Trois mois pour trouver un consensus

Lors d’une rencontre avec les représentants politiques calédoniens à l’Élysée, le 8 septembre, Emmanuel Macron les a engagés à trouver un accord d’ici la fin de l’année – « la nécessité d’avancer dans ce calendrier contraint » – en vue de « l’enjeu » que représente 2024. / © Geoffroy Van der Hasselt, POOL, AFP

L’État a présenté ses propositions lors des rencontres parisiennes début septembre. Un document qualifié de « martyr », son objet étant d’être trituré, amendé, enrichi par les partenaires jusqu’à obtenir une version finale qui fasse consensus.

Le texte reprend ce qui a été annoncé au fil des mois, depuis le courrier de Gérald Darmanin aux élus calédoniens fin mai et le discours d’Emmanuel Macron place des Cocotiers le 26 juillet. Le maintien du droit à l’autodétermination, non pas par un vote binaire mais plutôt par un référendum de projet ; la construction d’une citoyenneté calédonienne, qui ne peut « se limiter au droit de vote et à l’accès à l’emploi », a déclaré Élisabeth Borne dans son discours le 6 septembre ; le dégel du corps électoral ; l’élaboration d’un nouveau statut, avec la question des institutions et du transfert de compétences ; la baisse du nombre d’élus au Congrès (35 contre 54 actuellement) et un président pour l’ensemble de la mandature ; une meilleure répartition des compétences entre le gouvernement et les provinces… Les chantiers sont nombreux. Le calendrier tendu.

AU TRAVAIL

Les Loyalistes sont satisfaits de cette base de travail. Même si des points bloquants doivent être discutés, le corps électoral glissant sur dix ans ou la façon dont peut s’exercer le droit à l’autodétermination. Calédonie ensemble apprécie la méthode. Pour Philippe Dunoyer, l’enjeu est de parvenir à discuter. C’est là que le bât blesse. Si une partie du FLNKS, l’UPM et le Palika, s’inscrit dans le processus, une de ses composantes, l’UC, entend marquer une pause. Il y a dix jours, Gilbert Tyuienon

jugeait, sur NC La 1ère, le document « inacceptable », tout en expliquant que les indépendantistes le demandaient depuis longtemps : « cela va nous permettre de réagir et de mettre sur la table nos propres propositions ». Cinq jours après, à la suite de son comité exécutif, l’UC annonce « suspendre toutes rencontres avec les représentants de l’État jusqu’à la tenue de son congrès » en novembre, manifestant les dissensions qui existent au sein du FLNKS et même de l’UC.

Les discussions, elles, reprennent à Nouméa, entre les partenaires et l’État. Le temps presse. Gérald Darmanin est attendu fin octobre, un consensus pour la fin de l’année. 2024 sera celle de la réforme constitutionnelle, d’une nouvelle loi organique, des élections provinciales. La Première ministre a prévenu : « le statu quo n’est ni possible, ni souhaitable ».

A.-C.P.

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