Tanéo fait un pas pour les usagers

Un chauffeur a été agressé à Tindu, à Nouméa. (© Archives DNC)

Le mécontentement des utilisateurs de Tanéo a été en partie entendu. Deux semaines après la mise en service du réseau, le SMTU a annoncé des ajustements tarifaires. Il promet aussi de continuer à travailler sur les lignes et les arrêts qui posent problème, de développer le service aux usagers

Au terme d’une réunion avec le collectif d’usagers, mercredi dernier, à la province Sud, le président du SMTU, Marc Zeisel avait promis de prendre les revendications en considération. Les autorités ont compris la forte colère qui montait aux arrêts, sur les lignes, sur les réseaux sociaux… et ont effectivement souhaité y répondre. En conférence de presse, lundi, un certain nombre d’ajustements ont donc été annoncés. Ils ne répondront pas à toutes les attentes, mais c’est un premier pas significatif.

Tarifs en baisse

Le tarif du ticket « secours » pour un trajet et une zone sans correspondance à 400 francs était au cœur des discussions. Le SMTU l’a baissé, dès mardi, à 300 francs. « Un geste pour laisser du temps à ceux qui n’ont pas encore de pass. » Ce ticket, a répété Marc Zeisel, n’a pas vocation à être utilisé de manière régulière. Il est « volontairement moins attractif » pour inciter les usagers à fonctionner avec les pass, qui offrent des tarifs au trajet moins chers et permettent aussi au SMTU de suivre les habitudes des voyageurs et de s’adapter à celles-ci pour un réseau plus performant ( justification des lignes, etc.)

De fait, la loi oblige les réseaux à proposer des titres de transport à bord, mais disons qu’ils ont plus vocation à concerner les voyageurs exceptionnels, les visiteurs, etc. Tanéo incite donc les usagers à changer leurs habitudes, et « cela fonctionne très bien malgré ce qu’on entend », a expliqué Marc Zeisel : alors que 70 à 80 % des voyageurs utilisaient de tickets uniques sur l’ancien système, ils ne sont plus désormais que 15 % à ne pas avoir de pass. La transition est donc engagée. Certains diront que ce « geste » aurait pu être proposé d’emblée. Mais encore fallait-il trouver le juste milieu entre le dissuasif et le tolérable…

Le SMTU promet qu’il ne s’agissait pas de vider les porte-monnaie et souligne que cette baisse n’aura d’ailleurs pas d’incidence sur le modèle économique puisque « ce modèle est justement basé sur les pass ». « On a eu un problème avec quelque chose qu’on ne veut pas vendre, mais que des gens veulent acheter », résume le président.

Un autre (petit) geste tarifaire a été concédé. Depuis mardi, la zone 2 est passée à 300 francs au lieu de 305 francs initialement. Plus aucun tarif ne dépassera donc 300 francs sur le réseau. « De quoi tordre le cou à cette idée que le réseau est cher », selon Marc Zeisel.

Statistiques et services

La validation des pass à la montée et à la descente des bus, critiquée également par un certain nombre d’usagers, n’est, en revanche, pas remise en question. On accuse ce système d’être pénalisant : si le ticket n’est pas validé en sortie de zone 1, il compte par défaut une sortie en zone 2, soit 75 francs de plus (300 francs contre 225 francs). Mais il sert justement à distinguer les zones, à payer moins lorsque l’on va moins loin et davantage quand on s’éloigne… Il sert aussi, encore une fois, à établir des données sur nos déplacements pour optimiser le service. Les statistiques montrent d’ailleurs que les Calédoniens s’adaptent plutôt bien à cette pratique puisqu’ils sont 92 % à respecter cette nouvelle habitude, deux semaines après « la grande bascule ».

En réponse aux usagers qui ont dénoncé « l’inadaptation » des nouveaux trajets à leurs besoins, le SMTU promet, en revanche, « de continuer à travailler sur les lignes et les arrêts ». Quelques modifications ont déjà eu lieu notamment à Païta. « Des ajustements tout à fait normaux sur ce type de réseaux », a commenté la direction.

Le SMTU veut par ailleurs développer le service aux usagers qui était insuffisant. Il annonce le renforcement des équipes du service client au 26 00 26, l’identification de plus de trente magasins partenaires pour recharger les pass et l’installation de bornes supplémentaires (Boulari le 21 novembre, l’Université en décembre). Enfin, la boutique en ligne sera fonctionnelle dans le courant du mois.

Sécurité

Les problématiques de sécurité continuent d’être prises très au sérieux. Un travail au long cours a été engagé avec les forces de l’ordre qui ont fait montre de leur présence et procèdent régulièrement à des interpellations en cas de dégradations.

Le SMTU a décidé de ré-élargir l’amplitude horaire des services à 20 h le soir sur l’ensemble du réseau, mais il se laisse l’opportunité de la réduire sur certaines zones « si un danger pour les usagers ou les personnels venait à se poser ». (Cela s’est malheureusement produit dans la semaine : trois incidents sont survenus à La Coulée, Dumbéa-sur-Mer, Païta et Tanéo a réduit le service à 18 h 30 jusqu’à dimanche). Sur le Néobus, le début du service a été avancé de 5 h à 4 h 30 pour répondre aux demandes. Le collectif d’usagers s’est montré plutôt satisfait de ces annonces rapides. Il annonce la création prochaine d’un syndicat ou d’une association d’usagers des transports urbains.

Durant ses deux premières semaines de fonctionnement, le réseau Tanéo a enregistré 215 000 passagers. 40 000 pass ont été distribués (32 000 sont actifs), ce qui représente plus de 20 % de la population du Grand Nouméa (au dernier recensement).

C.M.