Tout faire pour assurer la relance

Jeudi dernier, les élus de la province Sud ont voté en assemblée le budget supplémentaire 2020 et plusieurs projets de délibération qui s’inscrivent dans les impacts directs de la crise sanitaire liée à la Covid-19. Jeunesse, formation et personnes en situation précaire ont été au cœur des débats.

Au lendemain de la crise sanitaire, les élus de la province Sud ont voté le budget supplémentaire 2020, caractérisé par l’exécutif de « sincère face à une situation exceptionnelle ». Il a été adopté avec les voix des élus de l’Avenir en confiance, l’Éveil océanien et Générations NC. Les indépendantistes se sont abstenus et Calédonie ensemble a voté contre.

Ce budget supplémentaire, qui s’élève à 2,5 milliards, est inédit puisqu’il découle des conséquences liées à la crise de la Covid-19 et de mesures financières prises pour faire face à l’épidémie. L’ensemble des dispositifs mis en place par l’institution représente d’ailleurs 1,6 milliard de francs sur le budget 2020. C’est, comme l’explique la présidente de la collectivité, Sonia Backes, « un budget supplémentaire spécial Covid puisqu’en fait, les différentes mesures qui ont été prises ont permis d’amortir la crise aux entreprises, et en particulier aux plus petites, puisque c’est à elles que la province a apporté le plus d’aides, de survivre. Notre tissu économique a été maintenu. »

« Errements du précédent exécutif »

Ce budget supplémentaire porte à environ 58 milliards les dépenses du budget de la province pour 2020. Il permet de régulariser des dépenses et de financer des mesures exceptionnelles de soutien Covid-19, et aura aussi pour vocation à proposer des ajustements de crédits afin de maintenir les priorités de relance économique en matière d’investissements, tout en réalisant les économies annoncées et nécessaires. L’occasion pour le premier président de la province Sud, Philippe Blaise, de condamner une nouvelle fois la gestion de la précédente mandature : « Nous héritons d’une situation, comme tout le monde le sait, qui n’est pas bonne. Nous l’avons vu dans le compte administratif 2019. Il s’agit du plus bas fonds de roulement historique que la province Sud ait connu. »

Un avis renforcé par Naïa Wateou dans l’explication de vote du groupe de l’Avenir en confiance : « Les errements du précédent exécutif, les recettes inscrites, mais inexistantes et des dépenses, elles, bien réelles et non maîtrisées » sont synonymes d’un « maquillage financier » qui a nécessité de « prendre des mesures nécessaires, peu populaires, mais efficaces ». Malgré les conséquences liées à la Covid-19 et la gestion de l’ancienne mandature, « l’exécutif provincial a décidé de maintenir le cap et mise sur l’avenir. Nous avons ainsi tenu à maintenir nos engagements en matière de soutien à l’économie grâce à l’investissement », conclut Philippe Blaise.

Inciter les diplômés à revenir

Les élus de la province Sud ont également voté trois délibérations importantes en faveur de la relance. La première concerne la mise en place de mesures pour encourager le retour au pays de nos jeunes diplômés, « des jeunes dont nous avons besoin pour développer et diversifier l’économie du territoire. C’est un capital humain précieux », précise Philippe Blaise.

Pour réaliser cet objectif, la collectivité pourra octroyer une aide financière plafonnée à cinq millions de francs à un jeune diplômé qui reviendrait sur le territoire pour créer son entreprise en province Sud. Et pour ceux qui reviennent en tant que cadres salariés, la province pourra accorder une exonération des charges patronales durant 18 mois aux entreprises qui les accueilleront. Pour bénéficier de ces mesures, il y a des conditions : les diplômés doivent être titulaires d’un bac +5 au minimum, être âgés de moins de 35 ans et avoir résidé au moins dix ans en Nouvelle-Calédonie avant leur départ pour poursuivre leurs études.

Développer les écoles bilingues

Autre mesure, en faveur des plus jeunes cette fois, le développement de l’apprentissage de l’anglais. Il existe actuellement six écoles bilingues en province Sud et la volonté des élus est d’arriver rapidement à huit. Pour y arriver, il faut former des enseignants. Comme l’explique Gil Brial, le deuxième vice-président de l’assemblée de la province Sud, « en février prochain, cinq enseignants calédoniens seront envoyés au sein de classes d’écoles primaires australiennes pour se former. »

L’insertion par le logement

Dernières mesures adoptées, les aides au logement destinées aux plus démunis et plus particulièrement aux personnes vivant dans les squats, en foyer d’hébergement ou dans des conditions insalubres. Une harmonisation des aides au logement va permettre de proposer un suivi complet et personnalisé qui permettra aux familles relogées de devenir autonomes dans la gestion de leur vie sociale, budgétaire et logistique. En échange, la personne en situation précaire devra arriver à s’insérer professionnellement et accepter d’être accompagnée dans la gestion d’un logement moderne. (En 2019, 143 familles étaient déjà suivies dans le cadre du dispositif d’accompagnement au logement, 155 pour le dispositif de maintien.) Comme annoncé, lors de l’amélioration du code des aides de l’habitat fin 2019, l’objectif de la province Sud est de mettre fin au squat d’ici 25 ans.

D.P. ©province Sud