Les 54 élus du Congrès renouvelleront la présidence de l’assemblée mercredi 30 août. Sans consensus de tous les autres groupes politiques, les indépendantistes devraient une nouvelle fois conserver l’institution.
Sauf surprise, le Congrès restera aux mains des indépendantistes. Sauf surprise, Roch Wamytan gardera le perchoir de l’assemblée législative le mercredi 30 août. L’élu UC de 72 ans se présente une septième fois depuis 2011, dont cinq fois à sa propre succession. « Il peut y avoir des surprises dans toutes les élections », s’amuse- t-il, tout en se disant « confiant ».
Le président indépendantiste du Congrès désire poursuivre les travaux menés depuis 2019 sous sa mandature, notamment l’évaluation de l’institution lancée en 2020 par une commission d’experts internationaux. « Il y a encore du boulot pour terminer le plan de rénovation et de projection du Congrès. Je veux l’emmener jusqu’au bout », explique-t-il. Après avoir été confirmée par l’Union calédonienne, la validation de sa candidature par le FLNKS devrait normalement signer sa septième victoire. Simple question d’arithmétique.
Les nouveaux noms des uns et les alliances rompues par les autres n’ont pas véritablement modifié le tableau depuis les élections provinciales de 2019. La perspective du scrutin de 2024 ne devrait pas non plus chambouler un résultat que certains jugent couru d’avance.
La répartition des sièges laisse imaginer une large majorité au leader indépendantiste. Sa candidature devrait être soutenue par les 13 membres du groupe UC-FLNKS dont il fait partie, les 11 conseil- lers de l’Union nationale pour l’indépendance (UNI) et les deux élues indépendantistes sans étiquette (Kadrilé Wright du Parti travailliste et Marie-Line Sakilia écartée du groupe UC-FLNKS en 2021). Cela fait un total confortable de 26 voix face auxquelles des non-indépendantistes affirment avoir « zéro chance de gagner ».
« ENVIE D’Y CROIRE »
En face, la candidature de Naïa Wateou (Loyalistes) ne pourrait compter que sur 19 voix, les 12 de son groupe et les 7 du Rassemblement. « J’ai envie d’y croire, soutient l’élue de la province Sud. Je suis fière d’incarner cette image d’unité. » La troisième vice-présidente du Congrès souhaite initier « une nouvelle dynamique » et « définir un cap » pour le dernier exercice de la chambre avant les provinciales. Cette alliance, déjà nouée pour les sénatoriales, mise sur les votes de Calédonie ensemble (6 sièges) dans le but de restaurer « l’équilibre des institutions », entre le Congrès et le gouvernement. « Ma candidature est un signe d’unité qui doit dépasser [les Loyalistes et le Rassemblement], défend Naïa Wateou. On a su s’entendre lorsque c’était nécessaire. »
Se positionner officiellement ne serait pas encore une « urgence », répond Calédonie ensemble plutôt intéressé par le Sénat. « Il ne fait guère de doute que M. Wamytan va retrouver son perchoir, malheureusement », rétorque Philippe Michel, président du groupe au Congrès. Même avec ce soutien, la suppléante du député Philippe Dunoyer (Calédonie ensemble) n’obtiendrait que 25 voix. Tous les yeux se tourneraient alors vers l’Éveil océanien qui détient le pouvoir de faire basculer le scrutin.
Le parti de Milakulo Tukumuli cultive un entre-deux, sorte de troisième voie entre l’indépendance et le maintien dans la France résumée par la formule laconique : « non, pas maintenant ». En 2021, il avait laissé entendre qu’il soutiendrait une candidature non-indépendantiste unique. En 2022, les trois élus avaient finalement préféré Roch Wamytan à Gil Brial (Loyalistes-Calédonie ensemble-Avenir en confiance), choisissant la « stabilité institutionnelle » pour assurer la poursuite de « réformes urgentes », notamment fiscales.
L’idylle, actée par un accord 2022-2024, a volé en éclats deux semaines après, à la suite de dissensions avec l’UNI. À cinq jours du renouvellement, l’Éveil océanien ne souhaite pas se prononcer. Depuis juin, le parti a perdu une élue. Maria-Isabella Saliga-Lutovika a notifié sa volonté de siéger sans être rattachée à une formation politique. Pour qui ira la voix de l’ex- membre de l’Éveil océanien ? Suivra-t-elle ses deux anciens collègues ? Et eux, pencheront-ils pour les indépendantistes ou leurs adversaires ? En coulisse, discussions et tractations s’enchaîneraient. Les deux camps chercheraient à s’assurer les services de ces faiseurs de roi. « Pour le Congrès, on sait très vite si c’est cramé ou non. Tout va se définir dans les jours à venir », reconnaît Naïa Wateou. Si ce n’est à la dernière heure.
Brice Bacquet
SCRUTIN
La présidence du Congrès est réélue chaque année
à la majorité absolue aux deux premiers tours. Un troisième tour est organisé si personne n’a rassemblé plus de la moitié des votants. Le candidat ou la candidate obtenant le plus de voix l’emporte.
L’institution renouvelle par la même occasion son bureau, sa commission permanente, ses commissions intérieures et ses représentants au sein des organismes extérieurs.
Les différents membres sont élus lors d’un scrutin proportionnel. Les listes doivent être déposées au moins 24 heures à l’avance.