Un roman sur les liens qui unissent les Calédoniens

Yannick Jan, chef d’entreprise et auteur calédonien, vient de publier son nouveau livre Liens de sang, écrit durant sa résidence d’écriture au château Hagen en 2020-2021. Un roman d’espionnage qui mêle géopolitique, histoire et aventure au féminin.

L’histoire se passe en 1997. Une organisation internationale lance une mystérieuse opération nommée le Cercle, aux ambitions plutôt floues, en Nouvelle-Calédonie et sur toute la zone Pacifique. Cinq espionnes calédoniennes sont chargées de déjouer cette opération. Il s’agit de Waiko, Isabelle, Kaavo, Marina et Françoise. Toutes ont un caractère bien trempé, et une spécialité… bien à elles. Une est la « nettoyeuse », l’autre est tireur d’élite. Il y a l’experte du blanchiment, la spécialiste des télécommunications et la cheffe de groupe et interrogatoire. Ces femmes, imaginées par Yannick Jan, sont les héroïnes de son nouveau roman Liens de sang. Elles font voyager le lecteur aux Fidji, au Vanuatu, à Melbourne et même au Vietnam. Et bien évidemment ici, en Nouvelle-Calédonie. « Il y a environ 60 % de l’histoire qui se passe à Nouméa. On voyage au marché municipal, au château Hagen, sur l’anse Vata, rue de l’Alma. Il y a une partie qui se déroule aussi à Païta et Koumac. J’ai essayé de reprendre des endroits que les gens connaissent bien pour leur donner une autre vie », explique l’auteur.

UN CLIN D’ŒIL AUX FEMMES ENGAGÉES DANS LA FRANCE LIBRE

Avec ce nouveau livre, 100 % féminin, Yannick Jan rend hommage à toutes les femmes calédoniennes qui se sont « engagées dans la France libre » et à tous les anciens du bataillon du Pacifique. Un clin d’œil qui lui tenait à cœur. « Dans ce livre, je parle aussi beaucoup de valeurs, d’engagement, de solidarité. C’était aussi de rappeler, qu’à un moment donné, la Nouvelle-Calédonie avait su se rassembler et s’unir. Ils sont tous allés au-delà des différences même si c’était la Seconde Guerre mondiale. » Au fil des pages, l’écrivain aborde tous les liens qui unissent les Calédoniens. Les liens de sang. Pas forcément familiaux mais tous ceux, visibles, parfois invisibles ou non-dits. D’où l’origine de ce titre. Et puis, il y a aussi forcément un peu de politique. « L’histoire est quand même basée sur des faits réels même si les personnages sont fictifs. Je voulais montrer qu’il se passe des choses aujourd’hui en termes de géopolitique. Qu’il y a des grandes puissances qui s’activent très fortement pour l’occupation du Pacifique et que la Nouvelle-Calédonie est au cœur de toutes les convoitises. Il faut garder un œil autour de soi. »

MAISON D’ÉDITION

Ce deuxième roman d’espionnage est radicalement opposé à son premier, L’écrivain, plutôt très masculin et très psychologique. « C’est un roman sombre qui parle de l’ascension et de la déchéance d’un écrivain. Je voulais tenter d’écrire sur des personnages féminins pour voir si j’en étais capable. » Changer de registre n’est pas une difficulté pour l’auteur, lui qui aime bien diversifier sa plume dans la poésie ou encore dans l’heroic fantasy. « Je suis en train d’écrire un ouvrage plutôt jeunesse. C’est un projet en cours et un autre ressemblera à de l’espionnage », confie-t-il. Après s’être consacré à l’écriture, en parallèle de son activité de chef d’entreprise, Yannick Jan aimerait désormais surtout se focaliser sur sa maison d’édition, O Éditions, fraîchement créée. « C’était un défi que j’avais envie de relever. Aujourd’hui, on n’a plus d’éditeurs en Nouvelle-Calédonie ou très peu. » D’ici l’année prochaine, il aimerait publier au moins deux nouveaux auteurs. « Je lance un appel car j’aimerais que les chefs d’entreprise deviennent des partenaires dans le soutien de la littérature calédonienne. Il faut que les gens s’investissent », souligne-t-il. Une belle porte d’entrée afin de donner la chance à de nouveaux talents.

Edwige Blanchon