Quelle évolution pour les dispositifs de chômage ?

Vendredi 31 janvier, les membres du gouvernement Thierry Santa et Christopher Gygès ont reçu les partenaires sociaux afin d’évoquer la possible modification des chômages partiel et de droit commun. (© A-C.P)

Le financement du chômage total de droit commun n’est assuré que jusqu’à fin février et le chômage partiel exaction doit s’arrêter fin mars. Le gouvernement invite les partenaires sociaux à réfléchir à une modification des outils existants.

 

  • DES DÉPENSES RECORDS

Lors d’une réunion entre Christopher Gygès, membre du gouvernement en charge de l’économie, de l’emploi et du travail, Thierry Santa, en charge du budget et des comptes sociaux, et les représentants des syndicats et des organisations patronales, vendredi 31 janvier, des représentants de la Cafat ont fait un point sur les dispositifs de chômage.

En cumulé, au 28 janvier, 22 650 salariés ont bénéficié du chômage partiel exaction, pour un coût de 11,6 milliards de francs, 1 848 personnes ont touché le chômage total exaction, ce qui a représenté une dépense de 2 milliards, et 586 employés ont reçu le chômage partiel nickel, pour 149 millions. Le montant des indemnisations liées au chômage total de droit commun a doublé entre les mois de mai et de décembre (4 869 chômeurs) pour atteindre un total de 6,6 milliards de francs en 2024.

  • 21 MILLIARDS DE FRANCS

Les services de la Cafat estiment qu’il faudrait 21 milliards de francs environ en vue de prendre en charge ces outils en 2025. Et évaluent qu’au moment de la fin du chômage partiel exaction, que ce soit en avril ou en juillet (s’il était prolongé jusqu’en juin), 66 % des bénéficiaires basculeraient vers un autre dispositif (droit commun ou total exaction). Or, une seule chose est actée, souligne Christopher Gygès : « le financement du chômage partiel avec des reliquats de l’ordre de 1,2 milliard jusqu’au mois de mars » qui concernait, selon les derniers chiffres consolidés, un peu plus de 3 000 personnes en octobre. Le chômage total de droit commun, lui, manquerait de trésorerie dès la fin de ce mois.

  • DANS L’ATTENTE

Les financements ne sont pas au rendez- vous pour l’instant. L’État n’a pas versé les 9 milliards attendus, « parce que la réforme de la TGC a été considérée comme insuffisante », note Christopher Gygès. Le représentant assure cependant que Paris « a annoncé qu’il y aurait un accompagnement sur la partie chômage. Il doit être défini au cours d’une prochaine rencontre avec les services de Bercy ».

L’objectif ? Recevoir de quoi tenir jusqu’à l’adoption du budget national 2025, qui prévoit un prêt garanti à hauteur de 119 milliards de francs. Sur cette somme, développe Thierry Santa, 46 milliards serviraient à rembourser les avances reçues l’an dernier, laissant la Nouvelle-Calédonie disposer de 73 milliards. « Sur trois ans, mentionne le membre du gouvernement. C’est une demande exprimée par le partenaire État. »

Une nouveauté, visiblement, par rapport à ce qui était prévu dans un premier temps, lors de la négociation du prêt en novembre, alors envisagé pour un an. Pas sûr que cela permette de boucler le budget. « C’est le début des discussions, informe Christopher Gygès. On agit afin d’avoir les moyens suffisants pour le faire. » À ce stade, « aucun arbitrage ministériel n’a été rendu », indique le haut-commissariat. Le sujet est sans nul doute abordé à Paris dans le cadre des rencontres sur l’avenir institutionnel.

  • MODIFICATION

Dans ce contexte, le gouvernement a demandé aux partenaires sociaux de se pencher sur la révision éventuelle des dispositifs existants. Une démarche saluée par les syndicats, qui ont jugé l’initiative « constructive », considère Fidel Malalua, 2e vice-président de l’USTKE.

Une méthode de travail a été mise en place. Syndicats de salariés et organisations patronales doivent se retrouver au sein d’une commission ad hoc pour discuter de leurs souhaits, avant de revoir le gouvernement dans moins d’un mois afin de « porter une décision commune », explique Steeve Teriitehau, secrétaire général de la Fédération des fonctionnaires. Les syndicats défendent la prolongation du chômage partiel exaction jusqu’en juin, ainsi que la remontée du taux – abaissé de 70 % à 50 % – à son niveau initial.

Les besoins à venir sont difficile à évaluer. Rien que dans le secteur du bâtiment, selon une estimation réalisée en janvier, « 75 % des entreprises prévoient une réduction de 40 % de leurs effectifs », déclare Benoît Meunier, président de la FCBTP. Sans compter que « des plans de licenciement lancés en novembre vont être effectifs en mars ».

Il presse l’État d’accélérer le pas concernant la reconstruction des bâtiments publics. « Nous n’avons aucune nouvelle de la liste que les communes ont donnée le 17 novembre. » La relance de l’emploi, c’est ce que veut aller chercher Christopher Gygès. « La vraie réponse au dispositif chômage va être la reprise économique. On travaille sur des simplifications, notamment concernant les chantiers, à favoriser le retour d’investisseurs et à un retour de la consommation. »

Anne-Claire Pophillat