Une nouvelle politique éducative en province Sud

Les élus de l’assemblée de la province Sud ont adopté une délibération portant sur la nouvelle politique éducative. Des mesures concrètes qui dessinent les grands axes et les priorités pour les cinq prochaines années en matière d’éducation.

La province Sud vient de fixer la politique éducative sur la période 2020-2024. Ce projet « ambitieux, moderne, d’une école ouverte sur le monde va permettre aux élèves d’être en sécurité et de valoriser la réussite », indique Sonia Backes, la présidente de la province Sud. Une politique voulue et promise dès la campagne des provinciales par l’Avenir en confiance et qui a été adoptée par l’unanimité des élus de l’assemblée de la collectivité.

Au cœur de ses orientations, la sécurisation des établissements scolaires et collèges, un meilleur confort thermique dans les classes, l’amélioration du bien-être des enseignants, l’accompagnement vers la transformation numérique, notamment au collège, plus d’écoles bilingues français- anglais et la labellisation des écoles autour de la culture océanienne.

La feuille de route

La délibération votée par les élus de l’assemblée de la province Sud « constitue le socle du pacte de confiance qui doit placer la réussite de l’élève au cœur de la politique éducative provinciale », précise Gil Brial, deuxième vice-président de la province Sud en charge de l’enseignement. « La confiance ne se décrète pas, elle se construit. C’est pourquoi l’exécutif a souhaité agir dès la première rentrée de sa mandature. Pour 2020, la province amplifie son soutien financier et entend créer les conditions pour garantir le rôle moteur de l’école dans le développement humain, social et économique de ses populations. » Le message est clair et se concrétise au travers de cinq mesures principales.

Une école de la réussite et du mérite

Une des priorités de cette nouvelle politique, ardemment défendue par la présidente de la province Sud, est de retrouver une école de l’excellence et d’agir pour l’insertion professionnelle. « Il faut que l’on arrive à valoriser ceux qui sont brillants, ceux qui se donnent les moyens, ceux réussissent tout en arrivant à tirer l’ensemble de la population vers le haut », précise Sonia Backes. Comme l’explique Gil Brial : « Dans les pays occidentaux, l’éducation reste le principal moyen de s’élever dans l’échelle sociale. La politique éducative provinciale doit donc promouvoir l’excellence pour préparer l’élite nécessaire à la construction de la Nouvelle- Calédonie. »

C’est en ce sens que la province Sud a promis d’ouvrir, dans les deux ans, un internat de la réussite pour 50 élèves ayant fait preuve de persévérance scolaire ou disposant d’un fort potentiel. Ils bénéficieront d’un environnement favorable à travers un encadrement adapté et un soutien complet, même en dehors du temps scolaire. À cela s’ajoutera la création d’un prix de l’excellence, décerné chaque année à un étudiant de la province ayant démontré une résilience dans la validation de ses objectifs individuels et pour la qualité de son parcours. Pour accompagner ces jeunes, la province Sud s’est également fixé comme objectif de faire tout le nécessaire pour valoriser le métier des enseignants en facilitant leurs conditions de travail.

Une école évolutive, citoyenne et ouverte sur le monde

Deuxième priorité, des actions vont être menées pour ancrer l’école dans son environnement régional en adaptant le système éducatif aux réalités locales. Elle prévoit donc de consolider les écoles bilingues français-anglais. Marie- Jo Barbier, en charge de la commission de l’enseignement à la province Sud, explique : « Nous allons augmenter le nombre des écoles bilingues. Nous en avons actuellement six, nous voulons passer à neuf. Des enseignants pourront aller se former en Australie, en université et en salle de classe, pour que nos enfants s’ouvrent sur le monde. »

La composante indépendantiste de l’assemblée est intervenue sur ce dossier en précisant qu’il faudrait avant tout que la langue française soit maîtrisée par tous. Pour Aloisio Sako, du FLNKS Sud, « il faut d’abord maîtriser le français qui est la langue de communication, qui nous transmet le savoir, qui nous livre nos diplômes pour l’insertion sociale. On n’est pas contre l’anglais, mais il faut prioriser encore plus le français. »

Pour accompagner cette volonté d’ouverture vers le monde, les élus ont aussi voté des articles comme la création d’un label « Développement des cultures océaniennes ». Pour Gil Brial « le vivre-ensemble passe par la reconnaissance de l’autre et de l’ensemble des cultures présentes en Nouvelle-Calédonie. Un appel à projets sera lancé pour permettre la valorisation de l’ensemble des cultures océaniennes ».

Accompagner la transition numérique

Autre volonté de la province : adapter le milieu éducatif aux réalités technologiques en mettant le numérique au service de la réussite de tous les élèves avec, notamment, la mise en place du cartable numérique. Le but est d’offrir l’accès à des enseignements interactifs, modernes et, pour alléger les cartables, des ordinateurs hybrides seront mis à disposition des élèves dans sept collèges. Une simplification administrative sera lancée pour les écoles primaires, c’est-à-dire que l’e-administration fera sa rentrée dès l’année prochaine, à travers des dispositifs d’inscription en ligne et une dématérialisation des bourses sera réalisée pour des démarches simplifiées et plus rapides.

Garantir la sûreté et le bien-être

Dernier point et des plus importants de cette nouvelle politique éducative et qui a déjà été abordé par le nouvel exécutif depuis son entrée en fonction : le renforcement de la sécurité. La province veut agir en matière de lutte contre les incivilités et les violences scolaires. Pour être efficace, la stratégie provinciale se doit d’être globale. Il s’agira, avec un investissement de près d’1,2 milliard de francs, d’anticiper les risques en formant le personnel, de coordonner les partenaires et de sécuriser les infrastructures.

Garantir les meilleures conditions de travail passe aussi par l’assurance d’un bien-être. Ainsi, des actions vont être mises en place comme le plan d’amélioration du confort thermique. « Qualité de l’air, température, lumière sont autant de facteurs qui ont un impact sur les performances et la santé des enfants. La province apporte des solutions durables par la mise en place de solutions modernes d’amélioration thermiques et d’installations photovoltaïques dans les collèges », explique Gil Brial.

Enfin, les élus veulent prioriser l’écoute du corps enseignant. Chaque jour, 1 300 enseignants sont engagés dans l’éducation de 20 000 élèves. La collectivité va récompenser cet investissement par un assouplissement des règles d’autorisation exceptionnelle d’absence sans solde, par un accompagnement dans la reconversion professionnelle et en facilitant les échanges entre enseignants de la province et d’autres académies.

En résumé, tous ces points caractérisent une politique éducative ambitieuse. « Considérer l’école comme un ascenseur social, c’est peut-être ce qui n’a pas fonctionné jusqu’à présent, conclut Gil Brial. Il faut parler désormais de la jeunesse qui réussit ».


L’enseignement en chiffres

Il s’agit du premier poste de dépenses de la province Sud avec près de 16 milliards de francs en 2020. Un budget en augmentation de 2,6 %, soit 2,3 milliards de francs. L’enseignement représente près de 1 500 personnes dont 1 300 enseignants. Les établissements scolaires publics accueillent 20 600 élèves dans 101 écoles, répartis dans 903 classes (1er degré), et 11 000 élèves dans 21 collèges et deux internats provinciaux (2nd degré). La province Sud soutient l’enseignement privé à hauteur de 1,2 milliard de francs par an. Plus de 12 000 enfants sont bénéficiaires de bourses scolaires et d’enseignement supérieur. Enfin, un peu plus d’un milliard de francs sont dédiés aux allocations scolaires et 1,178 milliard de francs investis seront destinés, jusqu’en 2024, à la sécurisation des établissements.

D.P.

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