Alors qu’une annonce de l’actionnaire Glencore doit intervenir fin février sur le devenir de son partenariat dans le Nord, la direction de Koniambo Nickel SAS envisage toutes les options.
Les mots de Neil Meadows sont lourds. « Nous devons nous préparer à toutes les éventualités. » Dans un communiqué interne diffusé le 23 janvier, le président de Koniambo Nickel SAS dépeint une situation autant réaliste que potentiellement alarmiste pour le site minier et métallurgique du Nord. L’avenir de la société calédonienne se joue aujourd’hui. Or, ce complexe industriel de plus d’un millier de salariés, né d’une lutte politique, est l’outil historique et économique du rééquilibrage entre les provinces.
Dernier acte, le groupe de travail nickel, initié par le ministre Bruno Le Maire et composé de cadres de l’État, du gouvernement calédonien, des institutions provinciales, du Congrès ou encore des directions de la filière, n’est pas parvenu à un accord final en janvier. Preuve du sérieux des réunions, les actionnaires de KNS étaient représentés par Karl Therby, PDG de la SMSP, ainsi que par Peter Freyberg et Wayne Ashworth, respectivement responsable des actifs industriels et responsable des actifs industriels du nickel chez Glencore. Pour le géant suisse du négoce des matières premières, la période est en effet décisive, après l’annonce en septembre 2023 de son intention de cesser de financer l’usine du Nord à la fin du mois de février « si aucune nouvelle solution de financement n’était identifiée ». La multinationale pilotée par Gary Nagle a déjà beaucoup investi dans la structure KNS déficitaire : 9 milliards de dollars depuis le début du projet.
VEILLE À FROID OU À CHAUD
« Tous les scénarios possibles » sont désormais envisagés, selon le président Neil Meadows. Il existe a priori trois options. La première, la plus favorable, repose sur un financement sous conditions, garanti par l’État, ou accordé finalement par Glencore, l’actionnaire à hauteur de 49 % et financeur à 98 %. La deuxième hypothèse, la plus dramatique, tend vers une mise en veille à froid des activités, ce qui correspondrait à la fin de cette industrie métallurgique à Voh, avec son cortège d’impacts directs et indirects catastrophiques dans la région et sur le territoire. La troisième option, la plus entendue actuellement, équivaut à la mise en veille à chaud, le temps de trouver une solution fiable pour sauver l’entreprise. Cette formule, qui n’est pas simple, intégrerait tout de même l’arrêt de la mine et le retrait de plusieurs centaines d’employés. Les fours seraient maintenus en mode veille ou « idle ». Ce qui représente un coût certain.
Toutes ces possibilités seront analysées lors du conseil de direction de Koniambo Nickel prévu ce 1er février. Une décision sera prise ensuite. Des progrès notables ont pourtant été enregistrés en 2023 au niveau de la production de ferronickel : à plusieurs reprises, 3 000 tonnes de métal environ ont été coulées par mois, ce qui constituait un objectif. Mais un handicap lourd pèse toujours dans les finances de la société : « l’énergie représente le premier poste de dépense des usines pyrométallurgiques » avec, particulièrement, « environ 30 % à 50 % des coûts fixes et variables de l’usine de KNS », signalaient l’Inspection générale des finances et le Conseil général de l’économie dans leur rapport publié en juillet 2023, à la demande de l’ancienne Première ministre Élisabeth Borne.
Yann Mainguet