Un troisième référendum pour les Calédoniens

Les Calédoniens retourneront aux urnes une troisième fois pour décider de leur avenir, après la demande formulée par les indépendantistes. Le choix de la date soulève déjà le débat et va sûrement être abordé à Paris avec le président de la République. Il devra, en tout cas, se tenir avant octobre 2022.

Les indépendantistes ont donc déposé une demande officielle d’organisation du scrutin. Une demande signée conjointement par l’Union calédonienne-FLNKS et Nationalistes et l’Union nationale pour l’indépendance.
La promesse avait été faite par le FLNKS une dizaine de jours après le deuxième référendum, dopé par les 46,74 % de voix en faveur du oui. Et les indépendantistes pouvaient effectivement entreprendre cette démarche six mois après le deuxième référendum, soit à partir du 4 avril cette année, ce qu’ils ont fait le 8 auprès du représentant de l’État, le haut-commissaire, Laurent Prévost. Les groupes indépendantistes doivent maintenant s’accorder sur la période : l’UNI veut un référendum d’ici la fin de l’année, alors que l’Union calédonienne préfère se donner du temps et évoque fin 2022, comme le souligne Daniel Goa, son président. « Nous avons reporté en 2022 pour qu’on ait le temps de recevoir le document préparé par l’État en ce qui concerne le oui et le non et donc de pouvoir l’exploiter dans cette campagne référendaire. » Histoire de mieux préparer la campagne et aussi de régler un autre désaccord : celui qui les oppose dans la mise en place du 17e gouvernement. Louis Kotra Uregei, le président du Parti travailliste, a d’ailleurs indiqué qu’il fallait que le troisième référendum se déroule le plus tard possible, « pour sortir un peu de l’image négative de ce gouvernement fantôme »…

Les préparatifs se profilent

Suite à cette demande, les réactions ne se sont pas fait attendre. Le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, a pris « acte de la demande par plus d’un tiers des membres du Congrès de l’organisation de la troisième et dernière consultation électorale, prévue par l’Accord de Nouméa ». Il ajoute que « l’État, signataire et garant de l’Accord de Nouméa, respectera sa parole et organisera ce référendum avant le mois d’octobre 2022. Les préparatifs débuteront prochainement, en association étroite avec le Comité des signataires ». Le ministre a également souligné que les conséquences du oui et du non doivent être approfondies « au niveau technique, mais aussi politique ». C’est pourquoi une invitation a été lancée aux diverses sensibilités politiques calédoniennes pour une réunion de travail qui aura lieu du 25 mai au 3 juin, à Paris.

Le plus tôt possible

Pour les Loyalistes, un troisième référendum binaire comporte un « risque majeur, mais réel, de retour aux affrontements » allusion faite « aux conditions de violences et d’intimidations » lors de la deuxième consultation dans certains bureaux de vote. L’Avenir en confiance explique aussi que « le risque serait encore plus grand si la campagne référendaire venait à se chevaucher avec la campagne présidentielle, comme cela s’est passé en 1988. Dans ces conditions, les Loyalistes, ayant acté le refus des indépendantistes de prendre part à toute recherche de solutions consensuelles, demandent à l’État que le référendum soit organisé le plus tôt possible, c’est-à-dire avant la fin de cette année ». Générations NC est du même avis, car « c’est mauvais de vivre dans l’incertitude pour l’économie ou le vivre ensemble ».

Du côté de Calédonie ensemble, il faut absolument une sortie de l’Accord « intelligente et consensuelle » et les prochains échanges sous l’autorité du président de la République offrent « une ultime opportunité de sortir de la nasse référendaire dans laquelle nous sommes engagés ». Le parti avance que « soit les discussions prévues à Paris, fin mai, nous permettent de poser les bases d’un référendum de rassemblement et dans cette hypothèse, la date de septembre 2022 fait sens (…). Soit ces discussions sont infructueuses parce que les indépendantistes continuent d’enfermer notre avenir dans un référendum binaire et dans ce cas, (…) autant organiser le troisième référendum dès la fin de l’année ».

Avant octobre 2022

Si l’épineux point de la date va faire sûrement couler encore beaucoup d’encre, la question sera certainement abordée à Paris lors de l’entretien prévu avec Emmanuel Macron. Le Conseil d’État a fixé la période au plus tard deux ans après le deuxième scrutin, donc avant octobre 2022. La date définitive sera décidée par l’État, une fois qu’il aura fixé les possibilités d’encadrement des procédures de vote et que le Comité des signataires l’aura entérinée. L’État avait déjà souligné en la personne de son ancien Premier ministre, Édouard Philippe, et confirmé par l’actuel, Jean Castex, qu’il fallait éviter que la question calédonienne devienne un enjeu de la campagne de l’élection présidentielle prévue en avril 2022.


Quelle suite pour la procédure ?

La question a été posée à Laurent Prévost par nos confrères de NC La 1ère. Au-delà des discussions sur les conséquences du oui et du non, « il y a un travail juridique, un travail de construction des listes électorales et aussi une préparation de renforts à prévoir. Bref, il y a de quoi faire et puis il y a aussi les discussions politiques et tout cela étant, à la fin, repris dans le Comité des signataires qui doit être évidemment consulté sur les décisions à prendre et en particulier, sur la date du troisième référendum ».