Un appel à projets pour une société plus inclusive

Le gouvernement espère que les candidats feront preuve de créativité. Pour les aider, il propose quelques exemples piochés en Europe. L’idée est de faciliter l’inclusion des personnes handicapées et des personnes valides dans des lieux de loisirs que peuvent être la plage, la rivière, mais aussi les musées ou encore les salles de spectacle.

Le gouvernement lance un appel à projets pour l’investissement des collectivités publiques en faveur de l’accessibilité aux loisirs des personnes en situation de handicap. L’institution va débloquer une enveloppe de 50 millions de francs. Si elle n’a pas vocation à répondre à tous les besoins, l’objectif est d’engager une nouvelle dynamique.

L’inclusion des personnes en situation de handicap dans la société est une question importante. En la matière, la Nouvelle-Calédonie accuse un certain retard malgré un travail engagé il y a plus de dix ans avec la tenue des Etats généraux du handicap, en 2005. Isabelle Champmoreau, membre du gouvernement en charge du handicap, a annoncé, mercredi matin, qu’elle serait en mesure de présenter le plan d’actions concrètes découlant du schéma directeur du handicap et de la dépendance au Congrès d’ici la fin de l’année.

En attendant, en partenariat avec le collectif Handicap, elle va lancer un appel à projets aux communes et aux provinces autour de la question de l’accessibilité aux loisirs pour les personnes handicapées. « En matière d’insertion sociale, l’accès aux loisirs est très important, souligne Isabelle Champmoreau. Les programmes publics s’attachent généralement à répondre aux besoins premiers tels que le logement, par exemple. Beaucoup de choses sont faites dans le sport, mais relativement peu dans la culture ».

 

Une enveloppe de 50 millions de francs

C’est par exemple le cas du cinéma où les salles permettent à une seule personne en fauteuil d’assister à une séance. Mais au-delà du cinéma, la question de l’accessibilité se pose tout particulièrement pour les loisirs de plein air, comme la plage ou la rivière. Leur accès aux personnes à mobilité réduite est pour le moins compliqué.

L’appel à projets permettra de prendre en charge 80 % du montant de l’investissement, dans la limite de 5 millions de francs pour un maximum de 50 millions de francs au total. Le gouvernement reconnaît que le montant de l’enveloppe ne permettra pas de répondre à l’ensemble des besoins, mais l’idée est davantage d’impulser une dynamique auprès des collectivités que sont les provinces et les communes. A noter que l’appel à projets est aussi ouvert aux établissements publics.

La volonté de l’exécutif est également de créer du réseau entre les différents acteurs. Le gouvernement a exclu les associations de l’appel à projets, elles peuvent indirectement y participer au travers d’une commune qui porterait le projet pour elle. Il faut espérer que la communication passera bien entre les différentes structures, à l’occasion de l’état des lieux réalisé pour la préparation de l’appel à projets, les communes de brousse ont généralement expliqué qu’aucune demande particulière d’administrés ne leur était adressée.

Afin d’éviter que tous les projets ne se concentrent sur le Grand Nouméa, le gouvernement apportera une aide technique aux plus petites communes. Comme le souligne Isabelle Champmoreau, sur les 5 840 adultes et 1 300 enfants handicapés, 69 % vivent en province Sud, 21 % en province Nord et 10 % en province des Îles.

 

Une inclusion qui dépend de tous

En creux, cette opération, comme bon nombre d’événements, a pour but de changer le regard de la société sur le handicap. Un regard parfois dur ou indifférent qui fait mal et constitue un frein à l’épanouissement des personnes qui le subissent. Si l’accessibilité est effectivement une question centrale, il est malheureusement peu probable que de simples travaux changent les choses si aucune sensibilisation n’est entreprise en parallèle.

D’autant plus si l’on considère que les collectivités ne sont pas forcément de bons élèves en matière d’inclusion. La faiblesse des chiffres de l’emploi des personnes en situation de handicap dans l’emploi public l’atteste. L’accès à l’école pour les enfants est une autre préoccupation. Si une forte volonté de les intégrer est affichée publiquement, dans la réalité, les choses sont plus nuancées.

« C’est le rôle des collectivités de créer de l’offre même si l’expression des demandes n’est pas forcément évidente à repérer, estime Séverine Evain-Bretesche, membre du Conseil du handicap et de la dépendance. En impulsant un service, on créé de l’inclusion. » On espère juste que les communes et les provinces se mobiliseront afin de présenter des projets d’ici la fin de l’année. Une fois validés, ils seront mis en œuvre l’année prochaine et Isabelle Champmoreau espère bien pouvoir reconduire et pérenniser cet appel à projets.