« Foot US : Un sport physique réglé comme du papier à musique »

C’est une discipline encore récente en Nouvelle-Calédonie, mais qui attire de plus en plus de joueurs. Avec quatre clubs créés en moins de dix ans d’existence, le football américain promet de s’épanouir. Pour Julien Bertaux, président de la ligue depuis sa création en 2016, il ne s’agit que d’un début.

DNC : Que représente le football américain en Nouvelle-Calédonie ?

Julien Bertaux : C’est une discipline assez récente, moins de dix ans. Mais on compte déjà quatre clubs dans le Grand Nouméa : les Flying Fox de Nouméa, les Sharks de Dumbéa, les Tama Toa du Mont-Dore et les Wolves de Païta. Ce qui fait 150 licenciés dans deux disciplines, le football équipé, comme on le voit à la télé, et le flag, qui est la porte d’entrée dans la discipline. C’est une version sans contact qui permet d’apprendre les bases. Le placement, les tacles, les tracés et autres. Une fois ces concepts assimilés pour les joueurs de plus de 18 ans, on commence à mettre le casque pour jouer avec les règles classiques.

Selon vous, qu’est-ce qui séduit ?

Il y a deux facteurs qui expliquent l’arrivée du foot US. On a une culture qui est largement influencée par celle des Américains. Donc tout ce qui touche aux États-Unis est plutôt bien vu. Ensuite, c’est un sport qui est sympa. Il y a tout l’équipement, le casque et les protections, il y a les chocs. On a l’image du joueur fort. Et ici, ça tombe bien puisque des joueurs forts, il y en a plein ! Je dirais que la force physique et l’affrontement en un contre un, c’est ce qui plaît de prime abord. Mais le foot US, ce n’est pas que ça. Une fois sur le terrain, on se rend compte que cette pratique, c’est du papier à musique. Un chef d’orchestre, qui est le coach sur le côté du terrain, et un quarterback, comme soliste. Tous les autres jouent de concert pour que l’action se déroule correctement.

Comment ce sport est-il arrivé ?

C’est tout simplement l’histoire de trois ou quatre copains qui ont acheté un ballon pour s’amuser et qui se sont dit que cela pourrait être sympa de créer un club. C’est comme ça qu’est né le club des Flying Fox, la section football américain de l’Olympique en 2012. Moi, j’ai joué pendant 10 ans en Métropole avant d’arriver et c’était logique de rejoindre le club. Quasiment au début. Et puis après quelques mois, avec un ami, également joueur en Métropole, nous avons aidé à développer la structure avec des entraînements et des commandes de matériel. Une fois lancés, nous avons quitté les Flying Fox pour créer les Sharks (qui à l’époque étaient basés à Nouméa, NDLR) pour avoir un deuxième club et organiser enfin des matchs !

En somme, un peu comme un duel au début ?

Exactement. Mais c’est comme ça dans toutes les disciplines. C’est une cellule qui grossit avec le temps et qui finit part se scinder pour former deux clubs. Et ensuite dans chaque club, on retrouve des joueurs qui ont envie de créer aussi leur club. C’est une bonne dynamique et ça permet d’engager une rivalité saine sur le terrain. Parce qu’en dehors, on fait tous partie de la même famille (sourire).

Comme voyez-vous l’évolution de ce sport ?

On a été touché, comme tout le monde, par la crise sanitaire, donc on est phase de reprise. L’idée, c’est de stabiliser les effectifs au sein des clubs et de les étoffer pour arriver à 250 joueurs en tout. Cela nous permettra de pérenniser le championnat. Ce vivier va nous permettre ensuite de créer une sélection calédonienne pour aller se confronter à nos voisins dans le Pacifique. C’était d’ailleurs dans les plans de se rapprocher de l’Australie afin d’organiser des rencontres dans un pays qui a des équipes et des championnats bien en place. Malheureusement, le contexte a rendu ce projet impossible. Mais ça se fera plus tard, j’en suis sûr.

Et au niveau local ?

L’un des objectifs, c’est de créer une équipe style « Barbarians » au rugby. Elle regrouperait les meilleurs joueurs des Flying Foxes, des Tama Toa et des Wolves. L’idée, c’est de battre enfin les Sharks, une équipe qui n’a jamais perdu de son histoire ! Et puis, l’autre grand objectif, c’est de monter des équipes jeunes, ce qui a déjà été commencé au sein des Flying Foxes. Pour y arriver, on aimerait faire entrer le flag dans le sport scolaire pour développer un vivier. Il n’y a pas d’équipe seniors performante sans des jeunes qui font du flag en amont.


Le foot US pour les nuls

Sport collectif qui se joue à onze contre onze, le foot US est une discipline typiquement américaine à l’image du base-ball. Comme pour le rugby, le but du jeu est de marquer des points en amenant le ballon dans l’en-but adverse. Pour cela, une équipe qui attaque a l’obligation de parcourir au moins 10 yards en moins de quatre tentatives. Une fois cette distance franchie, l’équipe a à nouveau quatre essais pour passer les 10 yards suivants. L’équipe qui défend doit empêcher les attaquants de marquer. L’aspect tactique a donc un rôle très important.

A.B.

Photos A.B.