La Nouvelle-Calédonie continue de souffrir, 26 jours après le début de la violente insurrection. Le couvre-feu a été prolongé jusqu’au 10 juin.
De graves incidents se produisent toujours et la sécurité est loin d’être rétablie partout dans l’agglomération. On l’a vu cette semaine à Dumbéa, où les accès ont été à nouveau entravés accès ont à nouveau été entravés, à Païta et au Mont-Dore, où des populations restent isolées, et dans une moindre mesure à Nouméa, qui fait l’objet d’actions ponctuelles, comme au collège de Tuband. L’intervention des forces de l’ordre paraît très difficile et s’illustre par le nombre de blessés qu’elles recensent, près de 200. Des individus, mobiles, continuent de semer le trouble, d’incendier, d’affronter gendarmes et policiers. 830 environ ont été interpellés, une cinquantaine ont été pour l’heure incarcérés.
Le Médipôle reste désespérément vide faute d’un accès sécurisé. Les médecins ont lancé un appel aux émeutiers : des Calédoniens meurent parce qu’ils ne sont pas soignés. Dans le Nord, la situation est aussi dramatique avec le manque de soignants. L’aérien va visiblement rouvrir progressivement à Magenta et La Tontouta, mais dans quelles conditions ? La voie d’accès à l’aéroport international n’est pas sécurisée. Et pour qui ? Personne pour l’heure n’est en mesure de répondre aux Evasan prévus pour la Métropole. Quant à l’accès à la nourriture, à l’essence, au gaz, il n’est toujours pas donné à tous.
Dans les familles, le monde économique, l’heure est aussi aux comptes. Chacun réalise progressivement les conséquences en cascade des destructions sur l’emploi, le système social… Et comprend que la Nouvelle-Calédonie que l’on connaissait avant le 13 mai n’existera plus.
Le contraste est notable avec les communiqués émanant de nos dirigeants en France qui préfèrent noter les succès comme à Rivière-Salée, espérant le moins de vagues possibles avant le 9 juin et les européennes. Au moins est-il regretté explicitement que la suppression des barrages n’ait été due qu’à l’action de la force publique. Il faut dire que le mouvement indépendantiste au sens large connaît de graves tumultes. Le silence ici est d’ailleurs assourdissant.
Chloé Maingourd