Un mois de plus pour développer l’export sur Fidji

Et si l’export dans le Pacifique permettait aux chefs d’entreprise calédoniens d’étendre leur marché ? Le cluster NCT&I* en est convaincu. C’est pour cette raison qu’il a mis en place, en avril, une plateforme virtuelle facilitant les échanges commerciaux entre les deux territoires. Ce dispositif inédit devait se terminer fin mai. Il vient d’être prolongé d’un mois.

« C’est la première fois que la Nouvelle-Calédonie a une démarche de coopération économique au long cours, structurée, profonde et qui avance, étape par étape », argumente le cluster NCT&I, qui travaille depuis 2019 au développement de l’export dans la région. Il y a deux ans, une quarantaine de chefs d’entreprise s’étaient déplacés à Fidji afin de se faire connaître et mieux cerner les opportunités d’affaires dans la zone. Il faut dire que l’archipel a de véritables atouts : c’est un marché très structuré de près d’un million d’habitants qui abrite tous les bailleurs de fonds.

Des échanges encore instables

Pourtant, les échanges économiques entre les deux pays restent ponctuels et instables, liés à des opportunités commerciales, comme l’export de systèmes de filtration d’eau, d’équipements électriques, d’instruments de mesure et de quelques produits agroalimentaires. « En termes de chiffres, cela fluctue énormément, certaines années cela représente entre 15 et 50 millions de francs. D’autres années, ça peut monter jusqu’à 350, 400 millions », précise Rhenaud Hette, chargé de mission à Fidji pour NCT&I pour justement promouvoir et développer les échanges commerciaux.

Selon le cluster, la méconnaissance mutuelle est un frein considérable au développement des affaires. Évidemment, la crise sanitaire et la fermeture des frontières n’ont rien arrangé.

Développer les échanges malgré la crise

Afin de poursuivre la dynamique instaurée en 2019 et mise à mal par la crise sanitaire, NCT&I et son partenaire, Investment Fidji, ont activé, en avril, une nouvelle plateforme numérique. Concrètement, il s’agit d’un site Internet mettant en contact les entreprises calédoniennes et fidjiennes.

Ce forum promotionnel offre un espace de visibilité aux entreprises. Pour celles qui ont déjà des contacts depuis la dernière visite, c’est aussi l’occasion de concrétiser leur démarche.

« Plusieurs projets sont en très bonne voie pour aboutir, malgré les nombreux obstacles. »

« Nous sommes déjà implantés en Polynésie et nous souhaitions être présents sur Fidji. Nous travaillons activement depuis huit mois à l’implantation d’un site internet semblable à bienmeloger.nc à Fidji et nous sommes en phase de finalisation, explique Caroline Crouzet, responsable export chez Skazy. NCT&I et Rhenaud Hette nous ont aidés à développer nos contacts sur place, ce qui devrait nous permettre de lancer le projet dans le courant de l’année ».

Cette plateforme offre aussi l’opportunité, pour les entrepreneurs fidjiens, d’envisager l’import dans la région. « Actuellement, plusieurs projets sont en très bonne voie pour aboutir, malgré les nombreux obstacles, ce qui est encourageant pour la suite », se réjouit Rhenaud Hette.

Agriculture, santé, ingénierie…

NCT&I a identifié plusieurs secteurs économiques susceptibles de développer des échanges : l’agriculture (avec notamment l’export de génétique bovine et porcine), la santé (fourniture de matériel médical, tourisme médical), les services (prestations de consulting, d’ingénierie, de recrutement et d’informatique) ou l’expertise dans certains domaines (mines et BTP).

Grâce à cette plateforme virtuelle, les chefs d’entreprise calédoniens peuvent trouver des distributeurs, acheteurs ou partenaires dans les secteurs concernés. L’interface devait être opérationnelle jusqu’à fin mai, mais NCT&I a décidé de prolonger son accès pendant un mois. Il reste donc encore trois semaines aux entreprises calédoniennes pour aller y jeter un coup d’œil et peut-être, se lancer à l’aventure.

*NCTI ( New Caledonia Trade and Invest) est un cluster créé pour accompagner les entreprises calédonienness qui veulent développer l’export dans les pays de la région.


Trois questions à Rhenaud Hette, chargé de mission à Fidji pour NCT&I
« Une vingtaine d’entreprises mises en relation grâce à la plateforme »

DNC : Depuis quand êtes-vous en poste à l’ambassade de France ?

Rhenaud Hette : En septembre 2020, j’ai rencontré l’équipe de NCT&I à Nouméa. J’ai aussi vu un maximum d’adhérents afin de comprendre leurs besoins dans le Pacifique, et plus spécifiquement à Fidji. Un mois et demi après, j’étais à Fidji où j’ai été chaleureusement accueilli au sein de l’ambassade de France à Suva, auprès de la représentante de la Nouvelle-Calédonie à Fidji.

Quels sont les retours concernant de la plateforme ?

Elle a permis la mise en relation d’une vingtaine d’entreprises de secteurs économiques différents (kava, bois, produits bio, chocolat…). Elles sont maintenant en discussion pour envisager de potentiels achats, voire de joint-venture (association d’entreprises ayant pour objet la réalisation d’un projet commun, NDLR).

NCT&I a repoussé d’un mois la fermeture de la plateforme virtuelle. Que va-t-il se passer après ?

NCT&I entretient une forte relation avec Investment Fiji, le partenaire à l’initiative de cette plateforme. Nous continuerons à collaborer avec eux par la suite. Fin juin, nous ferons le bilan de cet événement pour réfléchir à de nouvelles formes de collaboration virtuelles, nécessaires en ces temps de crise. Il n’est pas impossible que cette plateforme refasse surface plus tard dans l’année ou en début d’année prochaine sous un format peut-être différent.

V.G.

©Ncti/ DR