Dans son bulletin épidémiologique de cette semaine, l’Institut de veille sanitaire en Métropole se penche sur les problèmes de surpoids et d’obésité en Nouvelle-Calédonie à partir d’une étude datant de… 2010. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps ?
Etablissement public métropolitain rattaché au ministère de la Santé, l’Institut de veille sanitaire dévoile, dans sa dernière publication, les résultats d’une étude réalisée localement en 2010. Ce baromètre sur le surpoids et l’obésité, initié par l’Agence sanitaire et sociale de Nouvelle-Calédonie, sert de référence à la branche santé du territoire. Il annonce, en effet, que 54,1 % de la population calédonienne, âgée de 18 à 67 ans, est en surpoids (27,7 %) ou obèse (26,5 %). On peut alors se demander pourquoi l’institut n’en parle qu’aujourd’hui, cinq ans après, alors qu’il est en charge des alertes sanitaires et déclenche auprès du ministère de la Santé des missions propres à certaines pathologies, mesures et financements à la clé.
Rien depuis 2010
Si le problème de l’obésité et du surpoids en Calédonie, décrit comme un véritable fléau, n’a donc jusqu’alors pas suscité un intérêt suffisant par l’institut métropolitain, il faut également savoir qu’aucune autre étude locale et globale traitant de ces maladies n’a été réalisée. Tous les indicateurs se basent donc sur ce baromètre santé d’il y a cinq ans, tout comme les points de situation sanitaire publiés annuellement par la Direction des affaires sanitaires et sociales. Seules des études sur l’équilibre alimentaire géographiquement limitées ont été menées (« Omnibus » en 2011). « C’est une situation tout à fait normale, indique de Dr Megraoua de l’Agence sanitaire et sociale. Les études réalisées pour les baromètres n’ont lieu que tous les cinq ans et une étude sur l’obésité et le surpoids est en cours de réalisation. » Quant à l’intérêt de la métropole sur la condition de ces maladies, le médecin maintient que « la problématique calédonienne passe sûrement après d’autres sujets. » Ce qui ne ravit pas les professionnels de la santé. « Comment peut-on avancer médicalement sur la problématique, trouver des solutions et mettre en place des moyens pour arriver à enrayer l’obésité, le surpoids et toutes les maladies qui en découlent telles que le diabète, si le ministère de la Santé n’est pas au courant ? », indique un des membres proches du comité de direction du CHT Gaston-Bourret
Les jeunes intéressent
Si aucune nouvelle étude concernant les adultes n’a été menée depuis 2010, l’Agence sanitaire et sociale s’est, en revanche, penchée sur le surpoids et l’obésité chez l’enfant sur le territoire. Une étude réalisée en 2012 a été menée sur une population d’enfants de 6 ans, 9 ans et 12 ans (nés en 2005, 2002 et 2000) dans les écoles élémentaires et les collèges de Nouvelle-Calédonie. Il s’agit en fait des premières données récoltées sur le thème. 2 734 enfants ont participé et il en ressort que 7,8 % des enfants de 6 ans, 11,4 % des enfants de 9 ans et 20,5 % des enfants de 12 ans sont obèses en Nouvelle-Calédonie. Des enfants qui sont plus à risque de diabète ou des maladies cardio-vasculaires dès l’enfance et à l’adolescence, associées à une augmentation du risque de mortalité prématurée. En ce sens, l’Agence sanitaire et sociale coordonne depuis un programme de prévention des pathologies liées à la surcharge pondérale « Mange mieux, bouge plus ». à préciser enfin qu’un baromètre, le premier concernant l’obésité et le surpoids chez les jeunes, devrait être publié prochainement.