Un pont aérien avec les îles Loyauté

Le confinement des îles a nécessité la fermeture des aérodromes. La vie impose toutefois des liaisons minimales afin d’approvisionner les Loyauté en médicaments, produits alimentaires ou encore pour assurer des évacuations sanitaires. Air Loyauté est l’un des artisans de ce pont aérien, en lien étroit avec la province des Îles.

Les coutumiers des Loyauté ont été les premiers à prendre la mesure du risque lié à la pandémie de Covid-19, qui épargne désormais peu de pays dans le monde. Après le refus de recevoir les paquebots de croisière, les autorités coutumières ont imposé la fermeture des aérodromes. Les îles ont toutefois besoin d’un lien avec la Grande Terre pour les produits de première nécessité, aussi bien sanitaires qu’alimentaires.

Dès le 19 mars, la petite compagnie au papillon bleu s’est mobilisée pour assurer les rotations entre Lifou, Ouvéa, Maré et la Grande Terre. À Lifou, la fermeture de l’internat, et plus généralement l’annonce du confinement, a nécessité le transport de personnes dans les autres îles. Au total, pas moins de 116 passagers ont été ramenés chez eux, à Ouvéa et Maré, et des touristes ont été transférés sur Nouméa.

Un pont indispensable pour la continuité des soins

Une fois l’urgence passée, l’idée d’un pont aérien s’est rapidement imposée face à la nécessité de maintenir certaines activités, en particulier l’offre de soins. « Ce pont aérien répond à un besoin d’approvisionnement du fret sanitaire, souligne Marie-Rose Waia, la directrice de l’action communautaire et de l’action sanitaire (Dacas) de la province des Îles. Nous avons, par exemple, besoin de masques, de gel, mais aussi de médicaments pour renouveler les stocks des pharmacies, approvisionner en matériel les ambulanciers et les cabinets médicaux privés d’infirmières et de médecins ».

Toujours sur le plan sanitaire, la compagnie assure également les évacuations sanitaires. Une nécessité pour « éviter la dégradation de l’état de santé des patients », insiste Marie-Rose Waia. Au passage, les rotations permettent d’acheminer les prélèvements destinés à être analysés sur Nouméa. C’est notamment le cas des prélèvements réalisés dans le cadre du dépistage du Covid-19 qui sont analysés de manière centralisée au laboratoire du Médipôle. Air Loyauté continue aussi d’assurer le transport des défunts vers Nouméa, ce que la compagnie faisait déjà avant le début de la crise.

 Assurer un minimum d’activité

En dehors du cadre sanitaire, le pont aérien permet aussi de répondre aux besoins sociaux des habitants des îles. Les liaisons aériennes, dont les rotations passent désormais quotidiennement par Maré, Lifou puis Ouvéa, garantissent l’approvisionnement des commerces alimentaires en produits divers et variés.

Si les familles des Loyauté peuvent compter sur la solidarité, les petites entreprises, en particulier celles liées au tourisme, sont fortement impactées par la suspension des paquebots et la fermeture des hôtels. Si la poursuite du confinement devait être décidée, les conséquences pour la population devraient commencer à poser des problèmes, sans parler des ressortissants de la province, qui se retrouvent coincés à Nouméa et pour lesquels aucun transfert n’est prévu.

La province travaille sur le dossier, en lien avec les autorités coutumières et les communes, notamment sur des dispositifs d’aides financières pour ces personnes ainsi que les entreprises touchées par l’arrêt des activités, notamment touristiques. Une réflexion est également en cours afin qu’Air Loyauté puisse transporter du fret au retour vers la Grande Terre. Une mesure pour que les producteurs puissent continuer à écouler leurs excédents vers Nouméa.

M.D.