Une place de la Paix et une statue pour deux grands hommes

Sébastien Lecornu a assisté, jeudi, à une cérémonie de préfiguration de la place de la Paix, qui remplacera le square Olry, en face la mairie de Nouméa. Elle verra une statue s’édifier d’ici quelques mois en hommage à la poignée de main entre Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou, scellant les accords de Matignon.

On n’avait pas vu cela depuis très longtemps. Les signataires de l’Accord de Nouméa, les responsables des institutions, les élus de pratiquement toutes les composantes politiques et des représentants de la société civile étaient réunis. La maire de Nouméa, Sonia Lagarde, à dévoilé ce projet, déja envisagé par le passé, et avalisé par son conseil municipal aux côtés du ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, Isabelle Lafleur et Marie-Claude Tjibaou.

Pour Sonia Lagarde, « c’est le point de départ de quelque chose qui reste du domaine du possible. À l’instar de cette poignée de main, c’est de continuer à construire la paix dans le pays, alors que nous sommes à un tournant de notre histoire, où les hommes, d’où qu’ils viennent, et les femmes, quelle que soit leur obédience politique, continuent de se parler pour écrire ensemble une nouvelle page d’histoire qui sera celle de vivre tous ensemble et dans la paix ».

Pour Marie-Claude Tjibaou, cette cérémonie était chargée d’émotion, « parce qu’il y a la mémoire de ces deux grands hommes qui nous poursuit et ce qu’ils ont fait en leur temps, c’était déjà extraordinaire. Je trouve aussi que nous avons perdu beaucoup de temps. Aujourd’hui, je suis quand même satisfaite de voir l’ensemble de la classe politique réunie pour ce moment de souvenir, de mémoire. Et puis, l’autre chose qui me satisfait, c’est que c’est la première fois que dans la ville de Nouméa, dans un espace reconnu par tous, il y ait la représentation de deux hommes de chez nous, deux hommes contemporains de notre époque. C’est important pour notre jeunesse ».

Émotion aussi pour les enfants de Jacques Lafleur, Isabelle et Pascal. Isabelle Lafleur, qui a tenu à préciser que « nous ne l’avons pas fait seulement pour nous, pour Marie-Claude Tjibaou et moi. Nous avons fait cela parce que nous avons le sentiment qu’en ce moment, les Calédoniens n’arrivent plus à se parler. Nous espérons ainsi pouvoir jouer un petit rôle dans les rediscussions et la prise de conscience que les Calédoniens attendent, c’est-à-dire ce besoin de politiques qui soient responsables de notre avenir et qui abandonnent certaines postures pour pouvoir avancer. (…) C’est au-delà de nous, au-delà de nos familles, c’est surtout à la Calédonie entière que nous faisons ce cadeau et il faut que cette statue perdure dans le temps et que tous les enfants, tous les jeunes soient conscients de cette histoire, pour qu’elle ne se reproduise jamais. La poignée de main, oui, mais jamais les événements que nous avons connus ».

Enfin le ministre des Outre-mer a tenu à remercier notamment ses interlocuteurs et particulièrement les plus anciens pour lui avoir donné de « précieuses clés de lecture » sur l’histoire de la Nouvelle-Calédonie. « Après cette poignée de main, à l’époque, il en a fallu du courage à ces deux hommes pour revenir devant leurs bases et les leurs (…) Ce n’est pas que la poignée de main d’un accord, c’est la poignée de main de deux chefs qui, à un moment donné, ont pris leurs responsabilités, ont su faire preuve de dépassement. » Et d’ajouter : « Ce don familial ne nous oblige pas à faire des accords à tout prix et n’importe comment, parce que ce n’est pas ce que veut non plus l’État français (…), il faut tout simplement garder cette méthode, garder cet état d’esprit. On ne renie pas ce que l’on est, on ne renie pas son combat, mais si vraiment on croit à la paix, cette poignée de main doit nous inspirer. »

La statue de la poignée de main sera réalisée par le sculpteur Fred Fichet et devrait être inaugurée avant fin 2022.

D.P.

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