TEDx prend la parole à Nouméa

Les conférences TED ont désormais fait le tour du monde. La première conférence de Nouméa se tient vendredi. Une première pour ce concept né au États-Unis qui permet de diffuser des idées innovantes et progressistes. Nouméa fait désormais partie de ce mouvement mondial qui va dans le sens du développement de l’intelligence collective.

TED pour « Technology, Entertainment and Design ». Né aux États-Unis en 1984, le TED consiste en une série de conférences sur les thèmes des technologies, du divertissement et de la conception, comme son nom l’indique. Avec les années, les thématiques se sont diversifiées au point que les présentations traitent désormais de tous les sujets possibles et imaginables, à la seule condition, que « les idées vaillent la peine d’être diffusées », comme le promet le slogan. Vendredi soir, ce ne sera toutefois pas un TED mais un TEDx auquel les Calédoniens pourront assister au Rex. La différence tient simplement au fait que l’organisation est totalement indépendante de la fondation qui organise les TED. Il s’agit d’une franchise qui permet à des organisations comme des écoles, des bibliothèques et même des groupes d’amis d’organiser des événements affiliés au TED. Si les organisations sont toutes indépendantes, elles doivent néanmoins respecter un cahier des charges assez strict.
Des contraintes qui mettent une certaine forme de pression sur le dos des conférenciers. Ils sont huit à se présenter devant le public. Des volontaires bénévoles qui travaillent d’arrache- pied depuis près de quatre mois pour connaître leur texte sur le bout des doigts et proposer la meilleure prestation possible. Pour eux, l’enjeu est double. Le premier est tout d’abord de faire passer leurs messages de la manière la plus claire et ludique possible. Un exercice qui a nécessité, pour certains d’entre eux, des remises en question mais les a surtout aidés à mieux structurer et défendre leur projet.

L’exigence d’une grosse organisation
C’est toute la philosophie du projet TED que de diffuser les savoirs. Une philosophie que partage Charlotte Ullmann et Manuel Touraille, qui sont à l’origine de ce premier rendez-vous. Alors que chacun travaillait sur le projet de son côté début 2015, Joël Kasarhérou a fait le lien. Se sont ensuite greffés plusieurs autres personnes comme Pierre Kolb, Guénolé Bouvet, Stéphane Yoteau ou encore Pierre Welepa, le parrain de ce premier TEDx Nouméa.
Si le point commun de toutes ces personnes est d’être impliqué de près ou de loin dans le monde associatif, c’est bien à titre personnel qu’elles sont investies dans ce projet. C’est un point important du cahier des charges qui conditionne l’utilisation de la marque et vise à éviter d’utiliser le TED comme un outil de promotion pour telle ou telle organisation, et plus encore de présenter des discours commerciaux ou politiques. Mais cette exigence en est une parmi bien d’autres, comme en témoigne Charlotte Ullmann qui s’est chargée des relations avec le bureau de New York. « Les Américains sont vraiment sur votre dos, ils testent votre motivation, votre sérieux. Ils vérifient que vous respectez bien le cahier des charges qui est très exigeant. C’est un gros travail mais cela nous pousse à bien faire les choses. »
En répondant à l’appel à candidature, les conférenciers ne s’attendaient probablement pas à ce qui allait leur arriver. Ils ont « subi » un entraînement intensif d’une cinquantaine de séances, participé à deux répétitions, sans compter les heures d’écriture et de réécriture de leurs présentations. Un travail qui a demandé un véritable engagement de la part des conférenciers et une bonne dose de courage. Ils seront donc huit à se présenter, vendredi soir, sur scène. Si le TEDx est l’occasion d’aborder des thèmes sérieux, il s’agit avant tout d’un one-woman ou one-man show. « Ce n’est pas du journalisme, une conférence universitaire ou encore un discours politique. Il s’agit d’un show même si les conférenciers apportent une véritable plus-value sur le fond et la forme », souligne Charlotte Ullmann, qui estime, par ailleurs, que le public calédonien réclame de plus en plus de rendez-vous de qualité.

Faire dialoguer la Calédonie avec le monde
Mais au-delà de l’aventure humaine et du spectacle, l’arrivée du TEDx à Nouméa permet aux Calédoniens d’intégrer un mouvement mondial et collaboratif en plein développement. « À notre échelle, nous pouvons changer les choses, justement en étant en réseau, insiste Pierre Wélépa. Nous sommes tous porteurs d’idées qui peuvent faire la différence. Le Ted nous permet de partager notre expérience, notre vécu, de montrer notre identité et de voir qu’à l’autre bout du monde, il y a d’autres identités qui sont en dialogue avec la nôtre. »
Pour le parrain du TEDx Nouméa, ces conférences nous obligent à être critiques et à réinterroger nos propres pratiques sociales, en particulier dans un pays où l’on doit « faire société et culture. Il est important de montrer notre manière de vivre, notre quotidien ».
D’une certaine façon, cette initiative traduit aussi le besoin de la société calédonienne de libérer l’expression, de se réapproprier une certaine forme de parole lui permettant de s’adresser à elle-même sans faire de détours par le monde politique, syndical ou économique. On le voit notamment dans la multiplication des conférences et la diversification des thèmes, au Congrès, à l’Université et ailleurs. Une petite révolution au pays du non-dit ?


Ne demandez pas le programme !
Les organisateurs ont tenu à garder secret le programme de ce premier TEDx, comme cela se fait parfois ailleurs. En le dévoilant, ils craignaient que les spectateurs ne viennent avec des a priori sur les conférences. Ils souhaitent au contraire ne pas faire de différences entre les conférenciers qui ont des choses à dire et méritent d’être écoutés. Ils ne s’y sont pas trompés puisque la centaine de places mises en vente a été écoulée en seulement quatre jours. Le prix de 3 500 francs n’a pas non plus découragé. Pour Manuel Touraille, si le prix peut paraître élevé, le fait de s’en être acquitté symbolise un soutien à l’organisation d’un TEDx à Nouméa et la volonté que cela se fasse. Sans dévoiler le contenu du programme qui tourne autour du thème « idée et idéal », les spectateurs pourront découvrir des conférences sur la société ou encore l’environnement. Pour ceux qui n’auraient pas pu avoir de place, pas de panique puisque l’ensemble des présentations sera rediffusé sur le web, en principe d’ici la fin de l’année. En attendant, vous pouvez toujours découvrir d’autres conférences sur une multitude de thématiques sur le site www.ted.com. Des conférences en français, mais aussi dans toutes les langues et systématiquement sous-titrées.