[DOSSIER] Un vivier de 6 millions d’habitants

crow of people walking on zebra crossing and traffic jam on Cross street in singapore.

Les Singapouriens sont réputés comme étant de grands voyageurs à forts revenus. 10,7 millions de déplacements à l’étranger étaient ainsi comptabilisés en 2019. Une opportunité pour le secteur touristique également meurtri par le Covid, mais une « page blanche » à écrire.

Les superlatifs n’ont pas manqué lors de la première opération de communication à destination des autorités et des journalistes singapouriens.

La Nouvelle-Calédonie, « joyau caché du Pacifique », « meilleur terrain de jeu de la région », sa capitale synonyme de « sophistication tropicale », sa côte Ouest « pays des cowboys », le « kanak spirit » de sa côte Est, ses îles paradisiaques, son lagon inscrit au patrimoine de l’Unesco, ses baleines, ses golfs, etc.

Tout cela sans visa, sans trop de contraintes sanitaires, avec seulement trois heures de différence, où il ne fait « ni trop froid, ni trop chaud », et où l’anglais n’est pas un problème, visiblement.

Les « expats », cible prioritaire

Nouvelle-Calédonie Tourisme (NCT), représenté par sa directrice générale Julie Laronde, est enthousiaste. En plus du redémarrage progressif des marchés touristiques traditionnels, l’ouverture de cette ligne est porteuse d’espoirs. Le GIE est soutenu par le gouvernement et le secteur du tourisme international de Mickaël Forrest qui promet des « fonds plus importants ».

Singapour représente un marché touristique de 6 millions d’habitants avides, selon les études menées, de destinations inédites, de lieux paisibles loin des foules, de grands espaces. Exactement nos atouts. Parmi eux notamment, une communauté de 160 000 expatriés dont 15 000 à 20 000 Français, « cible prioritaire », et plus précisément 3 000 familles à hauts revenus.

La troisième cible est le Sud-est asiatique qu’une région française dans le Pacifique pourrait intéresser.

Se faire connaître et donner envie
NCT a participé à la large médiatisation de l’évènement. Journalistes et influenceurs ont été invités sur le territoire (lire ci-contre). Une communication « massive » a été engagée avec Atout France, Airbus, l’ambassade de France, l’aéroport de Changi. Et la Nouvelle- Calédonie va s’afficher prochainement dans les transports, les commerces de Singapour, les réseaux sociaux…

Un séminaire a été organisé le 4 juillet pour sensibiliser 60 tour-opérateurs et de grands réseaux d’agences de voyages à la destination. Le GIE participera à un salon international à Singapour au mois d’août et cinq tour-opérateurs viendront fin octobre en formation.

NCT va tenter d’attirer l’attention des expatriés via la Chambre de commerce (1 000 adhérents – 3 000 contacts), les groupes d’expatriés sur les réseaux sociaux et en sponsorisant un salon dédié aux entrepreneurs français.

L’objectif formulé par Julie Laronde et Mickaël Forrest est d’attirer 1 000 touristes singapouriens cette année, 6 000 à l’horizon 2025. Avec, espèrent-ils, une « vraie bouffée d’air pour les professionnels locaux ». Tous les acteurs devront mettre les bouchées doubles.

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Jessie Lim, journaliste pour The Straits Times, Singapour


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« Je me demandais où était la Nouvelle- Calédonie. Je pensais que c’était en Écosse ! L’arrivée en avion était incroyable et nous avons été superbement accueillis par des danseurs. On se sent les bienvenus. Nous attendons beaucoup de ce voyage. La plage, les échanges culturels, les tribus et, bien sûr, les découvertes culinaires. Pour leurs vacances, les Singapouriens recherchent des destinations nature, parce qu’ils n’ont pas de montagnes, de beau lagon, et je pense que la Nouvelle- Calédonie a toutes ces richesses. »


Pas de petit marché pour Airbus

Le constructeur a été très engagé dans ce voyage à Singapour qu’il a d’ailleurs en partie financé. Les équipes commerciales et techniques de la région sont réunies sur ce territoire depuis deux ans. Même si la Nouvelle-Calédonie est un petit marché (quatre avions commandés ces dernières années), comparé aux géants australiens ou chinois, la concurrence est rude dans la région Asie-Pacifique.

C’est là que la demande sera la plus forte dans les années à venir (42 % des besoins mondiaux dans les catégories moyen et long-courrier et doublement du fret aérien d’ici 2040). « La région est très importante, confirme Sangita Rughooputh, directrice des opérations Asie-Pacifique. Et nous sommes là pour aider les clients et les économies. »

La Nouvelle-Calédonie est aussi considérée comme un marché français… C’est pourquoi, par exemple, l’avionneur n’a pas apprécié que la Polynésie française lui préfère Boeing.