Un Comité des signataires particulier

C’est un Comité des signataires sous tension qui va s’ouvrir ce 10 octobre, à Paris. Les protagonistes vont devoir défendre leurs positions sur la date et les modalités du deuxième référendum avec, en toile de fond, la sortie de l’Accord de Nouméa.

Et un Comité des signataires de plus, pourraient dire ceux qui pensent que ce n’est ni plus ni moins que le dix-neuvième en 21 ans. Un de ces Comités qui comme d’habitude permet de mettre tout le monde autour d’une table pour discuter et tenter de faire avancer les choses, à Paris, et qu’une fois terminé, tout ce monde se retrouvera à Nouméa, en se tournant à nouveau le dos.

Et pourtant, ce 19e Comité est singulier. Déjà parce que c’est le premier en 21 ans qui se réunit, certes, sous la présidence du Premier ministre, mais aussi en présence de trois délégations d’élus calédoniens : les indépendantistes du FLNKS, la délégation de l’Avenir en confiance et celle de Calédonie ensemble. Et puis ce Comité est surtout celui qui doit fixer la date du deuxième référendum et, pour aller plus loin, celui que va déterminer la manière dont on va sortir de l’Accord de Nouméa et les conditions dans lesquelles on va décider de rester dans la France ou pas.

Définir les modalités

Les Comités de signataires ont été instaurés pour veiller à la mise en œuvre de l’Accord de Nouméa, même si beaucoup de ses participants, à l’inverse de l’État, pensent que cet accord, à l’issue de la loi organique en 1998, a vécu et que nous sommes entrés dans une nouvelle phase. En effet, il était prévu qu’en 2018, tous les référendums aient eu lieu et que nous devrions avoir déjà trouvé un nouveau statut pour la Calédonie. Il n’en est rien et aujourd’hui, il faut se mettre autour de la table, avec les divergences que l’on connaît, pour tenter de définir la date du deuxième référendum et ses modalités. Une situation qui pourrait nous conduire jusqu’en 2023, jusqu’à épuisement des référendums si les Calédoniens disent encore et encore non à l’indépendance.

On se demande alors pourquoi l’État, garant à la lettre de l’Accord, ne pourrait pas enfin se positionner pour que tout aille plus vite, dans l’intérêt des Calédoniens. Un intérêt avant tout économique et social pourtant gelé par l’absence de consensus voulu par certains de nos politiques.

Les positions

Partant des résultats du référendum de 2018, les forces politiques calédoniennes vont donc se retrouver à Matignon pour discuter sur la date de l’organisation de ce deuxième référendum et sur les modalités d’inscription (les groupes étant en désaccord notamment sur les bénéficiaires des inscriptions d’office ou sur les modalités de vote des détenus du Camp-Est).

Dans les grandes lignes, si les loyalistes veulent gagner du temps et organiser au plus vite la consultation pour confirmer les résultats du premier référendum et montrer à l’État que la Calédonie veut rester française avec les incidences que cela provoquera (redémarrage de l’économie, assurance pour les investisseurs, soutien de la Métropole, etc.), les indépendantistes et Calédonie ensemble, au contraire, veulent que le troisième référendum soit organisé en 2022, c’est-à-dire après l’élection présidentielle et ainsi repartir pour des années. Dans le but pour les uns, les indépendantistes, d’arriver à ce que l’État, avec le temps, jette l’éponge sur la « problématique » calédonienne. Et pour les autres, Calédonie ensemble, d’arriver à asseoir la volonté de diriger une Calédonie « d’indépendance-association. »

Ainsi, Sonia Backes, de l’Avenir en confiance, a déclaré sur RRB : « Ce Comité des signataires est presque l’un des plus importants depuis très longtemps parce que ce calendrier, en fonction de si on décide ou non de terminer en 2021 ou d’aller jusqu’en 2024 ou en 2025, les résultats pour la France ne seront pas les mêmes. Et en fonction de ce qu’on fera des listes électorales et donc sur le résultat du deuxième référendum, cela aura, là aussi, des conséquences sur le maintien ou pas de la Calédonie dans la France. »

Pierre-Chanel Tutugoro, du FLNKS, a indiqué sur NC La Première vouloir maintenir la date comme prévu, « sans refaire les erreurs du premier référendum », pour « laisser le temps à l’État et à ses services de pouvoir amener les mesures correctives. La commission de contrôle a été tardivement installée et désorganisée dans sa mise en place ».

Enfin pour Calédonie ensemble, Philippe Michel a pris aussi le prétexte du calendrier en indiquant sur les ondes de RRB qu’il était « hors de question de l’accélérer et de supprimer les périodes de révision complémentaires qui permettent aux Calédoniens qui veulent voter, de pouvoir s’inscrire sur les listes, parce que ça serait prendre un risque énorme avec la sincérité du résultat ».

Au regard des déclarations faites ces derniers jours, les débats promettent d’être houleux autour de la table, à Matignon. Mais ce qui se dit à Paris sous le regard de l’État, surtout sous celui d’Édouard Philippe, n’a jamais la même teneur. Réponse cette fin de semaine en clôture de ce 19e Comité des signataires.


La partie économique déclinée

Le président du gouvernement, à la demande du Premier ministre lors de sa visite l’année dernière, organise, la veille du Comité des signataires, une séquence économique et sociale à Paris. Un appel a été lancé aux principaux acteurs pour discuter sur des thèmes aussi importants que la défiscalisation, le soutien bancaire, la mise en route de la Banque publique d’investissement, la vie chère, le logement social, la simplification administrative ou la violence faite aux femmes. Cette réunion et les questions économiques ne font pas l’unanimité des participants puisque les indépendantistes ont décliné l’invitation du président du gouvernement, tout comme Philippe Gomès, au nom de Calédonie ensemble. Même chose du côté de certains invités comme la CPME-NC ou encore l’Usoenc qui ont fait savoir qu’une telle séquence aurait pu être organisée à Nouméa.