« Une nouvelle plume au château Hagen »

La Maison du livre et la province Sud ont dévoilé l’identité du lauréat de la prochaine résidence d’écriture au château Hagen. Basile Galais, un jeune écrivain calédonien qui vient d’achever ses études en Métropole, a été choisi parmi 19 candidats.

L’écriture littéraire semble trouver un nouvel élan en Nouvelle-Calédonie. Après cinq années d’existence, l’appel à projets pour la résidence d’écriture au château Hagen n’a jamais reçu autant de candidatures. « Il y en a eu 19 alors que d’habitude, nous en recevons entre dix et douze. Je pense que le confinement a beaucoup joué. Par ailleurs, l’initiative commence a être connue », explique Alice Pierre, directrice de la Maison du livre qui coordonne cet événement financé par la province Sud. Le jury de l’appel à projets a dévoilé le jeudi 25 novembre le nom du lauréat 2021 lors d’une cérémonie en comité restreint au château Hagen.

L’heureux élu se nomme Basile Galais. Ce jeune Calédonien au parcours artistique et littéraire prometteur a convaincu par son profil atypique et son projet déjà bien ficelé. « Les critères de sélection des candidats ne sont pas stricts. On regarde leur parcours, la pertinence de leur projet, la raisonnance de l’histoire avec la Calédonie… », détaille Alice Pierre. Basile Galais travaille sur son premier roman depuis déjà deux ans. La résidence d’écriture va lui permettre de se consacrer à retravailler son premier jet. Pendant trois mois, de décembre à mars, il va donc pouvoir s’y consacrer à plein temps. Et pour l’aider, il recevra une bourse de 300 000 francs par mois durant cette période.

Le jury de l’appel à projets, composé d’une dizaine de personnes, a choisi, cette année, de promouvoir le projet d’un jeune Calédonien au parcours académique artistique et littéraire.

Une fabuleuse expérience

Pour Yannick Jan, le lauréat de l’édition 2020, cette résidence d’écriture fut une « expérience fabuleuse ». Avec l’aide de l’écrivain Roland Rossero, il a poursuivi l’avancement de son deuxième ouvrage intitulé Les Liens de sang, un roman d’espionnage dont les cinq protagonistes sont uniquement des femmes. « La résidence au château Hagen m’a permis de prendre conscience du travail d’écrivain. J’ai pu mesurer combien il fallait d’exigence, de persévérance et de remise en question. J’ai aussi pu tester ma capacité à écrire à plein temps », explique ce passionné de littérature. Dans la vie, Yannick Jan est chef d’entreprise dans les télécommunications. « Je suis autodidacte, je ne viens pas du monde de la littérature, donc c’était assez nouveau. Mais cette expérience m’a permis de me surpasser. »

Une fois la résidence d’écriture achevée, en mars, l’auteur, dont le premier roman L’Écrivain est paru aux éditions Jardin secret en 2016, ne s’est pas reposé sur ces lauriers. « Les corrections se sont prolongées jusqu’en juillet. J’attends maintenant des réponses d’éditeurs. Je pense que si je n’en ai pas, j’envisagerai l’autoédition à la rentrée, car j’ai vraiment hâte de le partager », affirme le romancier. Le processus d’édition exige effectivement de la patience. Pour ne citer qu’un exemple, Les Vertiges de l’orée, le roman de Leslie Gobille, la lauréate 2019 de l’appel à projets de la province Sud, a été publié le 11 septembre, soit un an et demi après la fin de sa résidence.

 


« Je n’aurais pas pu rêver mieux »

Il a 26 ans et un potentiel remarquable. Après des études aux Beaux-Arts, Basile Galais a entrepris un master de création littéraire au Havre. Ce cursus lui a permis, sous le regard bienveillant de l’écrivain métropolitain Sylvain Prudhomme, prix Femina en 2019, d’entreprendre l’écriture de son premier roman, L’Enfant de la zone.

Ce conte initiatique débute au cœur d’une zone industrielle dans laquelle grandit un enfant. Sous le coup d’un événement obscur, la zone se détache du continent et s’éloigne de la cité, devenant une île à la dérive. Au cœur de cette ville, six personnages vont voir leur destin basculer sous le poids de cet événement.

Pour le jeune auteur, cette résidence au château Hagen est une opportunité plutôt inattendue. « Je n’aurais pas pu rêver mieux. J’ai fini mes études il y a deux, trois mois et maintenant, j’ai l’opportunité de travailler mon premier jet, quelle chance », s’exclame le jeune auteur né à Nouméa. Pour ce Calédonien qui a grandi entre Thio et la capitale, c’est aussi l’opportunité de rencontrer de nouvelles personnes. « L’objectif est d’être édité. Pour l’instant, je suis en discussion. »

 


La province Nord emboîte le pas

La province Nord vient d’organiser sa première résidence littéraire, également coordonnée par la Maison du livre. Le lauréat, Vincent Vuibert, n’est pas un débutant, puisqu’il est l’auteur des Chroniques de la mauvaise herbe publiées aux éditions Madrépores et lauréat du prix Michel Lagneau en 2013. L’auteur calédonien travaille depuis quelque temps sur un nouveau roman. Grâce à l’appel à projets de la province Nord, il va pourvoir s’y consacrer en début d’année prochaine lors d’une résidence à Poum au gîte Kejaon. À travers cette initiative, la province entend promouvoir les jeunes écrivains résidant dans le Nord.

 

Virginie Grizon (© V.G. et Clotilde Richalet Szuch)