Un appel pour un vaste mouvement loyaliste

Dans la lignée du rassemblement autour de la candidature d’Emmanuel Macron, les Républicains calédoniens tentent de former une grande alliance loyaliste pour les législatives et, plus largement, pour les discussions sur l’avenir institutionnel.

Et si les forces non indépendantistes parvenaient à se retrouver et à s’unir, « comme les anciens avaient su le faire en 1977* » ? Cette ambition des Républicains calédoniens a été maintes fois portée dans les rangs loyalistes depuis l’éclatement de l’ancien RPCR. Mais jamais réalisée, en raison de luttes fratricides, faute de leader et, peut-être aussi, d’un sentiment d’urgence.

On a, au fil du temps, assisté à la naissance de multiples structures (Avenir ensemble, Calédonie ensemble, RPC, MPC, MRC, Générations, etc.), d’alliances (« entente républicaine », « contrat de gouvernance solidaire », « plateforme » « Voix du Non », « Avenir en confiance », « Les Loyalistes », etc.) au point de s’y perdre. De quoi irriter l’électorat et limiter la portée de la politique non indépendantiste.

Cette fois, plusieurs formations au passé particulièrement conflictuel – les Républicains calédoniens, Calédonie ensemble et Générations NC – se sont rassemblées derrière Emmanuel Macron pour la présidentielle. L’idée serait maintenant de rebondir sur un « vaste mouvement » qui puisse peser lourd aux législatives et pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.

« Nouvelle ère politique »

Dans un courrier des Républicains calédoniens daté du 29 avril, Sonia Backes, Christopher Gygès, Naïa Wateou et Willy Gatuhau considèrent qu’à l’aube des grandes discussions politiques, la voix de ceux qui ont dit non à l’indépendance n’aura de force, de résonance et de poids « que si elle est portée par l’union la plus large des forces non indépendantistes ».

L’objectif est aussi de « rétablir le principe démocratique au sein des institutions », « proposer une nouvelle gouvernance » pour bâtir un « nouveau modèle économique ». Les priorités ? La relance économique, la création d’emplois, la justice sociale ou encore la lutte contre la vie chère. Se fera-t-elle par la reprise du gouvernement (avec Christopher Gygès aux manettes) ? Il faudrait, pour cela, que l’Éveil océanien s’inscrive dans ce changement (avec éventuellement un « rattrapage » en faveur de l’Union calédonienne au Congrès ?).

Cet appel, disent Les Républicains calédoniens, n’est « pas exclusif aux soutiens d’Emmanuel Macron », mais ils sont convaincus qu’il faudra « travailler en étroite collaboration avec la majorité présidentielle » pour « l’intérêt des Calédoniens ». Dans le contexte décisif qui est le nôtre, il faut, ajoutent-ils, entrer dans une « nouvelle ère politique » dans laquelle « l’intelligence collective prenne l’ascendant sur les ambitions personnelles ».

Peut-on y croire ?

Mais ce genre d’appel se heurte généralement aux échéances électorales et se mêle justement aux ambitions. La candidature de Nicolas Metzdorf, voulue par le président Macron lui-même, se précisait en début de semaine dans la deuxième circonscription. Et l’on parlait de Philippe Dunoyer pour la première. Mais les discussions étaient encore en cours mercredi soir chacun ayant ses conditions.

Le MPC, Mouvement populaire calédonien de Gil Brial et Isabelle Champmoreau, récent soutien au président, avait alerté, malgré le retrait de Philippe Gomes, sur l’indépendance association prônée par CE. Il conditionnait d’ailleurs son affiliation à la mise en œuvre d’un socle de valeurs excluant cette idée et celle de la partition défendue par d’autres. Cette union, estime le MPC, ne doit pas être « un leurre électoral ou une déception de plus pour les Calédoniens ». Voilà pour les parties prenantes aux législatives.

Le Rassemblement s’est, de son côté, engagé seul pour cette échéance. Comme toutes les formations historiques au niveau national, on peut y voir une volonté de préserver le parti d’une éventuelle disparition. Les relations avec leurs ex-camarades de l’Avenir en confiance se sont distancées ces derniers mois. Mais le dialogue n’est pas rompu sur la politque à mener au Congrès et pour la suite institutionnelle.

Le Rassemblement national, farouchement opposé à Emmanuel Macron, fait également cavalier seul. Simon Loueckhote a, de son côté, fait état de sa démission des Républicains calédoniens pour ce rapprochement avec Calédonie ensemble et l’implication directe du président de la République dans les désignations. Mais le représentant s’était engagé dans la campagne d’Éric Zemmour localement.

Le lien extrêmement proche entre cette nouvelle coalition et le pouvoir présidentiel semble interroger au-delà de l’ancien sénateur. S’il devrait être utile aux Calédoniens loyalistes, il pourrait aussi tendre les discussions tripartites à venir.

 

*Jacques Lafleur avait organisé un grand rassemblement des partis loyalistes en 1977, pour lutter contre le front indépendantiste.

 


Quelles candidatures pour l’instant ?

Rassemblement LR : Virginie Ruffenach (première circonscription) et Thierry Santa (deuxième).

Vaea Frogier dans la deuxième circonscription.

Jeremy Simon, figure du mouvement antivax, est candidat dans la première circonscription.

Le Rassemblement national dévoilera ses candidats dans les prochains jours.

 

Chloé Maingourd (© Archives DNC/C.M.)