Soins et solidarité : récit d’une infirmière du Médipôle

« Je suis une infirmière puéricultrice travaillant auprès des enfants au Médipôle à Nouméa. Je suis arrivée en Nouvelle-Calédonie il y a un an. J’ai fait le choix de m’installer ici avec mon conjoint pour plusieurs raisons : une expérience professionnelle enrichissante, un cadre de vie idyllique et un territoire accueillant et sécuritaire. Je n’ai jamais ressenti la moindre hostilité. Au contraire, lorsque nous allons en tribu nous sommes extrêmement bien accueillis. Toutes les cultures se mélangent dans la paix et la bienveillance.
La situation à laquelle nous faisons face depuis maintenant deux semaines est inattendue. Je n’étais pas au travail mais à mon domicile lorsque les manifestations ont démarré. Au départ nous pensions qu’il s’agissait de manifestations pacifistes, comme nous l’avons déjà connu. J’ai vite pris conscience de l’ampleur de la situation quand mes collègues ne pouvaient plus rentrer chez elles à cause des blocages.
Le premier sentiment est la peur : sommes-nous en sécurité ? C’est alors que la solidarité entre voisins se met en place. Nous avons organisé des rondes afin de protéger notre quartier. Les nuits étaient courtes et stressantes.
Ma priorité à ce moment-là était de savoir comment je pouvais rejoindre mes collègues afin de les relayer. La route était inaccessible et trop dangereuse. J’ai réussi à me rendre à l’hôpital le jeudi suivant le début des manifestations. J’ai fait partie des premières navettes bateaux organisées. J’étais heureuse de pouvoir retrouver mes collèges, qui avaient pour certaines enchaîné 5 gardes de 12 heures consécutives (le maximum étant de 3 gardes). À l’arrivée beaucoup de joie et d’émotions. J’ai la chance de faire partie d’une équipe très soudée où l’entraide est de mise. Nous avons su prendre soin les uns des autres et nous continuons encore à ce jour. Notre rôle, en service, est de prendre soin des enfants et de leurs parents. Notre engagement professionnel a été garanti par la possibilité de dormir sur place avec un confort relatif et par l’arrivée de rations militaires pour se restaurer.
Aujourd’hui la situation semble plus apaisée, l’entraide est omniprésente et nous tenons bon pour assurer la continuité des soins. »

Alice (nom d’emprunt), infirmière puéricultrice du Médipôle