Ruamm : Agissons solidaires va veiller au grain

Les membres d’Agissons solidaires lors de la séance au Congrès. / © A.-C.P.

Si le collectif reconnaît une belle avancée dans la loi qui a été votée, il n’en reste pas moins inquiet sur la décision de limiter les abattements de charges à un seuil maximum de 2 SMG (salaire minimum garantis) pour les secteurs aidés. Il réaffirme sa volonté d’être toujours associé dans la suite des discussions qui s’annoncent cruciales avec la négociation des taux de cotisation.

Ils ont gagné une bataille mais pas la guerre. Les membres d’Agissons solidaires, collectif qui regroupe les organisations patronales (Medef, CPME et U2P), les chambres consulaires (CMA, CCI, CAP) et le Syndicat des rouleurs du BTP, sont ressortis de la séance du Congrès avec des sentiments mitigés, jeudi dernier.

D’un côté, ils sont « globalement » satisfaits. Car pour un dossier aussi important, « qui concerne la santé de tous les Calédoniens », la « responsabilité du monde politique » l’a emportée en votant ce texte à l’unanimité. « C’est une bonne chose quand on sait qu’il y avait un tel désaccord sur le sujet », rappelle Jean-Christophe Niautou, membre du collectif et président de la Chambre d’agriculture et de la pêche.

L’autre source de satisfaction repose sur les différentes propositions d’Agissons solidaires qui ont été prises en compte. C’est le cas de l’abrogation de l’article prévoyant la suppression des aides aux secteurs aidés et RBS (Réduction sur les bas salaires). « Un vrai soulagement. » Même chose en ce qui concerne l’homogénéisation des taux de cotisation, qui n’apparaît plus tel quel dans l’intitulé. On parle désormais de modernisation. « Ça ouvre la possibilité de fixer des taux différenciés », précise Mimsy Daly, membre du collectif et présidente du Medef-NC. Ils regrettent cependant plusieurs décisions.

INQUIÉTUDES SUR LES SECTEURS AIDÉS

La première : le principe « d’homogénéisation des droits » des travailleurs indépendants avec ceux des salariés et fonctionnaires qui a été adopté. « Nous avons toujours souligné que c’était probablement une mesure risquée en termes de dépense, et nous avons officiellement demandé à ce que des évaluations et, en tout cas, un bilan des impacts, soit fait le plus tôt possible », explique Mimsy Daly.

Deuxième inquiétude : les abattements de charges limités à un seuil maximum de rémunération de 2 SMG bruts pour les secteurs aidés au lieu de 3 SMG, comme il avait été question lors des négociations. « On a été très surpris de voir que le seuil avait été modifié sans consultation des professionnels », signale Mimsy Daly. « Nous avions des raisons bien précises de les aligner sur 3 SMG. Le secteur agricole a besoin de cadres et d’experts, on ne peut pas les payer à 2 SMG », insiste Nicole Moreau, membre du collectif et présidente de la CPME-NC.

Pour Jean-Christophe Niautou, il faut revenir à la charge sur ce point. « On risque de perdre des compétences qui sont fortement nécessaires pour les secteurs concernés, en particulier l’hôtellerie en Brousse et l’agriculture. Il nous faut des compétences aussi de manager. Comment on fait pour les conserver si on a plus les moyens de les payer ? ».

NÉGOCIER DES TAUX « ACCEPTABLES ET SOUTENABLES »

Ce premier acte passé, reste la prochaine étape et pas des moindres : la négociation des taux de cotisation. Les membres du collectif souhaitent encore être entendus et engagés dans les discussions. « Nous ferons en sorte de négocier des taux qui soient acceptables et soutenables pour les travailleurs indépendants », déclare Jean-Christophe Niautou. « Il faut se pencher de façon très technique sur les coûts et la capacité des travailleurs indépendants de régler ces cotisations », indique Mimsy Daly.

La vigilance est donc de mise pour la suite. « Ce qui s’est passé avec le SMG nous appelle à la prudence. Toutes les décisions doivent faire l’objet d’une concertation avec les acteurs concernés », rappelle Mimsy Daly. Les travailleurs indépendants « feront leur part de l’effort » mais pas « de manière inconsidérée comme c’était prévu à la base », annonce Jean-Christophe Niautou. Le travail est encore loin d’être terminé pour le collectif. « Si on est obligé de redescendre dans la rue, on redescendra dans la rue », prévient Nicole Moreau.

Edwige Blanchon

L’avis de Christophe Coulson, président du syndicat UT CFE-CGC

© A.C-.P.

« En attendant la délibération d’application, on est satisfait [du texte] car ça reprend bien l’ensemble des travaux qui ont été faits par le groupe de travail et la commission spéciale.

On retrouve les grands principes qui avaient été posés sur la table. Maintenant, on restera vigilant. Il y a un premier pas qui a été franchi avec tous les revenus au-dessus de 2 SMG qui ne pourront plus avoir de compensation.

Il reste quand même un travail à faire dans certains secteurs, par exemple ceux de l’agriculture. Aujourd’hui, des entreprises entrent dans le champ des entreprises agricoles alors qu’elles n’ont pas lieu d’être. On souhaite approfondir ce travail avec les personnes concernées. Nous, on reste sur le taux unique pour tous.

On avait toujours dit que s’il fallait discuter des secteurs aidés, il n’y avait pas de souci. S’il faut des compensations par exemple pour les petits travailleurs indépendants. Mais il n’y a pas lieu de tenir les compensations pour tous les travailleurs. Il faut aussi qu’on rediscute des réductions sur les bas salaires. »

 

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