Téremba en 1942 : théâtre d’une enquête des services secrets américains

L’association Marguerite propose, comme chaque année à cette période depuis 1987, son incontournable spectacle son et lumière. Outre un moment de divertissement, il s’agit de faire découvrir un pan de l’histoire du pays.

« C’est le moyen qu’on avait trouvé pour faire connaître le fort Téremba et sensibiliser les pouvoirs publics à sa réhabilitation », raconte Manuel Cormier, directeur du site et chef d’orchestre du spectacle son et lumière présenté depuis 35 ans. Cela a marché. La commune de Moindou a acheté la propriété privée en 1989, et l’association Marguerite a signé une convention de gestion du monument classé avec la province Sud. Depuis, le rendez-vous a pris une autre dimension. Portée par une vingtaine de figurants « au milieu des ruines », la représentation est désormais assurée par 150 bénévoles dans l’enceinte de l’édifice restauré (lire par ailleurs).

Flash-back et playback

Les spectateurs seront plongés, ce samedi soir, pour la première de « L’O.S.S à Téremba », en 1942, pendant la Seconde Guerre mondiale. Des officiers américains des services secrets serviront de fil conducteur à l’histoire qui transportera le public à travers différentes périodes, jusqu’au bagne en 1884, grâce à des flash-back. Point de départ du scénario, dont Manuel Cormier est un des trois coauteurs, la célébration des 80 ans de la présence américaine en Nouvelle-Calédonie. « En fait, on écrit une fiction à laquelle on ajoute des éléments historiques. »

Une fois le script établi, place à la deuxième phase. L’enregistrement. Car tout se fait « en playback, afin que les gens puissent bien entendre vu la taille de l’espace », qui fait un hectare. « C’est la procédure habituelle, c’est pareil en Métropole. » Vient ensuite la troisième et dernière étape, la répétition, qui se déroule pendant cette première semaine de vacances. « C’est plus pratique pour tout le monde parce que les participants, dont des enfants, viennent de Nouméa, de La Foa, de Bourail… »

La générale est prévue ce vendredi soir, en costume. Un « travail de longue haleine » encadré par deux costumières principales qui « créent les tenues » des personnages principaux, celles des GI, par exemple. Après, chacun a la charge de confectionner le sien, mais « on fournit des informations sur la mode de l’époque ».

Bouquet final

La principale préoccupation reste la météo. « Le reste, on sait faire », affirme Manuel Cormier. Après toutes ces années, l’expérience parle d’elle-même. L’organisation est bien rodée et la recette du succès, maîtrisée. « On sait ce qui plaît. Les spectateurs aiment les scènes avec des cavaliers, des Jeep, des bagnards qui s’évadent, des scènes de bal, etc. »

Et, à chaque édition, « c’est une ovation ». Pourquoi un tel engouement ? « C’est la seule production de ce genre en Nouvelle-Calédonie assurée par des bénévoles, les gens ressentent cet engagement et ça leur fait plaisir. » Et puis, il y a ce fameux tableau final, le « clou du spectacle » : le feu d’artifice. « En termes de qualité, je pense que c’est le meilleur » du territoire, « un temps fort » qui « fait partie intégrante » de l’ensemble et sans lequel « on ne peut pas imaginer que la soirée se termine ».

Le feu d’artifice, final incontournable du spectacle. Si, l’an dernier, « Naufrage à Téremba » racontait comment le France II, le plus grand voilier du monde, s’est échoué au large de Moindou en 1922, une partie du spectacle est toujours consacrée à la période du bagne. C’est à nouveau le cas cette année.

 


10 millions de francs

La production, qui coûte environ 10 millions de francs à l’association Marguerite, est financée à 90 % par les entrées. Trois représentations sont prévues : les samedi 11 et 18 juin et le vendredi 17 juin à 20 heures. Chaque soirée peut accueillir 2 000 spectateurs, soit 6 000 en tout. Il y en a eu 5 835 l’an dernier. « Pas mal de gens font l’aller-retour depuis Nouméa, voire de Koumac, précise Manuel Cormier. Il y a ceux qui dorment sur place, ça fait marcher les structures d’hébergement, et puis il y a des navettes. »

Durée : 2 heures. Tarif : entre 3 000 et 4 000 francs. Tickets sur www.inlive.nc. Navettes payantes au départ de Nouméa (Moselle à 16 h 45), Dumbéa (piscine de Koutio à 17 heures) et Bourail (du centre et de Deva à 18 h 30).

 


L’O.S.S. à Téremba, une enquête classée « secret défense »

En 1942, les services secrets de l’armée américaine (O.S.S) recherchent un pouvoir paralysant détenu, depuis la nuit des temps, par un seul clan de Nouvelle-Calédonie, dont le secret se transmettrait par les femmes. La seule mention y faisant référence se trouve dans une lettre écrite par un bagnard en 1884.

Le spectacle comprend huit tableaux : « En guerre », « Les Japonais du Caillou », « Téremba : 1884 », « Bal et évasion », « La chevauchée broussarde », « Femmes calédoniennes », « Sur un air de be-bop » et le final pyrotechnique.

 

Anne-Claire Pophillat (© Vitavi et association Marguerite)