Sandrine Gravier : « Chaque année, le niveau est plus haut »

Les voileuses célébraient, samedi dernier, la 10e édition de la No Woman, No Sail. Une compétition exclusivement féminine sur des Elliott 6 qui a trouvé sa place dans le calendrier, selon Sandrine Gravier, la présidente de l’association Défi des filles, qui coorganise l’événement avec le Cercle nautique calédonien.

DNC : Comment est née la No Woman, No Sail ?

Sandrine Gravier : En 2009, on a créé l’association Défi des filles, car on avait acheté un bateau de régate avec pour objectif de réunir un équipage 100 % féminin. L’idée de base, c’était donc d’attirer des femmes autour de la voile sportive. Mais on s’est rendu compte que si on voulait élargir le cercle de participantes, il fallait organiser quelque chose de plus. C’est comme ça qu’on s’est rapproché du CNC pour créer la No Woman, No Sail.

La voile est donc une discipline masculine ?

C’est un sport qui est assez physique ou, en tout cas, perçu comme tel. Et je pense que les femmes n’osent pas intégrer un équipage à cause de cela. Ainsi, on ne voit pas beaucoup de femmes en compétition. Mais nous, notre démarche, c’est justement de dire qu’il y a plein d’autres choses que le physique qu’on peut valoriser en tant que femmes. On voit quand on navigue, par exemple, qu’il y a plus de solidarité et d’entraide entre filles. Et au final, en termes de performances, on y arrive, mais par d’autres moyens. Par ailleurs, au fil du temps, on constate qu’il y a de plus en plus de femmes qui prennent une licence. Aujourd’hui, des filles qui ont commencé par la No Woman, No Sail, puis continué à s’entraîner, se retrouvent dans d’autres compétitions comme les régates du mercredi et du samedi.

À quoi ressemblait cette course en 2011 ?

Elle était pareille qu’aujourd’hui, car on a gardé la même recette. C’est-à-dire une régate, une vraie course et pas une journée de balade. Même si on garde un aspect convivial. On commence la journée avec un petit-déjeuner et des échauffements. Et pour clôturer la compétition, le soir, il y a toujours un cocktail avec un petit concert. En fait, ce qui a changé, c’est le niveau des concurrentes.

C’est-à-dire ?

Quand on a commencé, les filles s’inscrivaient individuellement et beaucoup ne savaient pas vraiment naviguer. On mettait d’ailleurs des tuteurs sur le bateau pour les novices, afin d’assurer leur sécurité. Cette année, même s’il y de grands écarts de niveau, tous les équipages sont autonomes. Et puis, ils arrivent déjà constitués et préparés. Il y a une réelle dynamique et le niveau est clairement plus haut. Déjà ça, c’est une réussite.

Comment se présente l’avenir de cette compétition ?

Pour cette dixième édition, on avait l’idée d’élargir la course à d’autres supports que l’Elliott 6, donc à d’autres clubs. On pensait pouvoir intégrer les catamarans, les kitesurf ou les Optimist. Mais la crise sanitaire est venue perturber nos plans. Je ne sais pas si la No Woman, No Sail se fera un jour avec cette formule, mais on garde cette idée en tête.

Et pour votre association, Défi des filles ?

On a beaucoup d’autres projets puisqu’on navigue toute l’année sur notre bateau, le Blue Dude. On avait participé, il y a deux ans, à la Groupama Race et on vise la prochaine. Elle devait se dérouler cette année, mais a été reportée d’un an à cause de la Covid-19. Notre ambition, c’est de faire un résultat. On n’y va pas pour faire acte de présence.


Les Guilty Girls s’imposent

Quatre premières places et deux deuxièmes en six manches. L’équipage Guilty Girls s’est montré intraitable face à la concurrence, samedi, sur le plan d’eau de la baie de l’Orphelinat, lors de la No Woman, No Sail. Les 4 Mid-âge arrivent en deuxième place, grâce notamment à trois victoires de manches. Eh ! Les potins viennent compléter le podium. En tout, ce sont 15 équipages de quatre voileuses qui se sont affrontés dans une régate de six manches pour cette 10e édition. Une compétition qui s’est déroulée sur des Elliott 6, des monocoques de 6 mètres.

A.B. ©A.B.