Un plan contre les cambriolages et les vols de véhicules

Devant la hausse des atteintes aux biens sur le territoire, le haut- commissariat lance un plan d’action « offensif » basé en particulier sur le renforcement des opérations des forces de l’ordre et une plus grande coordination entre la gendarmerie et la police.

Les chiffres font froid dans le dos. Ces cinq dernières années, le nombre de cambriolages a augmenté annuellement, en moyenne de 14 %, passant de 1 367 cambriolages constatés en 2011 à 2 338 faits en 2015. Pire, sur les huit premiers mois de 2016, la hausse est de 24 % par rapport à l’année dernière (1 751 faits constatés). Les cambriolages touchent en particulier les résidences principales (62 %) mais les atteintes aux locaux d’activités professionnelles en zone gendarmerie progressent à un rythme de 21 % sur les trois dernières années.

Les vols de véhicules ont augmenté de 3 % annuellement depuis cinq ans avec 2 593 faits enregistrés en 2015. Mais là aussi, l’année 2016 est marquée par une recrudescence importante, de 18 %. Les véhicules les plus ciblés étant les roulottes et les automobiles (47 et 36 %).

Des vols de jour et beaucoup de mineurs

Le constat est là. Même si les chiffres sont « contenus » au regard de la situation nationale et que les taux d’élucidation sont « comparativement élevés » (plus de dix points d’écart), la situation est légitimement mal vécue et vient, par ailleurs, peser sur les ressources financières des Calédoniens dans un contexte économique difficile, note le haut-commissariat.

Les forces de l’ordre ajoutent qu’il existent des « modes opératoires spécifiques à la Nouvelle-Calédonie » : qu’il s’agisse de vols de voitures ou de cambriolages, les faits sont généralement « opportunistes » ne suivant pas de plans préétablis et soignés, complexifiant par conséquent l’action des forces de l’ordre. Ils se produisent surtout le vendredi, le week-end et le lundi et les délinquants n’attendent pas la nuit pour agir : 35 % des faits se déroulent la journée. Et puis, c’est un fait, police et gendarmerie sont confrontées à des bandes de jeunes (+ de 58 % de mineurs en 2015 pour les cambriolages et entre 35 % et plus de 50 % pour les vols de véhicules).

Face à cette situation inquiétante, le haut- commissariat a décidé de s’inscrire dans la lignée du plan de sécurité outre-mer présenté par le ministre de l’Intérieur et la ministre des Outre- mer en juin dernier. Et de tenir compte à la fois des travaux réalisés par le secrétariat général du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation, venu en mai 2016, et des recommandations de la fameuse mission conjointe de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) et de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) menée au mois d’avril.

Montée en puissance

Pour lutter contre la population délinquante, caractérisée comme nous venons de le décrire, le haut-commissariat en liaison avec la Direction de la sécurité publique et le commandement de la gendarmerie nationale a prévu un plan en quatre axes.

Il annonce notamment une cartographie des actes de délinquance intégrant les données spatio-temporelles et le profil des personnes mises en cause, ainsi qu’une adaptation en permanence du dispositif opérationnel en fonction de l’évolution du phénomène.

Les opérations conjointes de gendarmerie et des polices nationale et municipale vont être renforcées via une convention de coordination (Corat*), signée vendredi dernier, notamment pour s’adapter au « va-et-vient » des délinquants entre le centre et la périphérie.

Le plan prévoit par ailleurs la montée en puissance de la police technique et scientifique avec, est-il espéré, un renforcement du personnel et la création d’un groupe d’enquêtes commun police et gendarmerie spécifique aux « raids » commis en zone urbaine depuis la brousse.

Les modes de patrouille, avec des motos tout- terrain et VTT par exemple, seront diversifiés pour répondre à la mobilité des délinquants et devenir plus « visibles ».

L’exploitation des caméras de vidéosurveillance va être « systématisée », les mesures telles que « tranquillité vacances » renforcées tout comme la sensibilisation auprès du public qui doit, lui aussi, prendre les mesures adéquates pour se protéger.

* La convention de coordination opérationnelle renforcée dans les agglomérations et territoires prévoit le renforcement de la coordination entre les services de gendarmerie et de police sur l’échange d’information, l’organisation d’opérations coordonnées, la mutualisation des moyens spécialisés ou la réaction à une situation urgente et exceptionnelle.

C.M.

Photo HC