Un équipement haut-de-gamme pour certifier la qualité des produits naturels

L’Université de la Nouvelle- Calédonie (UNC) et la startup NC Bioressources ont dévoilé jeudi 7 juillet des équipements scientifiques de pointe, destinés à accompagner les producteurs, en particulier dans l’agriculture. Les partenaires partagent le financement, l’utilisation et les connaissances produites, un modèle jugé vertueux par les pouvoirs publics.

La vanille de Nouvelle-Calédonie est d’une qualité exceptionnelle, personne n’en doute ici… Mais encore faut-il pouvoir le prouver aux acheteurs étrangers. Désormais, au sein de l’université, des équipements sont capables de mesurer le taux de vanilline d’une gousse, dans des délais très courts et pour quelques milliers de francs. Finis, les fastidieux envois d’échantillons en Métropole.

Voilà l’une des innombrables possibilités offertes par le « plateau d’analyse mutualisé » et son matériel scientifique dernier cri, présentés par l’Université de la Nouvelle-Calédonie (UNC) et la startup NC Bioressources, qui se propose de « mettre de la science derrière les produits » selon la formule de Paul Coulerie, son directeur. « Les objectifs initiaux du projet sont de valoriser la biodiversité du Pacifique Sud et de permettre le développement d’activités commerciales à effet positif sur l’environnement et l’économie », explique celui qui a réalisé son doctorat à Nouville, il y a quelques années déjà.Aujourd’hui, dans le bâtiment du pôle Sigma, il bénéficie du nec plus ultra.

Ultraviolets, infrarouges, spectométrie de masse …

Les nouvelles machines permettent d’étudier les propriétés spectroscopiques de la matière organique (les chaînes hydrocarbonées – pas de minéraux, pas de microbiologie) par l’utilisation des ultraviolets, des infrarouges et de la masse moléculaire. Arrivée de gaz, stockage, chambres froides, salles de chimie, cuves, broyeurs… Tout y est. « L’environnement de travail est idéal, il est largement comparable à ce que j’ai pu voir ailleurs dans le monde », assure Paul Coulerie.

Aboutissement de quatre années de travail, l’investissement a nécessité 50 millions de francs, dont 15 apportés par l’UNC et par l’État. La rentabilité ne semble pas inquiéter l’entreprise, dans la mesure où les clients potentiels (privés et publics) sont aussi nombreux que les utilisations des machines : détection de drogues dans l’urine, analyses antidopage, recherche de pesticides dans les produits agricoles, certification d’un antimoustique…

« Un modèle »

Pour Catherine Ris, présidente de l’UNC, ce partenariat public-privé démontre bien la « complémentarité » entre les mondes académique et économique. « Il s’inscrit dans nos activités en matière d’innovation, de transfert et d’inscription de la science dans la société. »

L’université et NC Bioressources partageront les équipements, mais aussi les connaissances produites : ce système « exemplaire » peut devenir « un modèle d’innovation de rupture dans les pratiques de formation et de recherche et dans les projets de valorisation du patrimoine calédonien », poursuit Catherine Ris. Patrice Faure, haut-commissaire, est du même avis. « Il faut mutualiser au maximum pour que les financements publics ou privés servent à l’action, pas uniquement au fonctionnement. Dans la recherche, il y a beaucoup de fonctionnement, mais plus on mutualise, plus on garde de l’argent pour l’investissement productif. »

Gilles Caprais

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