Suite à l’attaque mortelle d’une nageuse dans le lagon de Poé, la Calédonie a un peu perdu la tête. Nos autorités surtout.
La famille de la victime, on la comprend, a appelé immédiatement à des mesures drastiques. Sur les réseaux sociaux, les Calédoniens, on les comprend, ont déversé leurs avis bien tranchés sur chacune des dépêches relatant le sujet. Les médias évidemment ont largement couvert l’événement, tentant d’y voir plus clair sur cette regrettable attaque et sur les décisions plus ou moins raisonnées qui ont suivi. Les experts, sollicités de toutes parts, ont tenté d’apporter leur lumière dans cette cacophonie. Mais ce que l’on retiendra surtout, c’est la gestion pour le moins calamiteuse de l’affaire par les autorités.
Discernement
Cela a commencé par une interdiction de baignade et d’activités nautiques levée très (trop) rapidement, puis rétablie quand on s’est rendu compte de la présence non pas d’un, mais de plusieurs requins-tigres dans le lagon. Puis la mairie n’a pas obtenu un survol de la zone après l’attaque et a dû faire appel à un ULM… par ses propres moyens… Une fois les requins repérés, les autorités – mairie, province, etc. – ont ensuite jugé bon de lancer une véritable traque. Mais ce qui devait être une « capture » et un « déplacement » s’est transformé en une tuerie d’un squale qui n’était même pas à l’origine de l’attaque, au beau milieu d’une réserve naturelle protégée, dans un lagon inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco.
De ce qui a été communiqué officiellement, le pêcheur réquisitionné « n’a pas été en mesure de capturer l’animal vivant, compte tenu de sa dangerosité ». D’accord, mais pourquoi a-t-il fallu ensuite le « neutraliser » ? L’ouverture de son ventre était-elle si nécessaire à nos recherches ? À vrai dire, on ne comprend toujours pas. Cette « bavure », les autorités en ont sûrement eu honte (on l’espère) à voir l’absence de communication durant deux jours sur le sujet, alors que tout le monde réclamait des réponses… On remarquera que devant le tollé général provoqué par cette tuerie, la Direction de l’environnement a préféré suspendre les actions de capture de requins et ne pas reconduire la dérogation utilisée dans ce sens.
Questions
On comprend que les autorités doivent tout faire pour nous protéger. Mais l’interdiction de la baignade et d’activités n’était-elle pas suffisante le temps des recherches ? Trouvons effectivement ce qui cause cette présence de requins (rejet de nourriture, nourrissage, etc.) et agissons en conséquence. Travaillons sur la surveillance, sur l’interdiction et les sanctions de tels agissements. Mais bon Dieu, ce que nous demandons aux autorités en de tels moments, c’est justement de faire preuve de sang-froid ! La gestion de cette affaire n’est vraiment pas glorieuse pour un territoire qui se revendique soucieux de la préservation de son environnement, sans parler du message transmis à nos enfants.
C.M.