Un des premiers bâtiments économes en énergie

Dans le secteur de la construction, plusieurs initiatives locales s’inspirent des principes de la conception bioclimatique. Zoom sur l’une d’entre elles, celle de Cegelec, réfléchie pour réduire son empreinte environnementale.

La transition énergétique de la construction de met doucement en place sur le territoire depuis l’entrée en vigueur, en juillet 2020, du RCNC, le Référentiel de la construction en Nouvelle-Calédonie, qui a notamment pour objectif d’améliorer la qualité de la construction.

Chez Cegelec NC, groupe Vinci Énergies, la décision de lancer la réalisation à Numbo, à Nouméa, d’un ensemble de bureaux pour ses différentes
filiales a été prise en 2021. L’idée : en faire un bâtiment performant labellisé HQE (pour haute qualité environnementale) et BDCal (pour bâtiments durables calédoniens).

UNE OPÉRATION « COMMANDO »

« Chez Vinci, on regarde les qualités environnementales des constructions de très près », indique Benoît Lecinq, directeur général de Vinci Énergies France, venu en octobre pour la pose de la première pierre de l’édifice.

Le développement du programme a été une opération « commando » pour Marine Bohelay, de Sodim Pacifique (Vinci Construction). « On a été moteur, sur certains sujets, pour appliquer les démarches BDCal et de la performance énergétique des bâtiments, dite PEB, en même pas un an. Le bureau d’études Capse nous a conseillés sur la partie environnementale, en tenant compte du fait que Cegelec acceptait d’être projet pilote mais ne testerait pas de matériaux pouvant impacter la structure ou n’ayant pas encore été mis en œuvre. »

UN PROJET LE PLUS BIOCLIMATIQUE POSSIBLE

Gestion des eaux, de l’énergie et des déchets, intégration sur le site existant, chacun de ces thèmes a été abordé en définissant des objectifs à atteindre.

L’architecte Ollivier Dalla Vecchia, de l’agence Archipel, les a inclus dans sa proposition, pour un projet le plus bioclimatique possible. « Côté matériaux, on n’a pas les meilleurs points BDCal, reconnaît Marine Bohelay. Mais on a essayé de faire le maximum en choisissant des matériaux innovants, recyclables, recyclés et locaux lorsque c’était possible. »

Pour Ollivier Dalla Vecchia, « avant de parler technique, électronique et technologies high tech, il faut une conception pertinente en lien avec son environnement. Car la durabilité d’un bâtiment réside aussi dans son évolution dans le temps et concerne son orientation par rapport au vent, au soleil, à la lumière, aux usages en lien avec le milieu industriel, d’où le choix d’un bâtiment étanche, avec du double vitrage et des brise-soleil, et un système d’aération automatisé pour le rafraîchir la nuit. »

ÉTIQUETTE ÉNERGIE A

Hélène Tabellion, du bureau d’études Capse, chargée de vérifier que l’ensemble des procédés et des prescriptions sont mis en œuvre par les entreprises, souligne que ce travail a été récompensé. « On a décroché une médaille d’argent BDCal en phase conception, le label est en cours pour la phase réalisation et à venir pour l’exploitation. On vise l’argent pour les trois labellisations de la démarche, voire l’or. On a aussi été un des cinq lauréats de l’appel à projets Performance énergétique des bâtiments lancé par le gouvernement. Et Capse a obtenu une subvention pour le projet, qui a reçu une étiquette énergie A. »

Et afin de respecter les objectifs énergétiques fixés et améliorer les pratiques, des capteurs et des systèmes de télérelève avec alerte des compteurs d’eau et d’électricité assureront un suivi régulier des consommations.

Recommandations 
Parmi les autres mesures à respecter afin de garantir une performance environnementale : la climatisation à température fixe (25°), la récupération des eaux pluviales pour arroser les espaces verts,

la réalisation de potagers en jardinières, l’utilisation de résille locale et recyclable en façade, une station d’épuration pour les eaux usées, avoir un système de détecteurs de présence et de luminosité pour ajuster l’éclairage selon la luminosité intérieure…

Outils de pros

Un moteur de calcul développé par le gouvernement, dédié notamment aux bureaux d’études, est disponible en ligne sur www.dpe.gouv.nc. Plusieurs Mooc, ou formations en ligne, sont également proposés sur la page internet dédiée à la RCNC (www.mooc-batiment-durable.fr/), dont un, créé par le gouvernement, la CMA et l’Agence qualité construction de Métropole, permet, au bout d’une heure, de passer un test et de se voir, peut-être, délivrer un label (www.cma.nc/chefs-d-entreprise/ batiment/mooc-performance-energetique-des- batiments).

À savoir

En France, le secteur du bâtiment représente 44 % de l’énergie consommée (31,3 % pour celui des transports). Chaque année, il émet plus de 123 millions de tonnes de C02.

Marie-Hélène Merlini