« Une mission assez particulière » en Ukraine pour Nicolas Metzdorf

Rapporteur de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale en charge des questions liées à l’immigration, en particulier des Ukrainiens, (projet de loi de finances 2023) le député de la deuxième circonscription a effectué une mission de deux jours à Kiev.

DNC : Comment avez-vous vécu cette mission à Kiev, attaquée d’ailleurs au lendemain de votre départ ?

Nicolas Metzdorf : Comme une mission de travail assez particulière. 20 heures de train pour y arriver. Plusieurs checkpoints avec des hommes armés. Des tanks et des protections antichars un peu partout. Des abris antimissiles dans un hôtel sans chauffage par manque d’énergie.

Et en même temps, une vie qui, à Kiev, essayait de reprendre son cours avec des Ukrainiens qui reconstruisaient les blessures des attaques de mars et d’avril et qui se concentraient sur le soutien des hommes au front de l’Est.

Mais c’est vrai que les attaques au lendemain de mon départ ont marqué. Parce qu’elles étaient totalement aléatoires sur des sites civils. Des parcs, des immeubles d’habitation ou des rues du centre-ville.

Dans quel état d’esprit avez-vous trouvé vos homologues ?

Déterminés. En guerre. Ils ne lâcheront rien. Ils veulent que l’Ukraine retrouve l’intégrité de son territoire. C’est impressionnant ce qu’ils dégagent comme détermination. Ils veulent aller jusqu’en Crimée.

Nous devons pas seulement être des députés exotiques sympathiques.»

Comment s’adapte-t-on à ces missions relatives aux affaires étrangères, à la guerre, en tant que député calédonien ?

Le travail diffère de vos diverses fonctions sur le territoire… Oui. Et bien, on s’y adapte. On n’a pas le choix. Pas le temps de réfléchir au pourquoi du comment. On se met au travail et on fait abstraction des difficultés.

Avez-vous demandé à vous occuper de ces questions ou vous ont- elles été confiées ?

Je l’ai demandé. C’est important que les députés des Outre-mer s’occupent des sujets nationaux et ne s’enferment pas dans leurs territoires. Si on veut être respecté et écouté par nos pairs de l’Hexagone, nous devons nous situer sur le même niveau qu’eux et ne pas seulement être des députés exotiques sympathiques dont on se lasse rapidement.

Il faut trouver le juste équilibre entre défense de notre territoire et celle de la nation. Comme finalement tous les autres députés. C’est assez nouveau comme positionnement pour un Calédonien, j’en conviens, mais on ne peut pas s’être battu pendant 40 ans pour que la Nouvelle-Calédonie reste française et ne faire que de la Calédo-Calédonie. Je suis Français, donc je m’occupe de la France.

Propos recueillis par Chloé Maingourd

Photo : N. Metzdorf