Sous cloche jusqu’en mars 2021

Le gouvernement a décidé de reconduire son dispositif de protection sanitaire contre la Covid-19. La programmation des vols restera limitée encore sept mois, jusqu’en mars 2021, avec une prise en charge des quatorzaines dans les hôtels au moins jusqu’à la fin de l’année.

« Nous sommes encore en situation de crise, assène le président du gouvernement, Thierry Santa. Nous avons la chance de vivre quasiment normalement, comme un petit village de Gaulois, alors que tout autour de nous le monde connaît une recrudescence de la propagation du virus. » Le président de l’exécutif de répéter ce que nous ne savons que trop bien : la Métropole connaît 3 000 à 6 000 nouveaux cas journaliers ; l’Australie a enregistré, lundi, son jour le plus meurtrier depuis le début de la crise avec 41 morts dans le Victoria, et ferme ses frontières jusqu’à mi-2021 ; la Polynésie française a franchi la barre des 500 cas positifs ; la Nouvelle-Zélande espère avoir endigué sa seconde vague avec le confinement d’Auckland… Rien de très réjouissant, en effet.

Appel à la responsabilité

Selon le président, la prolongation du dispositif actuel est la seule solution pour maintenir la situation favorable qui est la nôtre. La programmation des vols restera donc limitée jusqu’au 27 mars 2021, « sauf si la situation évolue favorablement d’ici là », soit un an après l’entrée en vigueur des premières restrictions, le 21 mars dernier.

Nous restons donc à une liaison aérienne hebdomadaire depuis la Métropole, aux rotations hebdomadaires également, avec Wallis-et- Futuna et Sydney (principalement pour les évacuations sanitaires). Des vols ponctuels de rapatriement vont par ailleurs être affrétés dans la zone Pacifique : deux rotations avec la Polynésie française (1er octobre et 3 décembre) pour les personnes bloquées sur les deux destinations, au moins un vol à destination du Vanuatu le 11 novembre et éventuellement un autre, fin septembre.

La planification des vols est toujours contrainte par la capacité d’accueil en quatorzaine dans les hôtels réquisitionnés par le gouvernement, mais également par les capacités sanitaires de contrôle sachant qu’une certaine souplesse doit être gardée pour la gestion d’un éventuel cluster. Il y a actuellement 400 places dans deux établissements, le Méridien et le Château Royal. Décision a aussi été prise de continuer à prendre en charge financièrement ce dispositif, « au moins jusqu’au 31 décembre ». Une enveloppe de neuf milliards pour cette année a été dédiée à ce volet dans le budget supplémentaire de la Nouvelle-Calédonie, qui doit être voté cette semaine et rendue possible grâce au prêt de l’État. Au-delà, la question se posera à nouveau.

À cela va s’ajouter quarante places à l’hôtel Beaurivage au bénéfice du monde économique. Cet établissement de Nouméa, qui a accueilli les 73 travailleurs chinois arrivés pour le démantèlement du Kea Trader, le 6 août dernier, à la charge de l’armateur, a proposé de continuer à commercialiser ses chambres aux entreprises pour l’accueil de professionnels. Ces derniers seront également soumis à un isolement strict et à un test PCR en fin de séjour, et seule cette partie relative au contrôle sera à la charge des autorités. Ce dispositif permettra d’augmenter les capacités dans les avions.

Il est à différencier des courts séjours dédiés à des besoins très spécifiques, à des experts qui font l’objet d’un suivi en journée pour pouvoir travailler sans « perdre » ce temps de quatorzaine. Ce dispositif géré par le gouvernement n’a concerné pour l’instant que trois personnes sur 150 demandes.

Ceci étant clarifié, Thierry Santa en appelle à la responsabilité et au civisme des Calédoniens : « Il n’est pas question de reprendre les voyages d’agrément », il s’agira encore de « répondre uniquement aux besoins particuliers d’urgence ». Et il en sera ainsi « tant que nous ne serons pas sortis de cette crise ». Il a tenu néanmoins à avoir un mot pour toutes les familles qui vivent des situations extrêmement difficiles et sont, par exemple, privées des obsèques de leurs proches. « Le gouvernement essaie de faire de son mieux pour faire face à ces situations particulières ».

Des vaccins à l’étude

L’exécutif assure aussi étudier toutes les possibilités qui pourraient permettre d’alléger le dispositif actuel. Les regards sont tournés en premier lieu vers les cinq laboratoires qui sont en phase d’essai III d’un vaccin afin d’établir des précommandes. « Pour l’instant nous n’arrivons pas à faire notre choix. La France a choisi un laboratoire britannique, peut-être que c’est vers celui-ci qu’on va se tourner aussi. Mais le choix n’est pas arrêté. L’objectif d’une précommande est de pouvoir être servi en premier dès lors qu’un vaccin est commercialisé. La problématique est notamment d’imaginer lequel sortira en premier. »

Le groupe d’experts sanitaires se penche aussi sur les traitements, les différents protocoles de quatorzaine à sept, dix et 14 jours, les tests sérologiques qui permettraient de voir l’ancienneté des contaminations, de libérer plus tôt les personnes ne présentant aucun risque de contagion.

Une veille sanitaire est également de mise sur les pays « Covid-Free » avec qui nous pourrions éventuellement établir des bulles de voyage, comme nous le faisons actuellement avec Wallis-et-Futuna. « On regarde ce qui se passe autour de nous au Vanuatu, à Fidji, en Papouasie Nouvelle-Guinée, en Australie, en Nouvelle-Zélande, précise Thierry Santa. Pour l’instant, seul le Vanuatu est sur une trajectoire intéressante, mais nous manquons encore de certitudes scientifiques sur l’absence de circulation du virus, même si chaque jour qui passe va dans ce sens ». Il faudra aussi voir si la Nouvelle-Zélande arrivera à contenir sa récente flambée. Et si les échanges avec la Nouvelle-Calédonie peuvent leur être également d’intérêt.


Stock stratégique

La Nouvelle-Calédonie disposerait d’environ un million de masques et selon les services sanitaires, elle doit constituer une réserve de quatre millions pour faire face à une éventuelle épidémie. Une enveloppe complémentaire est prévue pour toutes les protections (masques, charlottes, lunettes) dans le cadre du budget supplémentaire de la Nouvelle- Calédonie.


Peu de journalistes pour le référendum

280 personnes au total sont attendues pour le référendum. Les forces de l’ordre sont quasiment toutes arrivées, selon le président. Reste la partie plus administrative, à savoir les magistrats délégués aux commissions de contrôle, et quelques représentants de l’ONU. On sait en tout cas que les journalistes extérieurs ne se bousculent pas au portillon. Quatre demandes ont été faites au haut-commissariat pour couvrir le référendum et deux médias ne sont pas sûrs d’envoyer des correspondants, compte tenu de la quatorzaine appliquée en Nouvelle-Calédonie.


De nouvelles entreprises bénéficient de l’allocation de chômage partiel

Le gouvernement a admis 29 nouvelles entreprises dans son dispositif d’allocation de soutien Covid-19. Elles ne relevaient pas des secteurs économiques visés par l’arrêté du 7 juillet dernier qui couvre la période du 1er juin au 31 août. Le dispositif doit être reconduit pour trois mois.

Toute situation d’urgence doit être signalée auprès du centre opérationnel du gouvernement à cette adresse : arriveedepartnc@gouv.nc

C.M.