« Une Coupe du monde, les petits se disent maintenant que c’est possible »

Des agents approchent parfois des familles de joueur, « ce sont des choses que nous ne maîtrisons pas », note Dominique Wacalie, ancien sélectionneur de l’équipe U17 en Coupe du monde en Inde. « Mais nous informons les parents des risques ». Photo : Y.M.

Les U20 (moins de 20 ans) viennent de participer à la plus haute compétition mondiale. Les U16 et U17 sont qualifiés, tout comme les U19 filles. 2025 est une grande année pour les sélections jeunes. Entretien avec Dominique Wacalie, directeur technique de la Fédération calédonienne de football.

DNC : Au-delà des résultats de l’équipe première, les sélections calédoniennes jeunes enchaînent les qualifications en Coupe du monde. Est-ce inédit ?

Dominique Wacalie : Oui, c’est une première. C’est un résultat que nous avons souhaité il y a huit ans, lors de la qualification des U17 en Coupe du monde en 2017 en Inde. Cette première participation a constitué une référence. Nous nous sommes dit qu’il fallait encore travailler pour essayer d’en faire profiter d’autres sélections. Je l’avoue, on ne s’attendait pas à avoir tout le monde d’un seul coup ! Nous sommes un peu surpris, mais il y a eu du bon travail ces dernières années. Les jeunes en bénéficient aujourd’hui.

« Du bon travail », c’est-à-dire ?

C’est un ensemble. La fédération collabore en permanence avec les comités, les districts et les clubs. Les jeunes, garçons et filles, viennent de ces clubs, qui « surfent » sur les actions fédérales que nous mettons en place. Je citerais la formation des éducateurs, mais aussi des dirigeants pour structurer leurs clubs, également le développement du football des « petits », à partir des U6, enfin la structuration du staff des sélections nationales pour optimiser la préparation des jeunes garçons et filles en vue d’échéances internationales.

Avec ces trois domaines transversaux – formation, développement et actions d’excellence de haut niveau – et la participation des clubs et des organes déconcentrés de la fédération, l’ensemble des jeunes, des dirigeants et des éducateurs sont connectés vers un objectif commun : faire vivre des événements exceptionnels aux pratiquants et aux équipes d’encadrement. Ces événe- ments exceptionnels sont des éléments moteurs pour le club. D’ailleurs, on le voit maintenant lors des détections, tous les petits veulent faire une Coupe du monde et ils se disent que c’est possible !

Parleriez-vous aussi de jeunes générations talentueuses ?

Oui. C’est le travail le plus difficile : avoir une bonne génération. Je pense que nous y arrivons. L’idée est de faire, dans les dix ans à venir, un meilleur résultat encore. Durant les dix dernières années, nous avons observé des potentiels. Nous avons réuni les meilleurs sur une sélection qui a fait un résultat.

Maintenant, quel contenu instaurer – en termes d’entraînement, d’encadrement de qualité et de jeu au maximum – pour progresser encore dans la décennie ? C’est le prochain travail. L’ambition, c’est en compétition OFC [Oceania Football Confederation ou Confédération du football d’Océanie] de gagner contre la Nouvelle-Zélande. Et ne plus être deuxièmes. En Coupe du monde, c’est de sortir du groupe [vers les 16es de finale]. Ou d’obtenir une victoire ou des nuls. Ce seront de forts indicateurs.

En est-on vraiment loin ?

Je pense qu’on n’en est jamais loin si on s’en donne les moyens. Je ferai le maximum pour que les jeunes aient l’environnement adéquat pour pouvoir faire un résultat. Regardez le Maroc qui a éliminé la France [en demi-finale de la Coupe du monde U20 au Chili en ce mois d’octobre et vainqueur de l’Argentine en finale] ! Ce pays a mis en place des académies, il y a une vingtaine d’années, et aujourd’hui, il en récolte les fruits. Je ne fais pas de comparaison. Mais nous avons instauré cette année une académie fédérale au niveau « collège » à Païta. La tranche d’âge 12-15 ans, c’est l’âge d’or d’acquisition technique.

Des joueurs calédoniens ont connu, il n’y pas si longtemps, ou connaissent encore le haut niveau français…

Oui, mais il faut aussi comprendre pourquoi notre joueur calédonien en France ne joue pas une saison complète sans se blesser, pourquoi il n’est pas appelé en équipe de France, pourquoi il n’y a plus un Christian [Karembeu], un Antoine [Kombouaré]… Le football évolue. Certains disent : « Il faut les faire partir très tôt, à 12 ou 13 ans. » Oui et non. La réflexion doit peut-être être inverse. Que pouvons-nous mettre en place ici pour créer un environnement de qualité, sécurisant, pour qu’à 16-17 ans, quand il part vers un centre de formation, le jeune puisse tenir, être vu par des clubs de haut niveau et jouer ?

Comment la Nouvelle-Calédonie est-elle accueillie en Coupe du monde ?

On est reconnu en Océanie comme une fédération prise vraiment au sérieux. La Nouvelle-Zélande souhaite aussi cette adversité pour progresser. En Coupe du monde, pour le moment, la Nouvelle-Calédonie, les équipes ne la connaissent pas ! Les gens la cherchent sur une carte, puis ils sont heureux de voir des jeunes heureux.

Propos recueillis par Yann Mainguet

Parmi les meilleurs

Ces 24 derniers mois et semaines ont été fructueux pour le foot calédonien : victoire de la sélection calédonienne contre Gibraltar et barrage pour la Coupe du monde, participation des U20 à la Coupe du monde au Chili, suivis des U17 au Qatar en novembre, des U16 qualifiés dans ce pays en 2026, tout comme les U19 filles, en Pologne l’an prochain, toujours dans la compétition suprême mondiale… Ce qui nécessite une recherche de fonds pour la préparation. La Fifa, Fédération internationale de football association, prend ensuite en charge le transport vers le lieu de compétition ainsi que la logistique durant l’épreuve sportive internationale. La Nouvelle-Calédonie est reconnue en tant que fédération par la Fifa depuis 2004.