Tiga, porté par « une foi incroyable »

Les doubles vainqueurs du championnat de Nouvelle-Calédonie tenteront samedi 11 février de se qualifier pour la Ligue des champions. Pour faire durer les bons résultats, le président Pascal Dokunengo compte s’appuyer sur la détermination et l’ardeur qui animent le club, des joueurs aux encadrants.

La magie de l’année dernière avait peu de chance de jaillir dès le premier match de la saison. Empruntés, vite étourdis par la chaleur accablante, les champions 2020 et 2022 se sont inclinés 1à 0 contre la sélection calédonienne. L’alchimie peut- elle renaître dès le deuxième match ? L’objectif numéro un de Tiga Sport pour cette saison, la O’League, se jouera dès samedi lors d’un barrage contre Hienghène.

Difficile mais pas impossible, d’autant que l’équipe a l’habitude de travailler dans l’urgence. L’an dernier, Léo Lopez était arrivé en Nouvelle-Calédonie une semaine avant le début du championnat. « Ça a marché parce que la bande m’a vite accordé sa confiance, considère l’entraîneur, plein de gratitude. Les gars ont adhéré au projet de jeu ambitieux », basé sur un pressing très haut, grâce à des attaquants très athlétiques. Les résultats avaient été immédiats : cinq victoires en cinq matchs. « Quand on gagne, la mayonnaise prend toujours plus rapidement. »

« VOUS AVEZ VU TOUS CES GENS ? »

Malgré un effectif loin d’être pléthorique, Tiga a tenu bon tout au long de la saison. « Il y a une âme qui se dégage de ce groupe. Il y a une cohésion, une foi incroyable, explique Léo Lopez. J’ai rapidement compris qu’avec une telle solidarité sur le terrain, on pouvait aller loin. »

La solidarité existe aussi en dehors du terrain, insiste Pascal Dokunengo, président du club depuis 2009, qui désigne les quelques dizaines de supporters et supportrices venus voir ce match de préparation. « Vous avez vu tous ces gens ? Tout le monde y croit. Depuis le premier titre de champion, on a une association de supporters qui draine du monde. Ça, c’est un autre aboutissement de ce grand projet de structuration du club qu’on a lancé en 2017. »

Monté en Super Ligue en 2011, se maintenant difficilement dans l’élite, Tiga veut alors viser le haut du classement. « Pour commencer cette nouvelle ère, on voulait des joueurs expérimentés afin d’encadrer nos jeunes prometteurs. » Le club attire Loïc Wakanumuné, son frère Joël et Cédrick Sansot, trois piliers de la sélection calédonienne. À la seule force de la foi, sans argent. « Personne n’est payé chez nous. Les déplacements et le matériel coûtent déjà bien assez cher. » Dès 2020, Tiga est champion pour la première fois de son histoire.

L’HUMILITÉ OU LES REVERS

Mais le plus difficile n’est pas d’arriver au sommet, disent souvent les entraîneurs, mais d’y rester. « Il nous faudra encore beaucoup de solidarité, de détermination et d’humilité, confirme Léo Lopez. Si on manque d’humilité, on va vite essuyer des revers. » Pour Pascal Dokunengo, la pérennité passera par la formation. « Il nous faut des éducateurs de haut niveau. On a plusieurs vieux qui arrêteront de jouer l’an prochain. Trois d’entre eux vont passer le brevet de moniteur de football. »

Les U18 sont déjà prometteurs, plusieurs sont appelés à renforcer l’équipe senior dès 2024. « On va faire de Tiga Sport une grande équipe, qui va rivaliser avec les meilleurs clubs pendant longtemps », promet le président.

Gilles Caprais

Photo : Samedi, les deux équipes ne seront qu’à 80 %, prévient Léo Lopez. « Je ne comprends pas comment on a pu organiser un match aussi important au mois de février, en pleines vacances scolaires. Le stade Pentecost est fermé, on est obligé de s’entraîner à Païta. » / © G.C.

La vie sans Lues Waya

Dans le système de jeu de Léo Lopez, basé sur une récupération du ballon dans la moitié de terrain adverse, l’inarrêtable Lues Waya occupait une position incontournable. Grand, rapide, adroit devant le but, « vaillant »

Il sera difficile de remplacer le meilleur buteur de Super Ligue (24 buts), également désigné meilleur joueur, qui a rejoint
le FC Nantes en début d’année. « Il entraînait toute l’équipe dans son sillage… C’est une grosse perte pour nous, confirme Léo Lopez. Mais certains se cachaient un peu derrière lui et attendaient qu’il nous fasse gagner. »

Le coach fait notamment confiance à Jimmy Welepane et à David Bearune pour mener le groupe désormais.