« J’ai vécu ces derniers jours avec beaucoup de peur, de tristesse et de colère. Pour la première fois en Nouvelle Calédonie où je vis depuis 30 ans, j’ai eu peur pour mes enfants et ma famille. Peur d’être agressée dans la rue, mais aussi dans ma maison, la nuit sans raison, sans explication. Peur de ces coups de feu qui nous rappellent que la paix est toujours fragile. Peur de l’avenir désormais incertain. Tristesse car j’ai des proches qui ont perdu leur commerce, leur travail et qui se retrouvent sans rien. Tristesse de voir Nouméa partir en fumée, ces écoles, centres médicaux, lieu de culture, de partage où les enfants toutes ethnies confondues pouvaient vivre insouciants et heureux. Tristesse de voir tous ces barrages érigés pour se protéger. Tristesse de voir des amis ne plus vouloir vivre ici. Mais je suis surtout très en colère contre ces responsables politiques instigateurs de toute cette violence qui viennent de ruiner un pays, bien peu soucieux de leur peuple, de leur jeunesse qu’ils ont envoyé au combat comme à la guerre, peu importent les blessés, les malades en souffrance, les familles dans le besoin… J’ai beaucoup de questionnements sur les raisons de ces émeutes. Je ne peux pas croire que mes amis Mélanésiens, réduits au silence par peur, ou par soumission à la coutume, puissent être capables d’une telle violence. J’aimerais tellement qu’ils aient le courage de dénoncer ces violences qui font tant de mal au pays. »
Sarah, habitante de Nouméa en profession libérale