE AIDE EXCEPTIONNELLE EN PROVINCE SUD
« Consciente de cette situation inédite et catastrophique pour notre économie », la province Sud met en place une aide exceptionnelle d’urgence pour permettre aux entreprises touchées par les exactions de s’acquitter des salaires du mois de mai. Dès mercredi 22, les entrepreneurs qui souhaitent la solliciter peuvent remplir un formulaire en ligne (www.province-sud.nc/form/aide-entreprise-victime) pour recenser leurs besoins, afin que l’ensemble des salaires du mois puissent être versés. La présidente de la Maison bleue, Sonia Backès, indique également avoir pris attache avec le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, dans le but « d’être accompagnée dans cette démarche ».
LES PRIX FLAMBENT AUSSI
Des commerçant profitent de la situation pour augmenter « de manière exagérée » les prix dont certains sont réglementés, déplore le gouvernement, rendant cette pratique totalement illégale et « inacceptable ». Afin de garantir le respect de ces principes et de protéger les consommateurs contre toute forme d’abus, le gouvernement va mettre en place des mesures strictes de contrôle des prix.
Anne-Claire Pophillat