Trafic aérien : une demande en hausse, mais très peu de places

Les Calédoniens obligés de se déplacer peinent à obtenir des sièges dans les avions en particulier pour revenir sur le territoire. Les programmes aériens sont restreints, étant tributaires des places en quatorzaine. Face à la demande grandissante, le gouvernement a fait part de sa volonté de revoir légèrement ces capacités…

C’est un casse-tête pour de nombreux résidents dont ceux qui ont des obligations urgentes ou qui ont été affectés, en plein déplacement, par la crise sanitaire mondiale. Le territoire a fait le choix d’une extrême prudence en maintenant, jusqu’au 24 octobre, la suspension des vols internationaux réguliers au départ et à destination de la Nouvelle-Calédonie, décidée initialement le 20 mars afin de prévenir tout risque d’entrée du coronavirus. Et en imposant un lourd système de quarantaine en lieux dédiés qui conditionne les arrivées.

Il est désormais acquis que les rapatriements sont terminés. Jusqu’à début août, 3 472 personnes dont 807 étudiants ont pu revenir dans le cadre de ce dispositif. Le système a évolué au 1er août avec une reprise de la gestion commerciale des billets par Aircalin et Air France. Un programme des vols dérogatoire a été établi, conformément à la demande des autorités, pour la continuité territoriale, l’approvisionnement, le fret…

Actuellement, il est plus simple de partir : trois vols par semaine sont proposés vers Narita, puis Paris avec Air France (mardi, vendredi et dimanche). En revanche, il est extrêmement compliqué de (re)venir. Le programme propose une ou deux rotations par semaine en provenance de Paris-Narita, selon les places en quarantaine. On trouve également une liaison Sydney- Nouméa, sur la base d’un vol toutes les semaines ou deux semaines, essentiellement pour les évacuations sanitaires. Wallis, territoire exempt de Covid, bénéficie d’une base de deux vols hebdomadaires (sans quatorzaine).

Beaucoup de monde au portillon

Aujourd’hui, après une accalmie, force est de constater que la demande est grandissante et la réponse insuffisante, en particulier entre la Métropole et Nouméa. « 500 personnes souhaiteraient venir ou effectuer un aller et retour en plus des réservations déjà effectuées », a précisé le président du gouvernement, Thierry Santa, mardi. L’exécutif évoque des malades en fin de traitement, des étudiants ayant fini leurs cursus, du personnel sanitaire devant revenir… Il y a aussi des personnes devant porter assistance à des proches, contraintes de revenir pour des raisons familiales ou ayant accompagné leurs enfants en France, des Calédoniens tout simplement sur le retour ou encore souhaitant remplir leurs obligations (fiscales, vote, etc.). On peut imaginer une multitude de raisons urgentes pour devoir toucher le Caillou.

À toutes ces voyageurs s’ajoutent les experts, qui viennent pour des raisons professionnelles, les militaires, enseignants, magistrats… Comment s’organise leur voyage ? Difficile d’obtenir confirmation : Gilbert Tyuienon, le membre du gouvernement en charge des transports, ne souhaite pas communiquer. On apprend simplement que l’exécutif peut, quand des places se libèrent et sans léser d’autres passagers, ajouter des voyageurs pour des urgences signalées. L’État n’est pas non plus prolixe en la matière…

Quoi qu’il en soit, la situation ne va pas s’arranger puisque s’ajouteront encore environ 280 personnes à l’approche du référendum, à la mi-septembre : magistrats délégués, représentants de l’ONU, du Forum des îles du Pacifique, journalistes, renforts militaires. Enfin, il est à noter que les programmes de vols précités comprennent également des vols passagers/cargo pour l’apport de marchandises. Autant dire que trouver une place relève du parcours du combattant… Le mois d’août est complet, le mois de septembre quasiment, la période de pré-référendum alourdira la charge, puis arriveront les congés de fin d’année. Si le contexte de recrudescence du virus à l’échelle mondiale se maintient, on voit mal le trafic aérien reprendre son cours normal au 24 octobre.

Légère augmentation des capacités

Pour répondre à cette situation, le gouvernement a fait part de sa volonté de faire légèrement monter en puissance les rotations en août et en septembre. Pour ce faire, il s’agira au préalable de revoir à la hausse les places en quatorzaine. Elles avaient été réduites à 300 dans deux hôtels, « quand la demande avait faibli », après les rapatriements. Elles pourraient passer à 350 voire 400 avec un établissement supplémentaire. Il est possible que de nouveaux arrêtés relatifs aux arrivées et départs de Nouvelle-Calédonie soient étudiés en séance du gouvernement mardi prochain.

En attendant, dans le contexte actuel, le président Thierry Santa a tenu à appeler les voyageurs à la raison. Il a redit que nous étions « toujours en crise » et que les déplacements ne devaient être effectués « que pour des raisons d’urgence ». Le préfet de Wallis-et-Futuna, Thierry Queffelec, était allé dans le même sens, il y a quelques jours, après la révélation des cas contacts (lire plus bas), qui ont mis en lumière le risque inhérent aux déplacements. « Le Covid tourne encore autour de nous ! On va en Métropole si on a besoin d’aller en Métropole. Et à l’inverse, les places en quatorzaine doivent être utilisées à bon escient. C’est un effort collectif. » Un effort collectif que l’on comprend, mais qui est néanmoins bien lourd pour ceux qui sont dans l’embarras, et pas forcément toujours ressenti comme très juste…


Quatre milliards pour la quatorzaine

©C.M. 

Depuis son instauration en mars dernier, le dispositif de quarantaine dans les hôtels incluant également le transport, la nourriture, les réquisitions des vols, etc. a coûté quatre milliards de francs. S’il est maintenu en l’état, il devrait atteindre les neuf milliards d’ici la fin de l’année. Un coût supporté en grande partie par l’emprunt contracté par le gouvernement. Celui-ci a annoncé que les frais de quarantaine resteraient à sa charge au moins jusqu’à fin août. Cette prise en charge va notamment de pair avec le fait d’obliger les gens à exécuter une quarantaine dans un lieu dédié. Elle évite les éventuels recours, favorise le respect de cette mesure…


Cinq cas contacts à Nouméa, un à Wallis

On savait déjà qu’un cas contact au Covid-19 de retour de Métropole, après une escale à Tontouta, avait été accueilli à Wallis-et-Futuna. Par la suite, le président du gouvernement, Thierry Santa, a fait savoir à la presse, que cinq voyageurs arrivant en Nouvelle-Calédonie étaient aussi assis autour de la Japonaise testée positive à son arrivée à Narita, sur le tronçon Paris-Tokyo. Ces personnes ont été placées en quarantaine à l’hôtel avec un isolement renforcé. Elles doivent être testées…


Un dispositif particulier pour l’arrivée des travailleurs chinois

73 travailleurs chinois sont attendus, ce jeudi, sur le territoire dans le cadre de la mission de démantèlement du Kea Trader sur le récif Durand. Ils voyagent à bord d’un appareil d’Aircalin, spécialement affrété pour les acheminer de Shanghai à Tontouta. Ils ont subi un test de dépistage avant leur départ pour être autorisés à partir. Les travailleurs seront placés en quatorzaine à l’hôtel et soumis au même protocole sanitaire que tous les autres voyageurs avec un nouveau test en fin d’isolement. Ils seront ensuite pris en charge par l’armateur et acheminés vers la barge Cali. Ils n’auront pas l’autorisation de descendre à terre.


Bloqués à Nouméa et à Tahiti

L’arrêt des liaisons aériennes entre la Nouvelle-Calédonie et Tahiti a eu des conséquences pour des ressortissants des deux territoires qui n’ont visiblement pas réussi à rentrer avec les rapatriements. Des internautes bloqués en Nouvelle-Calédonie ont créé un groupe Facebook et un formulaire pour demander un rapatriement en Polynésie avec Air Tahiti Nui. Ils font état d’une réunion à Tahiti, cette semaine sur le sujet. Recevant des demandes de résidents calédoniens bloqués à Tahiti, ils plaident plus largement pour une entente entre les deux territoires. En temps normal, la ligne est assurée par Aircalin.


Nouveaux cas à Tahiti

©Présidence

 

Une passagère du paquebot de croisière Paul Gauguin, de la compagnie Ponant, qui sillonne la Polynésie, a été testée positive quelques jours après le départ du navire et une escale à Bora Bora. Cette touriste américaine a été isolée et à ce jour, il n’y aurait pas eu d’expansion sur le bateau. Tous les tests menés sur les autres passagers et membres d’équipage se sont révélés négatifs et des tests devaient être menés sur des personnes contacts à Bora Bora. Les passagers devaient débarquer mercredi soir et effectuer une septaine dans le lieu de leur choix.

Le dispositif de contrôle des croisiéristes va être renforcé. Pour l’instant, le président, Édouard Fritch, a cependant exclu l’arrêt des croisières. « Notre devoir est de maintenir l’équilibre entre la crise sanitaire et la crise sociale qu’il faut à tout prix éviter. La Polynésie doit se mettre au travail », a-t-il déclaré, ajoutant que le pays avait déjà perdu 14 000 à 15 000 emplois.

Dans la foulée, un autre cas de Covid 19 a été identifié. Il s’agit d’un personnel navigant de la compagnie Air Tahiti Nui. Selon les médias locaux, ce cas a été détecté lors du contrôle de routine obligatoire tous les 15 jours. La personne a été placée en isolement.

C.M.