Une filière pour recycler les déchets agricoles

Créée l’an dernier, l’association Coléo, qui regroupe les importateurs de produits phytosanitaires et engrais lance une filière de recyclage des déchets en mettant en place une écoparticipation.

Que deviennent les restes de produits phytosanitaires, pesticides et engrais devenus inutilisables dans les exploitations agricoles parce qu’ils sont « retirés du marché ou périmés », ainsi que leurs emballages ?

Jusqu’à présent, ces déchets, qui ne sont ni réglementés ni pris en charge par une filière, « sont entreposés, voire toujours utilisés », mais pas « rejetés dans la nature », indique David Ugolini, d’Agridis, qui préside l’association Coléo, créée afin d’y remédier.

Même si, dans le cadre de collectes ponctuelles, certains sont envoyés en Nouvelle-Zélande afin d’y être traités. Et que les emballages d’engrais, sont acceptés dans les quais d’apport volontaire à condition d’être correctement vidés. Ils peuvent alors être gérés comme des déchets non dangereux et enfouis dans des installations de stockage.

Un surcoût de 28 francs par unité

Face « aux enjeux environnementaux et afin de répondre aux besoins des agriculteurs » et de « les sensibiliser », les importateurs ont décidé de se réunir au sein de l’association Coléo, constituée en novembre 2021 : Agridis, la coopérative agricole, Hortical, TIP services (les quatre « représentent environ 80 % des ventes de produits phyto ») et la Chambre d’agriculture, qui gère les engrais.

Le rôle de l’association ? Développer une filière de gestion de ces déchets en créant une écocontribution pour la financer. Cette dernière, appliquée sur le prix des produits, devrait être mise en place en juillet. Un surcoût à la charge des agriculteurs. « On sait que c’est difficile pour eux en ce moment, mais on n’a pas le choix, explique David Ugolini, c’est le même principe qui s’applique au consommateur quand il achète de l’électroménager par exemple, celui du pollueur – payeur. »

Il est question de près de 30 francs supplémentaires par unité de conditionnement. « Par exemple, un bidon d’un litre coûtera 28 francs plus cher et celui de 10 litres, 280 francs. Pareil pour un sac de produits phyto d’un kilo et de 10 kilos. »

« Valoriser au maximum »

La somme sera récupérée par l’importateur, qui la reversera ensuite afin de payer le recyclage. Une à deux collectes sont prévues chaque année à partir de 2023. Un calendrier et des points de ramassage doivent être instaurés dans les villes où des besoins ont été identifiés, comme Nouméa, Bourail, Pouembout, etc.

Mais, les ordures ne pourront pas y être déposées n’importe comment. « Un cahier des charges sera réalisé », précise David Ugolini. Un appel d’offres doit également être lancé afin de choisir l’entreprise spécialisée chargée de la collecte.

Les déchets dangereux et produits phytosanitaires non utilisés seront traités à l’export dans des usines agréées, notamment en Nouvelle-Zélande. Le reste, c’est-à-dire les emballages de plastique vides, sera recyclé localement. « C’est dommage d’envoyer à Gadji, alors on s’est dit qu’on allait essayer de valoriser au maximum. » Coléo s’est, pour cela, rapproché de l’entreprise Écopavement, qui fabrique des dalles à partir de verre et de plastique.

Anne-Claire Pophillat (© archives G.C)

 


19,5 tonnes

Selon une étude menée par Calédonie bureau d’études en 2021, le gisement annuel de déchets phytosanitaires est estimé à 2,5 tonnes dont 0,5 de déchets dangereux,
et celui d’emballages d’engrais vides à 17 tonnes.

Coléo

L’association de collecte des déchets agricoles non organiques a vu le jour en novembre 2021. Elle est présidée par David Ugolini, qui représente Agridis. David Perrard, de la coopérative agricole, en est le trésorier, et Luke Giuliano, de TIP services, le secrétaire.

Parmi les autres membres fondateurs de la structure : Christopher Chambault d’Hortical ainsi que Jean-Michel Delathière (élu) et Laura Henry (responsable de service) de la Chambre d’agriculture – Dock des engrais.

Homologation

Les produits phytosanitaires qui ne sont plus utilisés sont en général soit périmés soit retirés du marché. « La Nouvelle- Calédonie dispose de son propre système d’homologation », mais suit ce qui se fait en Europe en cas de retrait pour des raisons de santé ou environnementales.

C’est ce qui devrait se passer prochainement avec l’insecticide Steward, annonce David Ugolini, dont l’autorisation de mise sur le marché a été retirée en février. « Cela devrait arriver jusqu’ici, même s’il y a toujours un délai laissé à l’importateur pour écouler son stock et à l’agriculteur pour l’utiliser. »